Nous reprenons la Badwater Road en sens inverse...
en continuant en nous émerveiller devant les dégradés de couleur des collines et les effets du Gamin sur la végétation (oui, ben, en fait, ce sont les effets conjugués des pluies d'octobre et du courant chaud El Niño qui sont à l'origine de cette fabuleuse floraison hivernale...)
Et c'est là que je sors ma Phrase du Jour : "il ne faut pas trainer parce que la Vallée de la Mort, ça ferme à 17h30 !"
Je rassure mes lecteurs qui seraient en train d'organiser leur voyage en Californie : la Vallée de la Mort, c'est un parc national, bien évidemment, ça ne ferme pas ! C'est juste le soleil qui se couche à 17h30...
Quoi qu'il en soit, ça affole Norbert : il n'a pas envie de faire un trail en pleine nuit et j'ai prévu plein de sites à voir encore ! Oups, il faut faire des choix, on va donc se contenter d'aller jeter un coup d’œil à Artists Palette...
en empruntant l'Artists Drive Scenic Loop
qui est déjà une merveille...
Arrivés au point de vue, Norbert gare la voiture pile en face et n'en sort même pas : je le soupçonne fortement d'espérer qu'en restant dedans, il va m'inciter à prendre moins de photos (oui, c'est vrai, j'exagère parfois... ) et qu'on va gagner du temps...
Artists Palette
Voici le magnifique résultat d'éruptions volcaniques répétées qui, il y a plus de 5 millions d'années, ont déposé de la cendre et des minéraux juste pour qu'on puisse venir régaler nos yeux...
On trouve ici du fer, de l'aluminium, du magnésium, du titanium, de l'hématite rouge et de la chlorite verte.
Bon, on n'est pas là pour rigoler, on a encore une rando de 1h30 à faire et il est déjà 16h...
Donc nous voilà au départ du Trail du Golden Canyon... l'ombre vous montre que le soleil est déjà très bas... mais encore très chaud !
On comprend assez rapidement pourquoi "Golden"...
On marche dans le lit d'un "wash" d'abord étroit puis qui s'élargit en serpentant entre des roches découpées dont les couleurs vont du jaune au bordeaux en passant par le vert...
Il était vraiment temps d'entreprendre la rando car l'ombre gagne rapidement le canyon et je m'inquiète un peu pour le point de vue qui est l'attraction de la fin du canyon... s'il est dans l'ombre, on perdra la moitié de la beauté du site...
Je commence à distancer Martine... rappelez-vous cette information, elle aura une grande importance par la suite !
A l'endroit où il touche la roche, le soleil couchant l'illumine en la parant de doré... le nom du canyon prend tout son sens.
Et voici qu'apparaissent les formations de Red Cathedral qui marquent la fin du trail... ouf, elles ne sont pas dans l'ombre ! (pour prendre la mesure de la dimension : les petites tâches noires au fond à droite, ce sont des humains...)
C'était quand même juste parce qu'au fur et à mesure que je m'en approche, l'ombre monte... et les couleurs changent, passant du rouge à l'ocre orangé...
C'est toute seule que j'atteindrai la fin du trail ...
alors que Red Cathedral devient jaune d'or... magique !
Et voici donc le sketch du jour ! En fait, durant le trail, on s'est désolidarisé progressivement : mes deux compatriotes sont plus fatigués que moi, il paraît qu'un moteur diesel humain s'est mis en route dans la chambre à 3h du matin la nuit dernière... moi je sais rien, j'ai bien dormi ! (C'est bien là le problème ) Donc je perds d'abord Martine puis Norbert... puis en redescendant de Red Cathedral, je retrouve Norbert mais point de Martine... c'est à deux que nous faisons le chemin du retour jusqu'à la voiture... et là, toujours pas de Martine !
On attend 1/4 d'heure, le soleil se couche, pas de réseau pour la joindre, on s'inquiète... Et voilà mon Norbert qui décide que Martine est rentrée à l'hôtel (???????) et qui prend la voiture pour aller vérifier en m'abandonnant sur le parking au crépuscule !
Moi, je me dis qu'elle a dû tomber dans un ravin (qu'il n'y avait pas, bien sûr), je repars donc courageusement faire le trail à la lampe de poche et je tombe sur ma Martine qui s'était paumée... et ne se pressait pas parce qu'elle nous croyait derrière elle !
Et oui, elle avait bifurqué à droite sur le seul cul-de-sac du sentier !
Heureusement, notre Martine avait pris ses précautions cette année : de peur de se perdre sur des trails non balisés, elle avait accroché un sifflet à son sac à dos... elle a juste oublié de s'en servir !
Et nous voilà donc abandonnées seules sur un parking la nuit en plein milieu de la Vallée de la Mort...
...en fait surtout mortes de rire, avec une lampe de poche, un sifflet, une couverture de survie pour deux et une carte bancaire qui en l'occurrence ne servait pas à grand chose ! En plus, pas sûres que Norbert, qui lors de nos voyages ne gère ni le GPS ni la prépa des trajets, retrouve la route avant qu'on soit attaquées par de féroces animaux... En cas, on agite notre lampe de poche dès qu'on voit des phares de voiture sur la route au loin... certaines ralentissent en pensant sûrement qu'on fait du racolage !
Finalement, il nous rejoint, lui aussi plié de rire : il n'a même pas réussi à rentrer dans la chambre pour y vérifier la présence de sa sœur ! Non seulement il ne se souvenait plus du numéro mais en plus il a essayé d'ouvrir toutes les portes du palier avec la carte de visite de l'hôtel au lieu de la carte magnétique de la porte !
Du coup, revenus à Furnace Creek, on s'est répandus dans nos lits avec une bonne Bud mais on n'avait plus du tout envie de ressortir !
La phrase du jour de Martine : "Mais pourquoi il est allé à l'hôtel ? Il va pas me trouver !" (C'est à partir de là que le fou-rire est arrivé...)