La photo du jour
Un appel au secours de Norbert qui n'en peut plus de voir des arbres...
... ce qui va m'obliger à supprimer pas mal de trails prévus dans les "groves" de la forêt des parcs de Redwoods : veux pas prendre le risque d'une hospitalisation en urgence pour overdose, moi ! Cela dit, les sentiers forestiers ne sont pas les seules étapes du programme qui vont être supprimées aujourd'hui...
Car voici la vue de notre chambre ce matin ! Oups ! Bienvenue en Californie du nord ! Du coup, on décide de zapper les visites prévues du Samuel Boardman State Scenic Corridor et ses belles curiosités naturelles (Arch Rock, Natural Bridges, Secret Beach, Lone Ranch Beach...) Dommage, il faudra revenir !
Surtout que, comme nous l'avions déjà remarqué au Canada, il suffit de s'éloigner de la côte pour retrouver le soleil !
Carte Jedediah Smith et Del Norte Coast Redwoods State Park
Nous commençons notre découverte du parc d'Etat Jedediah Smith Redwoods (accès gratuit) par le Simpson-Reed trail. Comme vous risquez, vous aussi, de faire une indigestion d'arbres avec mes photos, je vais en profiter pour distiller quelques infos sérieuses...
Le Redwood National Park (qui intègre 3 State Parks) a été créé en 1968 (et agrandi en 1978) pour protéger les sequoias de l’abattage intensif pratiqué par les bûcherons : aujourd'hui, seuls 5% des plus anciennes forêts de Redwood côtiers restent préservées. (Bon, je ne suis pas sûre que Norbert aurait supporté un pourcentage plus élevé !)
Le sequoia Redwood fait partie des plus vieux arbres de la planète (l'espèce est apparue il y a 160 millions d’années, à l'âge des dinosaures). Aujourd'hui, on les trouve seulement le long de la côte de Californie, où existent des conditions idéales : pluie et brouillard pendant toute l'année (on confirme pour le brouillard) et climat tempéré car les Redwoods côtiers ne peuvent pas résister à la sécheresse et aux températures extrêmes. (Bon cela dit, aujourd'hui, c'est beau soleil sur la forêt... d'ailleurs les divers appareils photos ont beaucoup de mal avec la gestion ombre/lumière ! Comme mes conducteurs sur la route, en fait...)
Le Redwood doit son nom à son écorce rouge foncé. C'est l'arbre le plus haut du monde. Certains spécimens sont plus hauts qu'un immeuble de 30 étages et une poignée dépasse même les 110 mètres. Le tronc peut atteindre 7 mètres de diamètre (4 à 6m généralement). Les Redwoods peuvent vivre plus de 1000 ans (un des séquoias de cette région a atteint plus de 2200 ans !), mais la moyenne est de 500 à 700 ans.
Cette durée de vie exceptionnelle est due à leur résistance aux maladies et aux incendies. Ces arbres bénéficient d'une écorce protectrice et d'une forte teneur en tanin qui empêche l'invasion de la moisissure et des insectes. Mais leurs racines ne s'enfoncent pas très profondément dans le sol (de 2 à 4 mètres seulement) et les vents forts les font tomber.
Ce qui crée des sculptures florales très décoratives ! A ce stade du reportage, et parce que maintenant on se connait bien, je ne peux m'empêcher de vous livrer la poétique Phrase du Jour de Martine : "et bien moi, ça me fait penser à un trou de balle !"
Le tronc en décomposition fait partie intégrante de l'écosystème de la forêt. Il est souvent recouvert de mousse, champignons, lichens et fougères.
Il arrive qu'en cas de sécheresse, le haut des séquoias meure sans que le reste de l'arbre ne dépérisse. Des troncs secondaires, appelés réitérations, peuvent produire un autre individu à partir du même arbre. Parfois, certaines pousses partent directement du tronc qui s'est écroulé (on parle de "nurse logs" /"troncs nourrices")
Avec l'âge, des excroissances peuvent se former...
...très vite parasitées par d'autres plantes !
Par endroit, c'est un beau bazar !
Cette forêt a servi de décor pour de nombreux films dont "Le retour du Jedi", "Jurassic Park", "La Vallée des Géants" ou "E.T."
Quant à nous, on en profite pour faire notre gymnastique matinale...
travail des cervicales et souplesse des genoux...
escalade...
pole dance...
abdominaux...
étirements...
...on finit par avoir mal au dos !
On reprend la voiture pour rejoindre notre deuxième trail
J'avais zappé dans ma prépa que ce trail était accessible par une piste... très poussiéreuse, accidentée, envahie de racines et de troncs qui empiètent dangereusement sur la voie, avec une alternance ombre/lumière psychédélique... c'est Martine qui conduit et je peux vous dire que ça la glutenne grave ! (voir glossaire...)
J'entends pester et grommeler pendant tout le trajet et la voiture fait des embardées de justesse pour éviter les troncs d'arbres (évidemment, entre le stroboscope et la poussière, on ne voit rien ! It's quite fun !)
Vous comprendrez mieux en voyant l'état de la voiture à l'arrivée...
Et c'est reparti pour une petite piqure d'arbres !
ici, c'est moins fouillis, mais les arbres nous semblent encore plus hauts...
L'écorce est vraiment très belle
Même quand le cœur de l'arbre est touché par le feu, il continue à vivre et grossir, ce qui montre l'exceptionnelle résistance des séquoias.
La cavité creusée par les flammes est appelée Goose Pens ("parc pour les oies") parce que les premiers explorateurs s'en servaient pour garder leurs volailles (si, si ! J'écris souvent des bêtises, mais là c'est vrai !)
Ici aussi des arbres écroulés dont on ne voit pas la fin...
Ils sont laissés sur place, on taille dans le tronc pour permettre le passage des promeneurs...
et leur base présente toujours de magnifiques corolles...
Sans parler des diverses sculptures naturelles...
...c'est du land art !
On y a même reconnu un gorille !
Et quand l'appareil photo a du mal à gérer le clair/obscur... ça fait des œuvres d'art !
Cherchez Charlie !
Pour se reposer les yeux, on va ensuite faire un petit tour à Crescent City où Norbert nous emmène jusqu'au bout de la jetée pour essayer d'oublier tous ces arbres...le trail n'était pas prévu au programme !
En plus, il est très engageant ! (en gros, les vagues sont mortelles et la jetée n'est pas sécurisée...)
Une très jolie mise en abîme prise par Norbert (oui, il a retrouvé son appareil photo !) qui met doublement en valeur le Battery Point Lighthouse.
On profite des doux cris de la faune maritime locale...
et d'Objets Flottants Non Identifiés dont Martine décidera que c'était des loutres... malheureusement, le zoom de mon apn ne pardonne pas !
Ah ben... déjà disparu le phare ! Le spectacle est terminé !
Nous montons jusqu'au Crescent Beach overlook pour notre pique-nique...
Donc, très bel overlook sur le brouillard ! (on se réjouit de ne pas avoir eu ça sur la côte de l'Oregon !)
Heureusement qu' ils mettent un panneau pour nous montrer ce qu'il y avait à voir !
Les alentours sont jolis, la végétation se découpe bien sur le brouillard...
Petite promenade digestive à Lagoon Creek, sur le Yuroch Loop Trail.
Partout des panneaux informatifs d'alerte...Il faut savoir que toute la côte est soumise à des pressions tectoniques et que durant les années 1990, plus de neuf tremblements de terre d'une magnitude supérieure à 6 sur l'échelle de Richter ont été recensés le long de la zone de failles. Le risque de gros séismes doublés de tsunamis et d'éruptions volcaniques est permanent...
Pour motiver Norbert, je lui avais promis qu'il ne verrait plus d'arbres...
...c'était une blague !
Heureusement, on débouche vite sur une petite anse (False Klamath Cove)
Ambiance Goonies...
Au secours, le brouillard revient !
Et en plus il ne fait pas très chaud !
Carte de Prairie Creek Redwoods State park
On quitte la 101 pour emprunter la Newton B. Drury Scenic Parkway, promenade en voiture qui traverse le parc d'Etat de Prairie Creek sur 18 km parmi de très anciens redwoods.
Big Tree Wayside est situé le long du Parkway,
C'est un redwood côtier immense : 6 mètres de diamètre pour 93 mètres de hauteur.
Ce parc est réputé aussi pour ses "Elk Meadows" (prairies peuplées de cerfs)... Bien cachés dans les hautes herbes, on n'apercevait que le haut des bois...
... mais il a suffit que je pousse quelques meuglements bien sonores pour qu'ils lèvent la tête ! (il n'y a pas qu'eux qui ont levé la tête d'ailleurs, j'ai étonné plusieurs touristes asiatiques...)
Ce soir, la grosse boulette de notre périple : un peu fatigués, les courses à faire, les photos à télécharger, le brouillard... et voilà que j'oublie qu'Eureka est une ville à visiter avec moultes Ohlala victoriennes comme on les aime...
Pfff, voilà notamment ce qu'on a raté ! Il faudra revenir avant qu'un séisme-tsunami-éruption détruise tout !
(Heureusement demain matin, on va se régaler à Ferndale...)