La photo du jour
Nous qui adorons tout ce qui ressemble à du vitrail ou du verre coloré... là, nous sommes carrément tombés en pâmoison !
Comme promis, réveil de bonne heure pour profiter de cette journée consacrée à la visite des grandes et célèbres plantations du Sud... ah ben non ! Ce matin, le ciel nous tombe sur la tête ! Nuages bas, vue bouchée, trombes d'eau... quand ça pleut ici, ça ne plaisante pas ! Impossible d'envisager d'aller voir des allées de chênes centenaires et des demeures coloniales dans ces conditions... il nous faut changer nos plans...
On va quand même récupérer notre voiture chez Avis : une madame très avenante en profite pour nous pigeonner en nous faisant payer le deuxième conducteur alors que j'apprendrai plus tard que c'était compris dans le forfait... Sûrement prise de remords après coup (mouais), elle va nous surclasser en nous donnant un véhicule de 2 catégories supérieures à celle que nous avions choisie !
Cette année, pas d'achat de glacière rigide, on a juste emporté une glacière souple... sans les bières de Martine à caser, on a plein de place !
Après une rapide réflexion, nous décidons de privilégier la visite des musées et de nous rendre directement à Baton Rouge, prévu normalement dans 3 jours : on traverse les bayous sur des grands ponts et on ne voit absolument rien des paysages...
On ne distingue même pas la route d'ailleurs ! Beaucoup de voitures sont parquées le long de l'Interstate mais nous, même pas peur... on roule ! Pas vite, mais on avance... avec des conditions de circulation exécrables qui vont durer toute la matinée... pas faciles ces 130km à l'aveugle pour le premier jour de mon chauffeur !
Mais à midi, fin de l'apocalypse... la pluie s'arrête pile pour nous permettre de sortir de la voiture à Baton Rouge. Le secteur est tout en travaux et il n'y a personne aux alentours... Norbert s'inquiète un peu pour notre belle voiture qu'on abandonne toute seule dans une rue sans aucun autre véhicule à l'horizon...
Baton Rouge, vue ici du pont métallique qui surplombe la Mississippi River et ses bateaux-à-aubes, est la capitale de la Louisiane depuis 1849, elle abrite donc le Capitole de l’État et les bureaux du gouverneur. Comme tous les ports industriels, on ne lui trouve pas beaucoup de charme, surtout si je vous précise qu'elle accueille la seconde plus grande raffinerie de pétrole des USA, ce qui n'est pas vraiment le paysage le plus esthétique...
Par contre, la Governor's Mansion est très belle...
...mais fermée le samedi ! (Dommage, là, on aurait eu le temps de faire la visite...)
Heureusement, malgré le changement de nos plans, notre objectif principal, le Old State Capitol, est ouvert aujourd'hui de 9h à 15h.
Ce bâtiment néogothique de 1850, semblable à un château médiéval, avec ses vitraux, ses pignons, ses tourelles et ses créneaux est donc l'ancien Capitole de l’État de la Louisiane, siège du gouvernement jusqu'en 1932, reconverti en musée gratuit, le Museum of Political History. Son architecture inhabituelle, très éloignée des standards néoclassiques des bâtiments fédéraux de l'époque, lui a valu le qualificatif de "pathétique" par Mark Twain ! Ouais ben nous, on n'est pas des écrivains célèbres, mais on aime !
En plus, dès notre entrée, nous découvrons une merveille d'escalier en fonte qui déroule sa spirale au milieu du hall...
Splendide !
Aussi beau vu d'en bas que d'en haut !
Et quand on lève la tête, c'est l'apothéose... une surprise invisible de l'extérieur !
Les magnifiques vitraux du dôme confèrent une ambiance lumineuse mauve à toutes les coursives des étages !
Comme dans tous les Capitoles américains, on trouve donc ici la salle de bal... euh, la Chambre du Sénat...
et celle des Représentants...
trop beau...
avec le Président de l'Assemblée (à gauche) et son assesseur (à droite)...
Bon, ok, ce que je vous raconte, c'est du pipeau !
Le balcon de la Chambre des Représentants
Une expo permanente retrace l'histoire du bâtiment, ici en 1850 à sa construction...
et là en 1882 après l'ajout du 4e étage, du dôme et de l'escalier en fonte (ouh la... je sais pas ce que Mark Twain a pensé de la rénovation !)
En fait, pendant son occupation par les troupes de l'Union, il a été ravagé par un incendie qui n'a épargné que les murs extérieurs... Abandonné, reconstruit, re-incendié en 1906, rénové, abîmé par l'ouragan Betsy en 1965, puis par des fuites aux plafonds en 1968 juste à la fin de sa restauration... on a de la chance de le voir en entier aujourd'hui !
Quelques figures de l'histoire, comme Le Sieur de Bienville (très à son avantage ici !), natif de Montréal et qui a fondé la Nouvelle-Orléans en 1717
ou le très controversé gouverneur et sénateur populiste Huey Long assassiné en 1935.
On a même droit à l'atelier pour enfants où les chérubins peuvent apprendre le français
et aider à rénover le bâtiment "détruit par les Yankees "!
Depuis les jardins du Capitole, vue sur le pont métallique qui enjambe le Mississippi
et on découvre l'un des 48 wagons du "Merci Train" ou "Train de la Reconnaissance ", offerts par la France en 1949 avec des cadeaux dedans pour remercier les USA d'avoir envoyé 700 wagons contenant du matériel de secours pendant la 2e guerre mondiale (16 000 tonnes de denrées, vêtements et médicaments).
Les wagons, d'anciennes voitures de transport de l'armée française surnommés "40 & 8" car ils pouvaient contenir 40 hommes ou 8 chevaux, ont été transportés jusqu'à New York par un cargo affichant en grosses lettres l'inscription "MERCI AMERICA".
Ils sont ornés des armoiries de toutes les provinces françaises.
Avec, donc, l'écusson de la Bertagne...
Allez l'OL ! (désolée pour cette manifestation intempestive de chauvinisme exarcerbé...) A noter que la ville de Lyon avait envoyé comme cadeaux des dizaines de robes de mariées en soie !
Toujours pas de jardin botanique en vue alors je vous offre quelques fleurs et beaux chênes de Virginie qui ont constitué le décor de notre pique-nique sur un banc... (nous avons commandé des sandwichs au resto attenant à notre hôtel de la Nouvelle-Orléans, on a de quoi faire trois repas avec!)
Diaporama : végétation à Baton Rouge
Nous reprenons la route en empruntant le pont meccano, comme dirait Norbert... Comme il est à peine 14h et que le ciel semble se dégager, nous décidons de filer à St Martinville, au cœur du pays cajun, pour aller visiter l'Acadian Cultural Center.
On traverse le bassin de l'Atchafalaya sur un très haut pont autoroutier long de 29 km. Plusieurs bras du Delta du Mississipi alimentent ces marais que l'on appelle ici bayous et qui sont constitués d'eau saumâtre où survivent les chênes, les cyprès, les nénuphars et les alligators (entre autres !) : Atchafalaya est ainsi le plus grand marécage des États-Unis.
On ne voit que le haut des arbres !
C'est là que nous choppons 1h d'embouteillage (et aucune sortie possible !), ce qui nous laisse le temps d'essayer de repenser le programme des deux jours suivants car nous ne voulons pas faire l'impasse sur la route des Plantations... pas facile avec les sites fermés le lundi ! Finalement, j'envoie un mail au Cajun Swamp Tour qui accepte d'avancer à demain la promenade en bateau dans les bayous prévue lundi... cela nous laisse donc toute la journée de lundi pour caser la visite des Plantations... ouf !
Norbert a été scandalisé par la roue avant de ce véhicule !
Nous quittons l'autoroute à Breaux-Bridge et tout le long du trajet sur les petites routes qui mènent à St Martinville, on roule sous la canopée des chênes ornés de mousse espagnole... trop beaux !
pays cajun : Chênes de Virginie
Seulement, voilà... avec tout ça, nous arrivons à St Martinville à 15h50, dans un musée qui ferme à 16h le samedi... ils sont pénibles ces américains avec leurs heures de fermeture des lieux culturels ! (et puis, pas sympa, la dame de l'accueil... on s'est proprement fait jeter !) Du coup, pas de musée de l'Acadie ni de Longfellow-Evangeline State Historic Site... pfff...
En plus, le soleil est revenu, les 30°C également et avec eux, bien sûr, la moiteur! (mais pas étouffante)
On va donc se contenter d'une balade dans le petit downtown d'une bourgade qui tient son nom de l'évêque St Martin de Tours. Ici l'hôtel Old Castillo date de 1827 : en fait, St Martinville est la 3e plus vieille ville et la plus francophone de Louisiane. Au 19e siècle, elle était florissante et surnommée "le petit Paris", peuplée de royalistes ayant fui la révolution française... Plus tard, elle fut ravagée par la fièvre jaune, le feu et les ouragans... d'ailleurs on n'a pas croisé grand monde pendant notre visite !
Nous commençons par un arrêt au bord du bayou Teche (qui signifie serpent en amérindien)
A côté, l'arbre censément le plus photographié des Etats-Unis (c'est toujours le "plus quelque chose" avec les américains !), le deuxième plus vieux chêne des USA, "l'Evangeline Oak", célèbre grâce à l'histoire romantique d'Emmeline Labiche, immortalisée en 1847 par le poème "Evangeline : A Tale of Acadie" de Henry Longfellow. Dans son poème, Longfellow mentionne le bayou Teche, Atchafalaya et St Martinville qui n'ont rien à voir avec la véritable histoire de mademoiselle Labiche mais la légende est créée...
En gros, la jeune Evangeline est séparée de son fiancé par le Grand Dérangement (c.a.d la déportation, en 1755, des populations acadiennes qui peuplaient ce qui constitue aujourd'hui la Nouvelle-Ecosse) ... elle le retrouvera quelques années plus tard sous ce vieux chêne : bien entendu il aura déjà convolé avec une autre !
Visiblement, la pauvrette s'est tellement arraché les cheveux à cette nouvelle qu'il en reste encore dans l'arbre !
On a même les panneaux infos en français ici !
On poursuit notre balade, avec des maisons de tous les styles
J'aime bien la déco extérieure de cette "private residence du dimanche !" (j'invente rien, c'est écrit dessus...)
Un zoom !
L'ancien Presbytère a tous les attributs de la maison de planteurs !
Devant, une statue de St Martin de Tours, l'évêque ancien soldat réputé pour accomplir des miracles au 4e siècle...
On rejoint l'église du même nom considérée comme la "mère église des Acadiens exilés" et qui abrite parait-il la reconstitution d'une grotte de Lourdes réalisée par un créole d'après une carte postale... mais nous n'y rentrerons pas car il y a une cérémonie funéraire... donc pas de photos...
Un joli jardin entoure ces édifices, avec les statues religieuses d'usage...
et d'autres plus originales comme celle de cet indien Attakapa, tribu qui a été exterminée par les français avec l'aide des Chitimacha ... (bon, sur le socle il est écrit "en partie christianisée par les missionnaires français", pas du tout "exterminée"...)
...sans oublier bien sûr, dans le cimetière qui jouxte l'église, celle d'Evangeline, sculptée à l'image de l'actrice qui a joué le rôle dans un film éponyme en 1929 et offerte à la ville par l'équipe de tournage.
On finit avec la maison Duchamp : visiblement les nobles qui ont fui la France ne sont pas arrivés en Louisiane complètement désargentés...
Direction Lafayette, nous longeons des prairies inondées, c'est un véritable labyrinthe de ruisseaux, d'étangs immobiles, de bayous serpentant entre les bosquets d’arbres...
On a l'impression que le sol des champs est spongieux...
et les couleurs sont presque fluo !
Arrivés à Lafayette, on n'est pas déçus de la vue de notre chambre...
Ce très bel hôtel de la chaine Hilton surplombe la rivière Vermilion qui porte bien son nom... La rivière est connectée à plusieurs bayous, notamment le bayou Teche vu à St Martinville. Elle se jette dans le golfe du Mexique qui l'alimente en eau de mer lors des marées hautes jusqu'à la ville de Lafayette !
Enfin notre pèlerinage de début de roadtrip ! D'autant plus que j'ai un achat d'une urgence capitale à faire : j'ai oublié mon maillot de bain... du coup, obligée d'acheter un maillot de mémère à Walmart !
Que je vais étrenner immédiatement à la piscine extérieure de l'hôtel... même pas honte !
La Bêtise du Jour (avec un gros mot au début...)
Sur le parking du Walmart, on a un peu abîmé l'arrière de notre voiture de loc au dessus du parechoc en reculant sur un énorme 4X4... c'est la première fois que ça nous arrive ! Bien sûr cela fait partie des aléas d'un roadtrip mais on y avait échappé jusqu'ici...
On ne s'en est pas rendus compte de suite car l'endroit était déjà rayé (j'avais pris des photos à la Nouvelle-Orléans)... Sauf que maintenant, on balise, on a peur d'être poursuivis pour délit de fuite ! Bon, heureusement, Sabrina, de notre agence lyonnaise, nous rassure : les loueurs ont l'habitude et on a une très bonne assurance ! On n'a plus qu'à espérer que cela se passera bien lorsqu'on rendra la voiture à Atlanta... croisons les doigts ! (ah ben oui, il va falloir attendre la fin du reportage pour savoir...)