La photo du jour
đ” Poussez, poussez l’escarpolette... đ¶
A force d'être les seuls à visiter, on finit par se croire chez nous !
Départ pour Natchez, État du Mississipi... nous prenons le chemin des écoliers pour découvrir à St Francisville de nouvelles plantations parmi les plus belles de la Louisiane. Oui, je sais, ce voyage, ça devait être la route du Blues mais pour l'instant, c'est plutôt la route des Ohlalas ! La faute au changement de programme qui nous oblige à visiter les plantations sur deux jours consécutifs... cela dit, nous nous sommes bien débrouillés dans nos choix car entre Laura, Houmas House et aujourd'hui Rosedown et Greenwood, nous aurons visité des lieux très différents et tous très intéressants.
Donc c'est reparti sur l'autoroute qui surplombe les bayous...
...où on est effarés de voir les convois exceptionnels nous dépasser à fond la caisse sur la voie de gauche ! En fait, les routiers sont les rois aux USA, ils ont tous les droits... Conduire ne va d'ailleurs pas être de tout repos au cours de ce roadtrip, les habitants du sud n'étant pas vraiment très disciplinés sur la route... on aura souvent l'impression d'être les seuls à respecter les limitations de vitesse... Heureusement on a une voiture qui, en mode régulateur de vitesse, a un détecteur de mouvement sur les côtés... mais en contre-partie impossible pour moi de sommeiller un peu pendant les trajets, ça bipe non-stop ! (vu qu'on se fait aussi dépasser par la droite, ce qui est autorisé aux USA...)
Même lorsqu'on quitte la zone du Delta du Mississippi et qu'on redescend sur terre, l'eau n'est jamais bien loin (et la rivière non plus, mais toujours cachée derrière les digues...)
ça fait de jolis paysages
Cette route nous étonne par le voisinage des ohlala et des ouilleouilleouille qui se succèdent (NB : expressions toute personnelles et surtout très Martiniennes pour "belle maison" et "mobil-home")
Donc ouilleouilleouille
mignonne ohlala
re-ouilleouilleouille
Très mignonne ohlala
Vous remarquerez que les ouilleouilleouille de Louisiane sont quand même agrémentées d'une véranda avec colonnes...
Très très mignonne ohlala !
Il s'agit en fait de la Plantation Glynwood qui fait partie des sites historiques classés.
Puis nous passons sur le très beau pont Audubon... assorti à la valise de Martine ! (pour ceux qui n'auraient pas lu mes autres reportages, la valise orange dite "Bouygues" de Martine est devenue célèbre sur ce blog...)
Dans le secteur de St Francisville, les plantations sont le témoignage de l'âge d'or de la culture du coton en Louisiane. Nous n'allons pas nous arrêter pour visiter la ville, ce qui est bien dommage car j'ai pu voir après coup que son centre historique n'était pas dénué d'intérêt, même si cet ancien "plus grand port sur le Mississippi" est aujourd'hui une petite bourgade peu endormie... il nous faudra revenir !
Pour se rendre à Rosedown Plantation (12501 Hwy 10,St Francisville), on doit emprunter en voiture une longue allée magnifiquement bordée de chênes
pour la plupart envahis de chevelure végétale... j'adoooore !
Rien que l'arrivée est donc déjà spectaculaire dans cette plantation...
La maison, faite de bois de cyprès et de cèdres locaux, n'est pas mal non plus...
mais j'avoue que ce que je préfère, c'est l'écrin de mousse espagnole...
La plantation a été bâtie par la famille Turnbull en 1834, son nom vient du titre d'une pièce de théâtre que les propriétaires ont vue pendant leur voyage de noces en Europe. La construction du manoir a duré moins de 6 mois et n'a coûté que 13 000 dollars ! Le coton a été cultivé ici jusqu'à 1909 quand un insecte a détruit toute la récolte mettant fin à l'exploitation... En 1955, bien abîmée par le temps et le passage des troupes de l'Union, elle a été vendue à la famille Underwood qui a restauré la maison et les jardins pour un montant de 10 millions de dollars (!), l'a ouverte au public en 1964 puis l'a revendue à l’État de Louisiane en 2000. C'est donc un State Historic Site, du coup l'entrée (12$) est moitié prix par rapport aux plantations visitées hier...
Une plantation de Louisiane n'en serait pas vraiment une sans son allée de chênes bicentenaires...
Celle-ci est toute aussi belle que Oak Alley, j'ai l'impression que les chênes y sont encore plus chevelus, c'est superbe !
44 "live oaks", ça fait vraiment une longue allée...
une TRES longue allée !
Lorsqu'on regarde sur les côtés, on découvre des petites surprises, comme ce pavillon d'été et ses 2 fontaines...
En fait Rosedown est réputée pour la beauté de ses jardins à l'italienne... mais moi, je ne vois que les arbres !
Ce coup de foudre végétal est bien visible sur mes photos...
D'ailleurs, un peu plus et on ne voyait même pas sur ce cliché la 'Chambre des dames", petite dépendance habitée par les filles de la famille...
Et puis franchement, les parterres délimités par les haies basses sont un peu déplumés... ce n'est peut-être pas la bonne période : trop tard pour les azalées et les camélias, trop tôt pour les roses...
Donc, pour changer un peu, l'allée de chênes vue de la maison !
Nous aller visitons l'intérieur avec un groupe d'élèves d'une middle school de Bâton-Rouge (nous ne comptons qu'un seul élève de couleur...) On nous souhaite la bienvenue "dans la chaleur de la Louisiane" ! C'est vrai qu'on a un peu de mal avec les 32°C ressentis 35 !
Voici Scarlett O'Hara, qui briffe tous les gamins d'une voix sévère en leur expliquant que nous venons de très loin et qu'il faut nous montrer du respect en gardant silence et retenue pendant la visite... oups, même moi je suis impressionnée ! Cette fois encore, on nous donne un dépliant en français et la guide va parler très lentement, juste pour nous... c'est vraiment agréable de tout comprendre !
Dans le hall d'entrée, on ne peut pas louper le sol en toile cirée peinte à la main (en anglais, Scarlett a dit "oiled several times" mais c'est écrit comme ça dans le dépliant en français !)
Comme la plupart du mobilier de la maison, l'escalier en acajou est d'origine. Quant au papier peint, il est originaire de France : ce sont des petits carrés de lin assemblés, une prouesse décorative très bien rénovée.
L'association des couleurs est toutefois un peu audacieuse...
Dans la salle-à-manger, on peut voir un chasse-mouche au-dessus de la table : il était actionné par un esclave pendant le repas pour garder la salle fraîche et chasser les insectes.
Visiblement, les "pupils" ont été impressionnés comme moi par Scarlett parce qu'ils se montrent très attentifs et ne bougent pas une oreille !
Dans le petit salon...
...on trouve un pare-feu décoré d'un canevas brodé par Martha Washington, la première Première Dame des États-Unis.
Les chambres sont très belles, avec les meubles d'origine. Ici, le dépliant nous dit que le plancher est couvert en essuie-herbe pour le protéger mais là, je cale un peu niveau compréhension ! (la seule chose que je sais c'est qu'aux USA, le switchgrass est une fibre végétale...)
La Grande chambre était celle des parents, le berceau a été utilisé par tous les enfants de la famille.
Tous les lits ont un ciel-de-lit auquel on rajoutait une moustiquaire
La nursery, avec des objets personnels de la famille.
Je vous fais grâce du cellier, du fumoir, du bureau... mais je vous propose ci-dessous un petit diaporama avec quelques exemples de la richesse décorative de cette maison, tant au niveau des tissus que du mobilier..
Diaporama : Rosedown Plantation
Et comble du luxe, une douche attenante à la chambre du bas, très rare pour l'époque !
Je sens que ça vous manquait déjà... donc voici l'allée de chênes vue du premier étage ! En plus, elle est de façon notoire hantée par deux fils de la famille Turnbull, morts prématurément... donc peut-être qu'en regardant bien...
Aucun propriétaire n'ayant écrit ses mémoires, la visite nous régale moins d'anecdotes qu'à Laura Plantation, mais elle reste historiquement intéressante et on peut y voir de jolis portraits de ses habitants, comme celui de Sarah Turnbull
ou des photos de famille : ici quatre générations.
Par contre, la visite guidée fait peu de place à la question de l'esclavage, la guide nous montre juste sans s’appesantir l'escalier étroit et dérobé qu'ils utilisaient dans la maison et, à l'extérieur, on trouve ce document affiché sur le mur d'un bâtiment annexe (à côté, un papier nous explique que "griffe" correspond à un métissage mulâtre+amérindien, "sambo" c'est mulâtre+ noir, "yellow" c'est "presque blanc " et "noir" ça signifie Africain !) Pas de vestige du quartier des esclaves où résidaient quand même 250 personnes, comme le mentionne le dépliant qui nous a été donné à l'accueil.
A l'arrière de la maison, on peut voir la cuisine, toujours située à l'extérieur des maisons de maître (si vous avez bien suivi mes précédents articles, vous savez que chaleur+incendies sont les pires ennemis des habitants du sud... avec les moustiques, les tempêtes et les inondations !)
C'est un des rares bâtiments extérieurs dans lequel on peut entrer...
Encore un pavillon, qui a servi notamment de résidence aux premiers propriétaires car leur fille avait envahi la maison principale avec ses 10 enfants !
Un petit tour dans les jardins qui, malgré leur valeur historique et leur authenticité, ne nous émerveillent pas autant que ceux de Houmas House...
...par contre, ça oui ! Si vous avez le courage d'arriver jusqu'au bonus familial, vous pourrez voir à quel point j'ai craqué pour cette photogénique mousse espagnole... même pas peur du ridicule !
Le côté de la maison principale : les esclaves n'avaient le droit d'entrer que par l'escalier de la façade arrière...
Après un repas dans l'aire de pique-nique située à l'entrée de la Plantation, où nous oublions notre mini toile cirée comme souvent au cours de nos roadtrips mais on persiste à en emporter une...),
nous quittons Rosedown avec un arrêt/photo au niveau du portail de Myrtles Plantation (7747 US-61, St Francisville), qui est la plus hantée de toutes les plantations hantées du monde, l'esclave Chloé ayant empoisonné sa maîtresse avec un gâteau contenant de l'arsenic (pouah, faut aimer !)
Nous nous rendons maintenant à Greenwood Plantation (6838 Highland rd, St Francisville), accessible par une voie plus ou moins bien entretenue...
Nous ne payons que la visite des jardins (7$), il n'y a pas ici de parterres de fleurs luxuriants ou de potager, mais une forêt de chênes de Virginie digne d'un conte de fée !
On s'attend à tout moment à voir sortir un elfe ou une sorcière de derrière les arbres, l'ambiance est magique, et en plus...
...on est tout seuls !
La preuve !
(si on excepte les petites mouches chatouilleuses qui nous attaquent sous les chênes...)
La maison, de style néoclassique imposant, est un carré de 30m de côté et elle est entourée de 28 colonnes de 12m de haut, en brique recouvertes de stuc. Son architecture est vraiment originale : contrairement aux maisons de cette époque, elle n'a pas de balcon au premier étage et son toit plat est surmonté d'un belvédère.
Si les soldats nordistes ont fait sauter beaucoup de bâtiments de la plantation pendant la guerre, la maison principale a été épargnée car elle a servi d'hôpital.
Sauf qu'en 1960, frappée par la foudre, elle est totalement détruite par un incendie ! (excepté les cheminées et les 28 colonnes en brique...) En 1968, les ruines et le terrain sont rachetés pour 30 000$ puis tout est reconstruit à l'identique. De nos jours, seul le rez-de-chaussée est ouvert à la visite, les propriétaires actuels habitant le premier étage.
Comme son parc possède un bassin (créé par l'extraction à cet endroit de l'argile destinée à fabriquer la brique des colonnes), ça rajoute de la photogénie au décor...
Greenwood est notamment le lieu de tournage du film Bagatelle et de la série Nord et Sud qui date déjà de 1985, ce qui ne nous rajeunit pas !
Les anciens propriétaires (ceux qui ont tout reconstruit après l'incendie) sont inhumés dans le parc.
La plantation est aussi un Bed and Breakfast où on nous propose de dormir et quand je me plains des "crazy flies", on me répond que les meilleures périodes pour visiter la Louisiane sont mars et octobre... il faudra revenir !
Nous reprenons la route pour entrer dans l'état du Mississippi, "lieu de naissance de la musique américaine".
On a privatisé la belle US-61, du coup je prends le volant jusqu'à Natchez... une grande première ! (Oui parce qu'en principe, je laisse Norbert ou Martine s'y coller... moi je gère le GPS et les photos !)
BONUS FAMILAL
Nous à Rosedown et Greenwood
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