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La photo du Jour
A Indianola, pour se rappeler où ils habitent, les gens sont obligés de le graver sur les murs !
Pour notre premier jour sur la Route du Blues dans l’État du Mississippi, nous avons choisi... de ne pas l'emprunter ! Un petit détour sur la Natchez Trace Parkway (jalonnée de sites archéologiques, marais et villes fantômes) pour découvrir Jackson, capitale du Mississippi, flâner sur le marché artisanal de Canton et admirer les maisons colorées de Yazoo City avant de rejoindre notre prochaine étape, Indianola. Mais c'est sans compter sur les aléas des voyages... Nous nous apprêtons en effet à quitter l'hôtel de bonne heure quand un bruit étrange se manifeste dans mon sac... c'est mon téléphone qui nous gratifie d'une sonnerie de message inédite et lorsque je le consulte...
Oups ! ça nous rabat illico dans notre chambre avec armes et bagages ! (enfin, surtout bagages...)
Obéissants, on se branche sur la chaine météo qui nous montre que la dangereuse-tempête-avec-risque-de-tornade... suit exactement le trajet que nous comptions emprunter, en se déplaçant vers l'est !
Ah ben oui, ça ne donne pas vraiment envie de sortir...
Nous ne souhaitons pas nous retrouver au beau milieu d'une tornade avant la fin de notre roadtrip, aussi, en considérant les 3 trajets possibles pour monter à Indianola, il nous apparait plus raisonnable d'emprunter la route la plus à l'ouest, ce qui nous oblige à modifier encore notre programme...
Disciplinés jusqu'au bout, nous attendons 10h avant de prendre la route... partir par la gauche de Natchez nous fait donc emprunter le pont Meccano où nous nous sentons un peu seuls !
Après le passage des "severe storms", l'eau est partout... mais nous n'aurons plus la pluie pendant tout notre trajet.
Emprunter cette route moins touristique va nous permettre d'appréhender l'arrière-pays de l’État du Mississippi, et ce sera une succession de villages peu reluisants...
voire même fantômes...
Alors comment dire... oui mais non !
Avec des ouille-ouille-ouille inondées
très inondées !
Mais bon, ce n'est pas grave car, visiblement, ils peuvent déménager facilement !
Les vitrines des commerces ne laissent pas de doute sur la population qui habite ces villages sinistrés...
Il y a bien quelques maisons plus cossues de temps en temps...
...mais les plus jolies Ohlalas sont les funérariums !
On continue de longer la Mississippi river où les bayous ne sont jamais vraiment bien loin...
et parfois on la traverse (ah tiens, pour une fois, ce n'est pas un pont Meccano !)
Il est déjà midi, nous nous arrêtons pour pique-niquer à 40mn d'Indianola, au Greenwood Cypress Preserve Trust parce que nous sommes déjà en manque de bayous !
L'endroit propose en effet plusieurs courtes balades et nous avons l'intention de les faire toutes avant le repas pour nous consoler des visites annulées...
Mais à peine quelques pas et voilà l'état du sentier ! Bon, on a encore l'espoir de pouvoir emprunter une autre partie de la boucle...
Ah ben non... pas mieux !
On se contentera donc d'une petite promenade sur la route principale, le long du "swamp" bien inondé... c'est beau !
Les couleurs du marécage sont extraordinaires...
Par contre, les habitants de cette coquette maison doivent être moins extasiés que nous !
On entraperçoit avec frustration le pont en bois du trail...
Bye bye les bayous !
Nous reprenons la route en passant à côté de l'original Visitor Center de Greenville... nous avons l'intention d'aller visiter les Winterville Mounds, un site archéologique amérindien présentant une vingtaine de tumulus (dont un tertre haut de 17m) ainsi qu'un musée avec plein d'artefacts... ça promet d'être intéressant parce que jusqu'à maintenant, nous avons vu peu de vestiges des cultures précolombiennes aux USA...
Mais les orages, là aussi, ont fait des ravages et toutes les voies que nous essayons d'emprunter pour nous rendre sur le site sont fermées à la circulation ! Pfff.... c'est la journée de la loose ! Plus qu'une solution : oublier les visites et balades en extérieur et se rabattre dans un musée bien au sec...
ça tombe bien parce que nous arrivons à Indianola où il y en a justement un que nous n'aurions pas eu le temps de faire si nous avions pu respecter notre programme initial (et finalement, ça aurait été bien dommage) :
De son vrai nom Riley B. King, B.B. King (pour Blues Boy) est considéré comme l'un des précurseurs du blues et un guitariste de génie à la renommée mondiale... Beaucoup de guitaristes célèbres, comme Eric Clapton, Jimi Hendrix ou Bob Dylan, ont d'ailleurs déclaré avoir été influencés par son jeu et sa musique. Il a popularisé le blues, l'a fait rentrer dans tous les foyers américains avant de le faire voyager dans le monde entier. Musicien-chanteur-compositeur, performer acharné, il a multiplié les disques, les concerts (entre 200 et 300 par an !), les tournées jusqu'à ses 89 ans !
Pour résumer, il a été le King du blues comme Elvis était le King du rock, Kenny Rogers le King de la country, Michael Jackson le King de la pop et Plastic Bertrand le King du n'importe quoi (ah ben oui, il revient de temps en temps pour vérifier que vous suivez bien !)
Site officiel du B.B. King Museum
Un beau BB nous accueille dès l'entrée ! (15$)
Né en 1929 pas loin d'Indianola où il a vécu 3 ans de son adolescence, le roi du blues commence sa vie professionnelle dans les champs de coton où il conduit un tracteur, bercé par la musique gospel et les work-songs (voir l'article précédent). Il se produit d'abord le samedi soir au coin des rues ou dans les "juke-joints" de la ville (terme du Delta désignant un local au confort sommaire et à la façade peu engageante généralement sans fenêtre, à l'origine fréquenté uniquement par les afro-américains et qui proposait des concerts live ou diffusait de la musique sur un juke-box), fait une première tentative infructueuse à Memphis en 1947, revient travailler dans les champs, retente sa chance à Memphis et finit par devenir la légende du blues !
Le musée retrace donc sa vie au travers d'objets lui ayant appartenu ou similaires à ceux qu'il utilisait, comme ce vélo avec lequel il se rendait sur la plantation de coton,
bien sûr, les guitares du King...
ou d'autres musiciens de blues
des costumes de scènes
son carnet de chants annoté de sa main
sans oublier l'amour de sa vie, avec qui il passait toutes ses journées et une partie de ses nuits : la belle Lucille...
Pour vous expliquer qui est Lucille, rien de plus facile : il me suffit de vous traduire une partie de la chanson éponyme ! Cette guitare à la découpe caractéristique est en fait une Gibson ES-355 fabriquée avec quelques variantes exclusivement pour B.B. King à partir de 1980 (c'est donc le modèle "B.B. King Lucille"). Celle pour laquelle il a risqué sa vie à 24 ans dans l'Arkansas lui avait coûté 30 dollars !
On trouve donc des Lucille partout dans le musée... pour nous, elle a une valeur particulière parce que... Norbert en possède une ! (pas une de B.B., je vous rassure...)
Plus d'infos sur la Gibson "B.B. King Lucille" ici.
Documents et objets personnels, archives de presse et présentations multimédias... ce sont plus de 60 ans de carrière qui sont retracés ici.
Plein de Grammy Awards !
Dans la section "Artist to Icon, 1960's" les expositions mettent également en lumière la lutte de la vie sur le delta du Mississippi avant, pendant et après le mouvement des droits civiques dans le grand sud, ainsi que le rôle joué par les musiciens de blues dans la transformation du sentiment du public à l'égard des Afro-Américains .
Un super graveur !
C'est dans cette section que Norbert a reçu son premier choc du voyage : il a pris la mesure du temps écoulé en constatant que, dans les musées, sont présentés tels des vestiges... les studios d'enregistrement comme il les a connus pendant sa vie de musicien ! (et encore celui-ci, il est récent : on voit un ordinateur et pas de magnétophone à bandes !)
Heureusement, il se console (de mixage) avec son petit enregistrement perso...
Au gift shop, une Lucille pour Martine... couverte de capsules de bières !
Carte touristique du downtown d'Indianola
Aux abords du musée et dans le downtown d'Indianola, des fresques, des panneaux et des sculptures égrènent pour les visiteurs les lieux qui ont marqué la vie du roi du blues.
Par exemple, au coin de l'église et de la 2ème rue, l'endroit où B.B. King a joué au début des années 40 et a laissé ses empreintes dans le trottoir.
ça et là, de jolies Lucille...
et le mythique Club Ebony, un des plus anciens jukes-joints connus, qui a offert à des futurs grands du blues comme B.B. King l'opportunité de jouer pour des foules diverses et de gagner en visibilité dans l'industrie du disque. D'ailleurs le King a tellement aimé le lieu qu'il l'a acheté en 2008 ! Il continue d'être un endroit apprécié des musiciens de blues (depuis 1945, il a accueilli des icônes musicales telles que Count Basie, Ray Charles, James Brown, Ike Turner, Little Milton, Willie Clayton...) et un lieu de pèlerinage pour les fans.
On continue notre balade dans Indianola.
En 1882, la ville s'appelait " Bayou Indien " car les berges de la rivière étaient auparavant occupées par un village choctaw. Elle changea ensuite de nom à plusieurs reprises avant que celui d'Indianola ne soit retenu en 1886, en l'honneur d'une princesse indienne nommée Ola.
Nous sommes gracieusement invités par des commerçants d'élégance très british dans une boutique d'artisanat très british également, à participer au "tea-time" organisé à l'intérieur, avec dégustation de produits locaux et exposition d'artistes du coin... le moment est très sympa, nous prenons le temps de discuter, et nous faisons bien rire Josh Vincent, l'artiste de ces "mugs moches", en lui disant que certains nous font penser au Prince Charles et d'autres à Camilla...
D'ailleurs, il joue le jeu de la photo pour nous !
En fait on adore ses mugs moches mais rapporter des objets en céramique quand on a déjà les valises pleines de colliers moches de carnaval... bon, maintenant, je regrette, évidemment !
Je pense en plus que notre remarque a dû lui donner des idées car voici ses dernières réalisations trouvées sur le net !
Nous finissons par rejoindre notre hôtel où, visiblement nous ne serons pas trop dérangés par les voisins...
Ci-dessous un diaporama des petites ohlalas sur le trajet...
Ce soir, pas la jolie vue que nous avions à Natchez mais toujours un beau coucher de soleil...
BONUS FAMILIAL
Diaporama : Nous à Indianola... enfin, en l'occurrence, juste lui !