La photo du jour
Pour éviter de vous inquiéter inutilement avec l'expression du visage de Norbert, j'ai préféré vous mettre la légende directement sur la photo...
En prologue, je dois vous avouer que nous aimons bien Elvis (voix chaude, jeu de jambe sexy, belle gueule et standards incontournables du Rock’n’roll) mais il serait exagéré de dire que nous sommes des fans énamourés venus ici en pèlerinage... Du coup, nous avions envisagé la visite de Graceland comme un passage obligé et kitch, avec curiosité et scepticisme... et finalement nous y sommes restés quatre heures !
Pour écouter un medley des standards d'Elvis pendant que vous lisez l'article, c'est ici !
Il faut d'abord passer le cap douloureux d'un billet d'entrée à 61$ (55$ pour les seniors)... avec des formules plus chères encore pour les VIP ! Malgré le prix, c'est la deuxième résidence privée la plus visitée des USA après la Maison Blanche (près de 700.000 visiteurs par an en 2019).
Elvis a acquis cette propriété en 1957, à l'âge de 22 ans, pour y loger sa famille : ce petit gars né en 1935 dans un foyer pauvre à Tupelo (Misissippi) avait toujours promis à ses parents qu'il leur achèterait une belle maison !
C'est une demeure construite en 1939 dans le style néocolonial, qu'il a payée à l'époque 102 500$ avec les revenus de son premier disque d'or "Heartbreak Hotel" et de deux succès cinématographiques, et qui portait déjà le nom de Graceland. Il y vécut pendant 20 ans entouré des siens : sa femme Priscilla jusqu'à leur divorce, sa fille Lisa Marie, sa grand-mère Minnie, ses parents Vernon et Gladys (bien que sa mère en ait peu profité puisqu'elle est morte en 1958... remarié, son père continua à habiter la maison) mais aussi ses oncles et tantes, cousins, amis... il y avait toujours une quinzaine de personnes autour de lui à Graceland.
La visite de Graceland commence donc par un tour guidé du manoir, des jardins et du mémorial où on nous emmène en navette à partir de l'entrée du musée situé de l'autre côté de la rue. La demeure comprend 24 pièces au total, dont 8 chambres avec salle de bain, et 17 ha de jardin. Toutefois, on ne visite pas le premier étage qui reste le domaine privé de la famille Presley.
D'ailleurs il parait que dans la chambre du King, tout est resté en l'état après sa mort... (photo prise sur le net) Et vous pouvez déjà constater comme Elvis avait des goûts simples et austères en matière de déco !
On nous a distribué à chacun une tablette tactile interactive raccordée à des écouteurs, aussi notre visite est commentée pièce par pièce en français tandis que l'écran affiche l'endroit où l'on se trouve, comme ici, sur ma tablette, le hall d'entrée...
La visite se fait par groupes successifs mais on ne sent pas bousculés par le staff et on peut visiter à notre rythme, bien qu'on soit un samedi.
Alors, c'est vrai que c'est kitchissime à souhait, que les couleurs sont parfois violentes et que les miroirs sont omniprésents... mais franchement, moi j'ai trouvé la déco plutôt belle (faut dire que j'adore le bleu et les vitraux art nouveau). En fait j'ai ressenti la même impression qu'à Las Vegas : Too Much mais magnifique ! Dans le salon, le canapé fait quand même plus de 4m de long... Au fond, dans la "Music room", on aperçoit le Knabe, piano blanc qu'Elvis avait acheté en 1958 : vendu en 1976, il est passé par plusieurs propriétaires avant que Graceland le rachète aux enchères en 2017 pour lui faire réintégrer sa place initiale.
Au rez de chaussée, on peut aussi voir la salle à manger (Elvis a eu des périodes rouges et des périodes bleues au niveau de la déco... comme Picasso !)
et la chambre de Vernon et Gladys.
Comme dit plus haut, les miroirs sont partout, ce qui rajoute à l'impression de surcharge décorative.
Ensuite on descend au sous-sol pour un tour du côté de la cuisine (identique à celle de mes beaux-parents, avec la même télé !) C'est là qu'Elvis devait préparer son diététique sandwich préféré composé de beurre de cacahuète, bacon frit, banane et margarine... A noter, à droite, le tout premier micro-onde vendu à Memphis.
Puis on va s'abimer les yeux dans la rutilante salle " multimedia" jaune et bleue où Elvis avait installé 3 télés pour faire comme le président Johnson et regarder plusieurs émissions différentes en simultané tout en écoutant un vinyle et en lisant un bouquin... infatigable !
Cette fois les miroirs sont au plafond ! Super reposante cette pièce !
A côté, une salle de billard entièrement décorée de tentures plissées
300 mètres de tissu quand même ! (moi je trouve ça superbe mais je me pose des questions sur les techniques de ménage à adopter pour entretenir tout ça !)
L'apothéose extravagante de la visite avec la Jungle room, bois rouge sculpté, rideaux or volantés, revêtements en peaux de bêtes, moquette verte partout, même au plafond... sa pièce favorite, où il recevait ses amis et qui lui a servi de studio d’enregistrement pour deux albums. L'escalier du fond la reliait directement à sa chambre. Bref, cette room-ci mérite bien un petit diaporama !
Diaporama : Graceland, la Jungle room
A l'arrière de la maison, on découvre les jardins
et une des passions du King, les chevaux...
avant de rejoindre d'autres bâtiments pour la visite du petit musée dédié à l'histoire de la famille Presley, avec plein de photos et d'objets personnels... Par contre, on se balade dans un conte de fée : aucune mention de ses addictions (malbouffe et médocs), de son douloureux divorce d'avec Priscilla, aucune image de sa période Sumo, même les véritables circonstances de sa mort sont enjolivées (on nous dit qu'il a été foudroyé par une crise cardiaque dans sa salle de bain... bon c'était un peu moins glamour en vrai... en France on pourrait dire " le King est mort sur son trône", ça resterait sexy mais je ne sais pas si ça marche en anglais !), bref tout est lisse, policé, rien ne doit ternir la légende de l'étoile du rock...
Diaporama : Graceland, photos d'Elvis
Rising Sun était le cheval préféré d'Elvis, un palomino à la robe dorée acheté en 1967.
Une autre de ses passions, les armes à feu.
Les tenues de son mariage avec son unique épouse, Priscilla Beaulieu, qu'il a rencontrée lorsqu'elle avait 14 ans et épousé 7 ans après... là aussi, on ne nous dit pas qu'il avait déclaré à un copain “Elle est assez jeune pour que je puisse en faire ce que je veux”... Il l'a même fait teindre en brun corbeau et coiffer avec une choucroute sur la tête comme lui ! D'ailleurs elle se surnommait elle-même "la poupée vivante d'Elvis" ! (Bon, allez, j'arrête d'écorner le mythe !)
Parmi les objets personnels de la famille, la gourmette de la petite Lisa Marie
que voici...
C'est bien la même qui a fait semblant ensuite de former un couple normal avec Michael Jackson, dont certains disent qu'il l'aurait épousée pour éloigner de vils soupçons et mettre la main sur l'héritage d'Elvis... (ah non, je ne vais pas me mettre à écorner un deuxième King maintenant ! Mais ça va être quoi, ensuite ? Que la guitare de B.B. King ne s'appelait pas vraiment Lucille mais Georgette ? Ou que Plastic Bertrand ne s'appelait pas vraiment Plastic ? Allons, un peu de retenue quand même !) Bon, tout ça pour dire que dans le monde artistique, il est souvent préférable de dissocier l’œuvre de la personne, et de ne s'attacher qu'au génie et au talent...
Graceland a subi... euh bénéficié de plusieurs décorations différentes en 20 ans : ici la période rouge et or des années 70.
La preuve !
On visite aussi sa salle de Racket Ball, attenante à une salle de musique où étaient accrochés ses disques d'or. C'est d'ailleurs à la suite d'une séance de ce sport similaire au squash qu'Elvis a trouvé la mort à l'âge de 42 ans, décès prématuré dû vraisemblablement à la conjugaison d'une mauvaise hygiène de vie, d'un abus de médicaments et d'une maladie chronique induisant des problèmes cardiaques et digestifs...
Une piscine pas vraiment très grande... Finalement on se dit que dans cette propriété, on a vu de l'extravagance mais pas de la démesure... en tous cas, moins qu'on ne l'imaginait. Et on ressort de la visite avec le sentiment qu'Elvis était en fait un bon petit gars généreux qui aimait beaucoup sa famille et qui n'a jamais pu se remettre vraiment du décès de sa mère disparue à 46 ans et avec laquelle il entretenait une relation fusionnelle...
On termine le tour de cette demeure par le Jardin de la Méditation où Elvis repose en compagnie de sa famille...
Au premier plan, on découvre avec surprise qu'Elvis avait un frère jumeau, Jessie, arrivé mort-né avant lui...
Sur la tombe d'Elvis un texte rend hommage à une "légende vivante qui a révolutionné la musique", et c'est vrai qu'Elvis a connu la gloire internationale de son vivant sans jamais avoir fait de concert hors des USA...
Ici aussi, on ne donne pas vraiment dans la simplicité...
(la stèle se trouvait préalablement dans un cimetière mais les tombes ont été rapatriées à Graceland par crainte de vandalisme)
...mais j'aime bien à nouveau la déco en vitraux...
Pour continuer la visite, nous rejoignons l'autre côté du boulevard en longeant les deux jets privés d'Elvis, un quadriréacteur Convair 880 luxueusement aménagé et portant le nom de sa fille, et le Lockheed Jet Star surnommé "the Hound Dog II".
Et voilà le hall d'exposition où nous avons passé le plus de temps, le "Elvis Presley Automobile Museum" qui présente aux visiteurs extasiés dont nous faisons partie une vingtaine de ohlalas motorisées ayant appartenu au King... et en plus c'est midi alors on est tout seuls !
Se contenter de dire qu'Elvis aimait les voitures serait en-dessous de la réalité... il en a possédé des centaines ! Et nous qui ne sommes pas particulièrement passionnés par les véhicules d'aujourd'hui, par contre on adooooore les anciens modèles... du coup cette visite est un régal pour nos yeux. Donc voici un extrait des merveilles exposées ici, avec parfois de petits diaporamas parce que c'est comme pour les maisons, quand j'aime, je prends des photos sous tous les angles !
La Lincoln Continental Mark II de 1956 qu'Elvis affectionnait particulièrement. Il l'a achetée à Miami pour remplacer une autre Lincoln qui avait été décorée de numéros de téléphone et de traces de rouge-à-lèvres par des admiratrices un peu trop ferventes... Il l'a utilisée pour le tournage du film "King Creole".
Cadillac Eldorado Biarritz de 1956. Toute blanche à l'origine, Elvis l'a fait customiser à son goût, avec air conditionné et sièges en cuir blanc. Pour la couleur de la carrosserie, la légende raconte que le King a demandé de la repeindre de la couleur de la grappe de raisin qu’il tenait dans sa main !
MGA 1600 Mkl de 1961, petit roadster décapotable du film "Blue Hawaï" qu'Elvis a acheté à la fin du tournage. Par la suite, il l'a donné à sa secrétaire !
La Rolls-Royce Silver Cloud III de 1966 qu'Elvis a achetée à l'acteur Michael Landon et qu'il donnera au chanteur Charlie Rich.
Deux Mercedez Benz Pullman 600 dont la limousine "Midnight Blue" de 1969 munie d'une TV et d'un téléphone.
La Lincoln Mark IV de 1975 avec ses initiales sur les portières.
La Dino Ferrari 308 GT4 achetée d'occasion en octobre 1976 pour 20 583 $. Ce sera la dernière voiture que le King s'offrira, puisqu'il décèdera moins d'un an après.
Mais le clou de l'expo, c'est la fameuse Cadillac rose qu'il acheta en 1956 et donna à sa mère... qui n'avait pas le permis !
Une Fleetwood Sixty Special de 1955 dont il ne s'est jamais séparé...
Dans une pièce adjacente, d'autres très belles mécaniques possédées par le King nous font de l’œil... Sont exposés ici des Harley, des motos 3-roues, des buggys, des snowmobiles (vu qu'il neige très souvent dans le Tennessee comme chacun sait !), des voiturettes de golf, une voiture à pédale, une Jeep rose pour circuler sur sa propriété... si vous êtes bien attentifs, vous verrez même sa première luge !
Diaporama : Elvis' cycles
Nous continuons avec les salles d'expos qui retracent sa vie et sa carrière : ses 2 ans de service militaire en Allemagne, ses extravagants costumes de scènes, des objets personnels, des vidéos de concerts ou de films, des documents d'archives...
Diaporama : tenues d'Elvis dont la fameuse combi "Eagles" et une autre avec le calendrier Aztèque ! On n'a vu toutefois aucune tenue de fin de carrière, la période Sumo de sa vie est ici aussi totalement occultée...
Ici les affiches des 30 films qu'il a tournés et qui donnent tout son sens au mot "navet"...
Il faut dire que le seul objectif de ces bluettes était de promouvoir de nouvelles chansons et de vendre des disques... Beaucoup ont toutefois connu un succès faramineux : en 1956, "Love Me Tender" (le premier film d'Elvis, un western) est présenté à New York ou il rembourse en 3 jours les coûts de production et pulvérise tous les records d'audience !
Plus un disque d'or dans la foulée !
A noter que Love Me Tender est une reprise d'une vieille chanson de la guerre de Sécession composée par W. W. Fosdick & George R. Poulton's : "Aura Lee" (ou "Aura Lea"). Chanson qui deviendra également, avant Elvis, un hymne en fanfare de l'armée américaine sous le titre "Army Blue" !
Elvis adorait tourner les films à Hawaï, il a d'ailleurs décoré sa Jungle room en souvenir de l'archipel (notez la "romance extatique" quand même !)
Une guitare de ses débuts dont le bois affiche l'usure causée par les frappés... Sa toute première lui avait été offerte par sa mère à l'occasion de ses 11 ans, elle l'avait acquise pour la modique somme de 12,95 $. Grosse déception pour Petit Elvis qui avait demandé soit une bicyclette, soit une carabine 22 Long Rifle... mais c'était trop cher pour les Presley... on l'a échappé belle !
Une autre exposition est dédiée aux stars "icônes" de la musique qui ont révélé avoir été influencées par le King, comme John Lennon qui a quand même déclaré : "Rien ne m'avait vraiment touché avant que j'entende Elvis. S'il n'y avait pas eu Elvis, il n'y aurait pas eu les Beatles". Le piano exposé est un des derniers pianos de John.
Diaporama : Graceland, quelques stars influencées par Elvis (Jennifer Lopez, Dwayne Johnson "The Rock", les Kiss..)
La salle des trophées expose une prodigieuse collection de disques d'or et de platine !
En effet, 91 albums et 53 singles du King ont reçu des distinctions : or (500 000 exemplaires), platine (1 million), double-platine ou diamant (l'album où Elvis chante Noël aurait vendu jusqu'à 18 millions d'exemplaires !)
Voici son premier disque d'Or.
Heartbreak Hotel est une chanson inspirée par un fait divers rapporté par un journal de Miami : un jeune homme s’est suicidé, laissant derrière lui une note disant « I walk a lonely street ». Vous remarquerez que le disque n'a pas été édité sous le label Sun... et oui, en 1956, Phillips a accepté de vendre le contrat d'exclusivité qui le liait à Elvis à la maison de disques RCA pour 40 000 $, argent qui lui permettait de continuer à promouvoir des artistes de blues issus de la communauté noire... Mais rassurez-vous, la visite du studio RCA est prévue dans notre roadtrip !
Pour écouter Heartbreak Hotel, c'est ici !
Chaque fois qu'on sort d'une salle d'expo, passage obligé par un gift shop !
Alors là, ce sont des horloges et les jambes d'Elvis bougent en guise de balancier... la classe !
On termine notre Elvis Experience avec un hamburger au Gladys' Diner, déco vintage sympa !
Ah ben si, on a fini par le trouver notre Elvis période Sumo ! Mais pas dans Graceland... dans un gift shop situé à l'extérieur du complexe, de l'autre côté du boulevard, où tout est bien moins cher... (on avait garé gratuitement notre voiture sur son parking)
Du coup on y a fait des achats !
BONUS FAMILIAL
Diaporama : Nous à Graceland