La photo de l'après-midi
On m'a à l’œil !
L'après-midi, on décide d'aller à pied (bien que tout le monde ici nous conseille de prendre le tram...) jusqu'au quartier Sweet Auburn, endroit où est né et a grandi Martin Luther King. On y découvre un Historic Site avec un Visitor Center très bien fait qui complète nos connaissances sur la lutte des afro-américains pour les droits civiques. On en revient toutefois épuisés par les 36°C ambiants... on aurait peut-être dû prendre le tram finalement !
Sweet Auburn est dénommé ainsi car il fut le premier quartier d'une ville américaine où la communauté noire a pu devenir autonome au niveau des commerces, des écoles, des restaurants, des théâtres, des églises, de la presse... du coup, il faisait "bon y vivre" pour les afro-américains... (sauf qu'aujourd'hui, on a surtout croisé des SDF...)
C'est John Wesley Dobbs, leader politique considéré comme maire officieux de Auburn Avenue, qui est crédité de l'appellation "Sweet Auburn" en 1920. Il aurait dit aussi : « Les 3 clés de l'émancipation sont les bulletins de vote, les dollars et les livres » (mais ça sonne mieux en anglais : ballots, bucks and books !) En 1973, son petit-fils est devenu le premier maire noir d'Atlanta.
Tout au long de la rue, on trouve d'ailleurs plusieurs fresques ou sculptures célébrant les "héros" afro-américains...
...ça aurait été dommage de la faire en tram !
Dans le parc du Martin Luther King Jr National Historic Site, nous découvrons la sculpture la plus imposante :
le Behold Monument commémore les principes historiques et humains qui ont guidé la vie et les œuvres du Dr King. Le sculpteur Patrick Morelli s'est inspiré de l'ancien rituel africain consistant à élever un nouveau-né vers les cieux et à réciter les mots « Voici la seule chose plus grande que vous-même ». Il a déclaré ainsi honorer « son courage moral et sa noblesse d'esprit ».
La sculpture fait face à l'église baptiste d'Ebenezer dans laquelle le Dr Martin Luther King et son père, "Daddy" King, ont donné de nombreux puissants et inspirants sermons... un site symbolique pour le mouvement des droits civiques. C'est dans cette église que Martin a été baptisé, qu'il a fait son premier sermon à 17 ans, qu'ont eu lieu ses funérailles en 1968 et que sa mère, qui y jouait de l'orgue, a été assassinée en 1974, au cours d'une messe, par un extrémiste noir.
On trouve aussi dans le parc le "I Have a Dream" International World Peace Rose Garden", nommé ainsi d'après le discours I have a dream de 1963. Tous les ans, un concours international récompense les meilleurs poèmes écrits par des étudiants sur le thème de la paix en les gravant sur des plaques au pied des rosiers.
L'Horizon Sanctuary, où prêche la communauté baptiste aujourd'hui, jouxte le Visitor Center.
Le centre d'accueil propose des expositions et un film documentaire qui retracent l'histoire du mouvement des droits civiques et le parcours du Dr King, ici au côté de sa femme Coretta.
Leader du mouvement des droits civiques pendant 13 ans, Martin Luther King prêchait et pratiquait la non-violence. Sa philosophie était inspirée par sa foi chrétienne et par des figures comme Gandhi, au travers de manifestations pacifiques. En plus de défendre les droits civiques, il a également fait campagne contre la pauvreté et les conflits internationaux, prônant l'amour face à la haine et la tolérance contre la vengeance...
Martin Luther King est connu comme l'un des orateurs les plus grands de l'histoire alors qu'il était un piètre élève... cela ne l'a pas empêché d'obtenir un doctorat de théologie et le Prix Nobel de la Paix à seulement 35 ans !
Le musée raconte aussi les années sombres de la ségrégation, où l'on pouvait pendre un homme noir sans procès et sans être inquiété par la justice... et rend hommage à d'autres figures de l'émancipation des noirs américains comme Rosa Parks, arrêtée en 1955 pour avoir refusé de céder sa place à une femme blanche dans un bus, événement qui a déclenché un boycott d'un an des transports en commun par la communauté noire de Montgomery en Alabama, mouvement dirigé par le pasteur King...
Toutes les infos des affichages sont doublées par des panneaux bleus destinés aux enfants, c'est très pédagogique.
Il y a d'ailleurs des écoles qui visitent l'exposition en même temps que nous, et c'est vraiment désolant d'avoir la confirmation, dans ce lieu symbolique, que la diversité raciale n'est pas encore à l'ordre du jour dans les établissements scolaires des États du Sud... (et je n'ose même pas en rajouter en évoquant les effets de la malbouffe sur les enfants...)
La « Marche sur Washington pour l'emploi et la liberté » avait en partie pour objectif d'afficher un soutien populaire au projet de loi sur les droits civiques proposé par l'administration Kennedy au mois de juin 1963. Par conséquent, Martin Luther King et les autres figures éminentes de la manifestation avaient convenu d’effectuer des discours pacifiques et de ne pas inciter à la désobéissance civile.
King avait conçu son discours comme un hommage au discours de Gettysburg, prononcé par Abraham Lincoln en novembre 1863. Devant le Mémorial de Lincoln, il martèle son « I have a dream » après que Mahalia Jackson lui a crié : « Parle-leur de ton rêve, Martin ! » En 1965, sous la présidence de Lyndon Johnson, les noirs américains obtiendront enfin le droit de vote...
Les marcheurs...
plus un !
Le pasteur King a été assassiné à l'âge de 39 ans, à Memphis, le 4 avril 1968, par un prisonnier fugitif. Les circonstances de ce meurtre sont suffisamment troubles pour que la famille King ait intenté un procès contre des organisations gouvernementales, persuadée d'un complot mêlant la mafia et le gouvernement américain... Le jury a d'ailleurs conclu à la thèse du complot mais les agences fédérales accusées n'ont pas pu se défendre... Ceci est le chariot - tiré par des mulets- dans lequel son cercueil a été transporté dans Atlanta, symbolisant ainsi son humilité. A côté se trouve la grande croix de lys blancs qui recouvrait son cercueil.
À la demande de sa veuve, Martin Luther fit sa propre oraison funèbre avec son dernier sermon « Drum Major » enregistré à l'Ebenezer Baptist Church. Dans ce sermon, il demande qu'à ses funérailles aucune mention de ses honneurs ne soit faite, mais qu'il soit dit qu'il avait essayé de « nourrir les affamés », « habiller les nus », « être droit sur la question du Viêt Nam » et « aimer et servir l'humanité ». Lors de la cérémonie, selon son voeu, son amie Mahalia Jackson chante son hymne favori, " Precious Lord, Take my hand". Ses dernières paroles ont d'ailleurs été dédiées à cette chanson puisqu'il a dit au musicien Ben Branch juste avant qu'on lui tire dessus : « prévois de jouer Precious Lord, Take My Hand à la réunion de ce soir. Joue-le de la plus belle manière. »
Cliquer sur l'image pour voir l'interprétation de la chanson par Mahalia Jackson sur youtube.
Son tombeau se trouve aujourd'hui de l'autre côté de la rue, juste en face du Visitor Center, posé au milieu d'un bassin. Décédée en 2006, son épouse Coretta repose à ses cotés.
Sur son côté de la pierre tombale est inscrite une épitaphe inspirée de la fin de son discours de 1963 : « Enfin libre, Enfin libre, Merci Dieu tout puissant. Je suis enfin libre ».
La Reflecting Pool présente aussi une citation du Dr King.
A l'extrémité du bassin se tient le Freedom Hall, fondé par Coretta King. Il contient diverses expositions.
Face aux sépultures, la Flamme Éternelle brûle constamment et symbolise le rêve de Martin Luther King pour un monde de justice, de paix et d'égalité.
On poursuit la balade jusqu'à une série de maisons de style Queen Ann : bâties et d'abord occupées par des Blancs, elles ont ensuite été investies par des Noirs de la classe moyenne dès 1906.
Diaporama : Sweet Auburn, maisons Queen Ann
Parmi elles, la maison natale de Martin Luther Junior (son nom légal).
Il faut réserver pour la visite, on se contentera des extérieurs.
Le pasteur défenseur des faibles et des opprimés a été élevé dans le confort et la stabilité familiale.
Dans le quartier, on trouve aussi une caserne de pompiers de style "romanesque revival" classée monument historique
La caserne n °6 a fonctionné de 1894 à 1991. Le camion date de 1927.
Cette caserne fut la première à permettre à des pompiers noirs et blancs de travailler ensemble.
Les anciennes pompes à vapeur tirées par les chevaux !
Nous reprenons l'Auburn Avenue en direction du downtown
avec d'autres aperçus du quartier
Pas que des ohlalas !
De belles vues sur la tour du Westin
et sur celle du Georgia-Pacific
avec, devant, le blanc Candler Building, construit par le fondateur de Coca Cola Cie dans le style "néo-Renaissance" et qui était le plus haut bâtiment de la ville en 1906.
Une des portes du Candler Building, très ouvragée.
Atlanta possède aussi son immeuble en forme de fer-à-repasser ! Achevé en 1897, le Flatiron Building est le plus ancien gratte-ciel de la ville. Sa construction précède de cinq ans celui de New York.
Le soir, nous prendrons la direction du Centennial Olympic Park, 85 000 m2 créés à l'occasion des Jeux Olympiques de 1996.
Carte du Centennial Olympic Park
Cette fois, j'arrive à prendre une photo du logo sans personne ! (ou presque...)
Par contre, j'ai oublié mon appareil photo à l'hôtel, du coup il faudra se contenter de la qualité moindre de celles du smartphone...
Donc World of Coca Cola by night
L'Atlanta Aquarium
La jolie skyline d'Atlanta avec la Centennial Tower à droite
La statue du Baron Pierre de Coubertin qui a fondé les Jeux Olympiques modernes en 1896 (donc tout juste 100 ans avant les Jeux d'Atlanta).
Androgyne Planet, créée par le sculpteur catalan Enric Pladevall, me rappelle une lampe-torche.
Les Hermès Towers, 8 immenses lampadaires qui jalonnent le parc, symbolisent à la fois la torche des Jeux et les colonnes grecques.
La Fountain of Rings, miroir d'eau avec jets qui changent de couleur... (et avec musique 4 fois par jour)
Les jets d'eau, ça fait toujours le bonheur des enfants ! (on les aperçoit à gauche de la photo)
A droite, le CNN Center où nous irons faire un tour demain.
Cette énorme statue au pied de l'hôtel Westin se nomme "Emerging", elle symbolise l'homme moderne émergeant de son environnement urbain (et visiblement, ça lui fait perdre la tête !)
Nous par contre, on va émerger de notre lit et même de notre chambre car un dégât des eaux dans un côté de notre hôtel va obliger le staff à déménager ses clients dans la partie non sinistrée... on va récupérer une chambre avec vue mais les aspirateurs vont tourner toute la nuit !