Notre premier petit-déjeuner aux States : muffins, danish, beurre de cacahuette, pancakes et sirop d’érable, rien que du diététique…
Il fait vraiment très froid à l’intérieur de l’hôtel, aussi nous sommes très surpris par la chaleur lorsque nous mettons le nez dehors, il est 7 h du matin et il fait déjà 30°C au moins ! Il va falloir nous habituer à la climatisation que les américains utilisent abondamment, été comme hiver (bonjour la pollution au fréon !), heureusement nous avons prévu gilets et foulard pour l’intérieur …
Avant le départ, nous avons le temps pour une petite ballade qui nous permettra de nous extasier sur la beauté rutilante des voitures garées autour de l’hôtel : carrosserie, plaques, jantes, enjoliveurs …
...tout étincelle (malgré la poussière environnante) d’une magnificence ostentatoire qui doit être normale aux States…
...mais pour nous, ça fait vraiment frime !
Et partout, des messages patriotes et de soutien aux soldats américains engagés dans la guerre en Irak.
Arrivés dans le car, Philippe nous présente notre chauffeur, Loyd, qui prend au dernier moment la place du chauffeur femme qui devait nous conduire : il vient d’avoir son permis et c’est son premier long circuit…
Le car et nous-mêmes allons donc faire les frais de son inexpérience pendant tout le voyage : moteur qui surchauffe, carrosserie ruinée, véhicule jamais nettoyé (le seul car non-rutilant de tous les USA !), trajet non maîtrisé… en plus, il est extrêmement timide ! Il n’y a qu’à moi qu’il répond « good morning Ma’am » (c’est un Jamaïcain) quand je le salue le matin parce que je l’ai fait rire la première fois que je lui ai parlé (en fait, c'était pour se moquer de moi, je m'étais lamentablement plantée sur un mot !)
Nous voilà donc partis pour notre périple de deux semaines dans l’Ouest américain avec des étapes de 300 à 350 km par jour : aujourd’hui, nous traversons l’Arizona en direction du Nord pour visiter Montezuma Castle, Prescott et Sedona avant de rejoindre Flagstaff en longeant Oak Creek Canyon. Il est prévu des températures moyennes maximales de 36°C et un temps très nuageux mais pour l’instant le soleil est au rendez-vous. D’ailleurs, Philippe, qui habite à Phoenix, nous vante les mérites climatiques de cette région qui connaît la plus forte croissance démographique des USA en raison de ses hivers doux et secs.
Quand on pense qu’avant l’arrivée des immigrants, l’Arizona était un vaste désert inhospitalier : son nom vient à la fois de l’indien « peu d’eau » et de l’espagnol « árida zona », c’est dire les miracles qu’on fait avec l’irrigation ! C’est maintenant un état qui compte 8000 fermes axées sur la culture et l’élevage… c’est peu, me direz-vous ? Il faut juste préciser que chaque ferme exploite 1850 ha… cela relativise les choses ! Et puis 47% de l’Arizona appartient au gouvernement des Etats-Unis…
Tandis que le car traverse Scottsdale qui, comme toutes les petites et moyennes bourgades de l’ouest américain, est très étendue et sans aucun centre ville, je ne me lasse pas d’admirer la végétation exubérante des jardins qui entourent les maisons basses en brique : palmiers et cactées de toutes sortes, lauriers-roses,tamaris, acacias, oliviers… sans parler des drapeaux américains qui fleurissent sur toutes les façades !
Mais en effet, passées les dernières maisons, c’est un désert rocailleux qui s‘offre à nos regards, avec ses célèbres cactus “chandeliers” (Saguaros) dont on retrouve la silhouette sur les plaques de voiture (en effet, chaque état a sa plaque et son surnom : ici c’est le “Grand Canyon State”.)
Nous nous arrêtons d’ailleurs pour prendre en photos ces spectaculaires plantes gorgées d’eau qui peuvent atteindre 15 m de haut (à cette taille, ils ont entre 250 et 500 ans )
Philippe nous met rapidement en garde contre les Jumping Chollas au tronc noir et aux fleurs verdâtres qui projètent leurs épines sur nous quand on s’en approche trop près !!! Sglurp !!! Il ne manquerait plus ensuite qu’un ou deux serpents à sonnettes pour finir de nous gâcher le voyage !
En attendant, on se régale de cette courte ballade dans le désert, mais il faut sans tarder rejoindre le car de peur d’être abandonnés aux vautours qui, j’en suis sûre, sont déjà en train de nous pister du coin de l’œil …
Sur le chemin de Montezuma Castle, Philippe nous explique qu’en 1824, lorsqu'arrive la première expédition américaine (un groupe de trappeurs venus de Santa Fe), l'Arizona est occupée au sud, dans les montagnes et les déserts, par des tribus apaches, et au nord, sur le Plateau du Colorado, par les Hopis et les Navajos. Les Hopis, pour résister à la pression des Navajos arrivés plus tard des lointaines plaines du Canada, se sont réfugiés sur les mesas qui dominent le Plateau : ils cultivent le maïs et chassent pour leur subsistance. Les Navajos vont rapidement apprendre d'eux les arts de la poterie et du tissage, et des espagnols du Nouveau-Mexique celui de l'élevage.
Ce sont les deux grandes tribus qui subsistent aujourd’hui dans l’Arizona. (photos trouvées sur le net)
A gauche, un indien Navajo, à droite, un Brave Hopi... ça sent quand même bien l'ancêtre commun ! (du moins au niveau du bandeau...)
Le village de Montezuma Castle a été bâti au 12e siècle par des Sinaguas qui se sont installés au bord du "Beaver Creek" (le ruisseau du Castor) qui coule au pied de la falaise, afin d’irriguer leurs champs. Comme les Anasazis (mot qui signifie “Les Anciens”) à Mesa Verde, ils bâtirent les murs qu'on voit aujourd'hui. Ils grandirent là jusqu'au début du XVe siècle, puis, sans qu'on sache pourquoi, s'en allèrent se mêler à d'autres groupes qui forment les Pueblos actuels.
Le “château” est donc en fait une construction en pisé érigée au creux de la falaise, une trentaine de mètres au-dessus de la vallée, et qui possède cinq étages et une vingtaine de pièces. On ne peut pas y accéder, on l'observe d'en bas : la roche qui la supporte est tellement érodée qu'il a fallu interdire l'accès pour d'évidentes raisons de sécurité.
La promenade sous la fraîcheur des arbres est toutefois agréable, et nous permet d’approcher un petit écureuil effronté (comme tous les écureuils que nous rencontrerons dans les parcs nationaux … En effet, les espèces sont protégées, interdiction de toucher les animaux sous peine d’amande très lourde ! Et ça ne plaisante pas aux USA !), que notre nouvel ami Alain prend pour un castor (bon, finalement, y'a plus Bidochon que nous...)! Cette méprise aura naturellement pour lui comme conséquence d’être surnommé Alan Beaver pendant tout notre périple…
Le Beaver Creek
Notre repas de midi est un buffet pantagruélique pris au Golden Corral, à Prescott. Nous faisons connaissance avec les habitudes alimentaires américaines : beaucoup de plats sont frits (mais les grillades sont appréciées) et les fruits sont mangés en entrée ! Quant aux consommateurs, ce sont essentiellement des indiens obèses… les enfants, surtout, font peine à voir, ils ont déjà du mal à se déplacer, je n’ose imaginer quel sera leur état à l’âge adulte…
Première capitale de l'Arizona, grâce à la présence locale d'or, successivement détrônée par Tucson et Phoenix, Prescott compte aujourd’hui 30.000 habitants. De sa primauté passée, elle conserve certains attributs caractéristiques : une place ombragée de vieux arbres, entourée de bâtiments anciens, abrite l'ancien capitole.
Dans le béton de l'allée qui mène au palais, une chronologie de l'Arizona a été gravée. Elle s'arrête à une imposante statue de bronze représentant un pionner à cheval, symbole d'un mythe de l'Ouest.
Nous remarquons souvent par ailleurs sur les portes des commerces et des maisons, comme sur les voitures, des affichettes encourageant les soldats américains en guerre en Irak avec affection et gratitude.
Les américains sont de vrais patriotes mais, d’après Philippe, pas de bons citoyens car le pourcentage d’abstention lors des élections est très élevé (il faut dire que les procédures électorales américaines sont très compliquées avec un système de bulletins de vote à poinçonner très complexe …)
En route pour Sedona, le ciel se couvre un peu mais cela ne nous empêche pas d’admirer un paysage fait de buttes et de mesas en grès où dominent les tons de rose, rouge et orange. Nous nous arrêtons pour prendre en photo le Bell rock (en forme de cloche) qui est l'emblème de la ville.
Les indiens considèrent ce rocher comme un lieu énergétique de courants telluriques, ce qui a favorisé l’implantation de sectes new-age pseudo-médicales qui font l’apologie des forces positives et revigorantes du vortex qui domine soi-disant cette région…
Aussi Sedona, qui n'était au début qu’une petite vallée de l'Oak Creek cultivée par quelques fermiers est devenue depuis, grâce à son environnement superbe, à la promotion du tourisme et des retraites au soleil, un lieu de grâce, de paix... et de commerce ! Partout pullulent les magasins d'art, d'artisanat indien, de souvenirs, les motels, les restaurants, les boutiques de toutes sortes.