Aujourd’hui c’est LA journée : nous allons à Monument Valley !
Le site appartient aux Navajos dont le territoire, grand comme la Belgique (avec plus de 6 millions d'ha, c'est la plus vaste réserve amérindienne), est à cheval sur 3 états américains : l’Utah, l’Arizona et le Nouveau-Mexique. Il est gouverné par un comité tribal avec un président honorifique…
Les Navajos se nomment entre eux « les Dineh » c’est à dire « les humains ».
Le nom « Navajo » vient du terme « Navahuhu » désignant un champ cultivé.
Dans leur conception du monde, les Navajos ne possèdent pas une terre, ils lui appartiennent : le rôle de l’homme est de la soigner, la préserver, une façon également de respecter leurs ancêtres qui y sont enterrés. C’est avant tout une religion de la Nature.
Ainsi les lois et les rituels sont indispensables au maintien de l’harmonie de la vie.
Bien que les réserves indiennes constituent les lieux les plus isolés et les plus pauvres du paysage américain, on estime que la nation Navajo a récolté plus de 20% des dépenses touristiques de l’année 2000, créant 5000 emplois supplémentaires.
Outre le tourisme, les Navajos tirent leurs revenus de l’élevage et de l’artisanat. Au milieu du XXe siècle, la production de pétrole et la découverte de riches gisements minéraux sur les terres de la réserve ont considérablement amélioré leur économie. Mais la population Navajo s'accroît à un rythme rapide (220 000 selon le dernier recensement).
Et malgré ces revenus, 50% vivent en dessous du seuil de pauvreté : la corruption, l’alcool, la drogue, le chômage et la délinquance dominent. Cela dit, comme ils pensent que nous vivons dans un 4e monde qui touche à sa fin…, ils gardent l’espoir d’un avenir meilleur !
Quant à Philippe, il nous décrit les indiens comme « gentils mais lents »… ce qui explique tout !
Avant d’arriver à Monument Valley, nous nous arrêtons à Kayenta, petite ville de 30.000 habitants dont les petites maisons se détachent sur un paysage de buttes ocres qui laissent présager les merveilles qui ont enchanté tant de westerns…
A l’intérieur du café qui nous sert d’arrêt technique, Philippe nous conseille d’aller admirer des tableaux représentant toutes les couleurs naturelles (faites à base de plantes, de fleurs, de racines…) que les indiens utilisent pour teinter leurs tapis faits à la main, ce qui en fait la rareté et le prix.
A l’extérieur, on peut visiter 2 hogans placés là exprès pour les touristes : en effet, bien qu'il existe des
logements modernes dans la réserve, de nombreux Navajos continuent à vivre dans ces maisons coniques faites d'une armature de bois et recouvertes de terre, pourvues d'un trou pour la fumée au sommet et d'un passage étroit et couvert servant d'entrée (toujours placé à l’est).
M’étant éloignée pour prendre des photos du paysage, je croise un vieil indien qui me salue gentiment, me demande si je suis perdue puis se met à me raconter sa vie (je dois avoir une tête à ça ! …). C’est quand même sympa de discuter avec un indien à Monument Valley… comme John Wayne ! (et en plus, Philippe nous a appris à dire bonjour en Navajo : c’est « Ya At Eeh » ou un truc comme ça…)
Nous reprenons la route et nous sommes bientôt en vue des paysages mythiques tant exploités par l’industrie cinématographique et publicitaire… et on n’est vraiment pas déçus !
La vue à partir du Visitor Center est déjà spectaculaire, mais la majeure partie du parc ne peut être visitée qu’en empruntant une piste de 27 km qui serpente parmi les falaises et les mesas…
La route est assez mal entretenue (certains disent que c’est pour justifier la nécessité de location des jeeps des indiens qui attendent les touristes…), en tous cas, cela contribue à l’aspect sauvage du site : j’imagine mal une route goudronnée serpentant parmi les célèbres buttes ocres… sacrilège !
Et justement, nous voilà tous embarqués dans un véhicule tout-terrain piloté par un Navajo portant chapeau… de cow-boy (!), pour une promenade à travers le parc où nous croisons des chevaux (presque) sauvages…
Nous nous extasions devant les couleurs vives de la roche (elles proviennent de l'oxyde de fer et du manganèse) et devant la dimension (jusqu'à 300 m de haut) des falaises et des buttes aux formes évocatrices :
The Mittens (les mitaines), 2 buttes qui semblent avoir été sculptées symétriquement,
Totem Pole, une flèche de roc de 100 m de haut, que Clint Eastwood aurait escaladée...
Elephant Butte
The Three Sisters (ici avec une daughter...) falaise découpée en W (signification,
au choix : Wayne, W. Bush ou Welcome…)
Les formations fantastiques, les aiguilles délicates, les tours rocheuses et les monolithes de gré, qui ont donné son nom à la Vallée des Monuments, se sont formés grâce à la patiente action du vent et des processus géologiques à travers des siècles (et des siècles de siècles !) sur le plateau du Colorado.
Les falaises de gré rouge et les minces aiguilles sont en majorité sculptées à partir de la formation Cutler, un rocher qui date d’il y a 160 millions d’années : les buttes se trans-forment en flèches, les flèches en esquilles, les esquilles en sable, dont le vent fait des dunes lorsqu'il rencontre un obstacle… bref, le résultat est magnifique !
Nous faisons des arrêts photos pour profiter des sites les plus spectaculaires :
John Ford Point, mythique...
ça c'est du décor !!!!
Artist Point où l’on a un magnifique panorama sur la vallée.
On en profite pour faire quelques photos nulles de touristes.
A midi, comble du bonheur, nous nous arrêtons à l’ombre de très hautes falaises pour manger un repas indien avec beefsteacks, galettes de maïs et biscuit, et Philippe nous demande fort à propos de nous mettre en file indienne pour aller chercher nos plats…
Cela dit, on se demande comment on peut encore avoir faim avec toute la poussière qu’on a ingurgitée durant notre trajet en jeeps !
Il fait très beau et nous souhaiterions profiter plus longtemps de cette pause dans la fraîcheur de l’ombre
des mesas...
...mais il nous faut bientôt repartir en direction du Visitor Center pour une étape dans des WC mobiles au confort rudimentaire… l’attente pour la vidange est longue et nous empêchera de faire le tour des stands attrape-touristes afin d’aller vérifier si la fameuse grand-mère prise en photo par tous les visiteurs est toujours en vie !
Dans le car qui nous éloigne de ce magnifique parc (à peine partis, on est déjà nostalgiques), Philippe nous donne des informations sur la vie des indiens, leurs fêtes, leurs rites, leurs croyances… et nous parle du Kokopelli (flûtiste annonciateur des bonnes nouvelles) dont nous avons pu déjà voir plusieurs fois la silhouette gracieuse sur les objets artisanaux indiens et du Dreamcatcher, l’attrapeur de rêves qui protège des cauchemars en emprisonnant les mauvaises ondes dans sa toile…
Monument Valley au cinéma et à la télévision Bien sûr, La Chevauchée fantastique de John Ford avec John Wayne, mais le réalisateur utilisa le paysage dans d'autres westerns tels que La Prisonnière du désert. Il existe d’ailleurs un point de vue baptisé "John Ford Point ". La silhouette des buttes servit d'emblème à la marque de cigarettes Marlboro dans les années 1950. Il était une fois dans l'Ouest de Sergio Leone montre 2 scènes tournées à Monument Valley. 2001, l'odyssée de l'espace de Stanley Kubrick. Indiana Jones et la dernière Croisade de Steven Spielberg Retour vers le futur III, Forrest Gump, Vertical limit…
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