Alors, aujourd’hui, je ne suis pas sûre que ce soit LA journée… après tout, fini l’ouest mythique des cow-boys et des indiens, les canyons, les déserts… nous voici revenus dans la civilisation !
L’étape d’aujourd’hui nous conduit à Yosemite National Park (ah tiens, on n’a pas encore fait tous les parcs nationaux…) en passant par Fresno (500.000 habitants) où l’on s’arrête pour faire les courses : aujourd’hui, on pique-nique !
Dans un petit supermarché, Philippe nous achète du pain (sous cellophane), des chips, du jambon, une pâte blanche qui ressemble à du fromage, de belles fraises, des tartes aux fruits (tiens, deux desserts ?) et du vin rouge… on va manger français !
Pendant le trajet (les jeunes voudraient bien jouer aux cartes au fond du car mais on les en empêche… ils font trop de bruit !), nous écoutons religieusement notre guide nous donner des infos sur la société américaine. Ce qui est intéressant, c’est que nous avons en plus le point de vue d’un français, qui peut ainsi faire des comparaisons, et nous apprend, entre autres, qu’on a beaucoup de chance de vivre en France, car ici :
§ faible protection sociale (34 millions d’américains n’ont pas de couverture médicale car elle ne rembourse que les frais d’hôpitaux avec une franchise de 2000 $... quant aux hôpitaux gratuits pour les indigents, ils sont paraît-ils surchargés et « avec une hygiène pas terrible »)
§ consommation encouragée à outrance (système revolving qui facilite le surendettement)
§ durée de travail non limitée (quand on dit à un américain que les français ont obtenu les 35 heures, ils réagissent en demandant « et ils l’ont mérité ? » Mipp ! vous pouvez répéter la question ?)
§ et surtout, le pire, faible variété des produits de consommation (on trouvera dans les supermarchés des dizaines de marques différentes de confiture de fraise par exemple, mais peu d’autres parfums, sans parler du fromage insipide, car il n’est pas pensable de consommer ici des produits non pasteurisés, et pas de quiche, pas de pâtés… bref Philippe est visiblement en manque de saucisson et de Picodon !)
Bon, c’est vrai, on n’a pas vraiment le droit de se plaindre les français… sauf qu’on n’a pas le Grand Canyon, nous !!! Par contre, et contrairement à ce qu’on croit, les américains se sentent très concernés par la pollution de la planète : le recyclage des déchets est très bien organisé et on commence à commercialiser des véhicules avec moteur à hydrogène.
Nous nous dirigeons donc vers la Sierra Nevada qui abrite le parc de Yosemite (prononcer Yossémiti) à l’est de la Californie, premier parc protégé de l'histoire grâce à un décret signé par A.Lincoln en 1864.
C’est aujourd’hui un site réputé auprès des randonneurs et des grimpeurs du monde entier, mais nous, on va se contenter de grimper dans le car et dans l’estime de Philippe que l’on aidera à préparer le pique-nique…
Surtout Norbert qui s’occupera du vin, bien sûr !
La surface du parc est de 3000 km², mais les touristes se concentrent dans le 1 % de la vallée Yosemite, parcourue par la rivière Merced, à 1200 m d’altitude et entourée de montagnes grandioses qui culminent à 4000 m.
C’est une réserve naturelle précieuse pour de multiples espèces d’animaux (près de 80 espèces de mammifères et 135 espèces d’oiseaux) et de végétaux (chênes noirs, aulnes blancs, nombreux pins et fleurs sauvages… sans oublier les 300 séquoias géants que certains d’entre nous iront voir en navette au Mariposa Grove pendant que les autres prépareront le repas…) Tout ça présente un équilibre fragile, le parc étant souvent victime d’incendies ou d’inondations, à tel point que les autorités californiennes envisagent de le fermer pour en faire un sanctuaire naturel (ouf, on aura eu le temps de le voir avant !)…
Et voilà, bien sûr (mais vous allez finir par ne plus me croire), le site est à nouveau magnifique, on se croirait dans le film « Et au milieu coule une rivière », on s’attend presque à voir Brad Pitt pêcher à la mouche dans la rivière peu profonde où nous rinçons nos fraises… fraises qui se révèleront constituer en fait l’entrée de notre repas ! (c’est vrai, dans les buffets, j’avais déjà remarqué que les fruits étaient présentés à côté des salades…)
Les jeunes en profitent pour bassouiller un peu (connaît pas le mot, l’ordinateur…) tandis que leurs parents attendent courageusement au sec sur la rive -avec leurs appareils photos- qu’un de leur rejeton (n’importe lequel, on ne fera pas les difficiles…) leur fasse le plaisir de tomber à la baille…
...mais en vain ! (pourtant, y'en a qui ont pris des risques !)
Moment bucolique dont nous aurions bien profité plus longtemps, mais il faut repartir, on a encore de la route à faire…
Nous continuons à traverser le parc sur plusieurs kilomètres avec un sentiment constant de frustration : impossible de s’arrêter pour profiter de tous ces endroits enchanteurs qui nous appellent : « venez vous baigner dans l’onde pure et fraîche, venez faire la sieste à l’ombre des sapins, venez donc écouter le chant des oiseaux bleus qui pullulent dans les branches… » (soupir)
Nous arrivons bientôt au point de vue le plus célèbre du parc, le Tunnel View, d’où l’on peut admirer l’ancienne vallée glacière de Yosemite, et l’une des plus grandes chutes d'eau d’Amérique du Nord, le Voile de la Mariée (c'est à la fin du printemps qu'elles sont les plus belles, lorsque la neige et les glaciers fondent et les alimentent, aussi, là, en plein mois d’août, elles sont un peu riquiqui) ainsi que les hautes falaises qui l’entourent : les Cathedral Rocks à droite, l’impressionnant El Capitan à gauche, énorme monolithe de granite dont les alpinistes adorent grimper la paroi abrupte de 900 mètres de haut (on peut en voir aujourd’hui comme tout le reste de l’année, jour et nuit paraît-il…)
et le Half Dome au fond, devenu emblème du parc, bloc granitique dont la calotte sphérique est tranchée (d'où son nom)
Les chutes Bridal Veil
Nous nous amusons devant le manège d’un petit écureuil (oui, je sais, encore ! mais à choisir, on préfère affronter ce genre de faune plutôt qu’un des ours bruns, symbole de la Californie, qui peuplent le parc et adorent éventrer les sacs et les voitures qui ont le malheur d’abriter de la nourriture…) écureuil, donc, qui croit échapper à notre vue en s’aplatissant sur le sol, immobile… l’a encore des progrès à faire en matière de technique de camouflage !
Nous traversons la vallée jusqu'au Visitor Center
pour admirer les Yosemite Falls
Nous quittons la Sierra Nevada pour longer des champs jaunes genre « La petite maison dans la prairie » (je connais mes classiques)... Photo trouvée sur le net
...sauf que leurs crêtes sont couvertes d’éoliennes !
Nous traversons Mariposa, très joli village style western fondé au milieu du 19e siècle pendant la période de la ruée vers l’or, en direction de Modesto où nous allons passer la nuit. Je ne me souviens plus où on a pris notre repas du soir, par contre je me rappelle très bien le banana split que j’ai englouti à la fin du repas !
Nous arrivons à l’hôtel Ramada Inn, très jolis extérieurs, mais lorsque Charline ouvre la porte de notre chambre, elle en ressort aussitôt, le visage vert comme un personnage de bandes dessinées : l’odeur de cigarette y est suffocante !
Philippe est prêt à nous donner la sienne + celle de Lloyd mais finalement tout s’arrange… (heureusement car Lloyd n’avait pas l’air enthousiaste à l’idée de partager sa chambre avec Philippe…. faut dire qu’ils continuent à se disputer discrètement dans le car, Lloyd étant un peu dur à la comprenette quand Philippe lui indique la route ! )
Pour se réconforter, on profitera bien de la piscine extérieure et du jacuzzi, on met l’ambiance dans le motel , y’a même un vieux ZZ Top bien pervers qui préfère aller chercher sa bière et s’asseoir devant sa chambre pour nous zieuter plutôt que d’aller regarder la télé ! (ambiance craignos !)