Aujourd’hui c’est LA journée (bon, d’accord, je sais !) : nous allons à Las Vegas !
En fait, comme toute passionnée de paysages qui se respecte, j’attends plutôt cette étape avec curiosité qu’avec enthousiasme puisque nous n’allons pas visiter de Parc National aujourd’hui… mais bon, c’est vrai qu’on a vu très peu de villes depuis 4 jours…
En plus, le soleil n’est encore pas au rendez-vous, il pleuvine (hier soir, ils ont, paraît-il, battu des records de froid pour un mois d’août à Las Vegas ! Cela dit, les températures restent agréables, et seuls les frileux oseront enfiler un gilet …)
Pendant que les jeunes jouent aux cartes au fond du car (on les a retrouvés !), j’écoute donc d’une oreille distraite Philippe nous parler du petit Parc d’Etat que nous allons traverser, la Vallée du Feu, un joli nom qui évoque un endroit désertique et très chaud à 1h de Las Vegas…
et ce sera encore une fois l’émerveillement ! Pour tout dire, un de mes endroits préférés au cours de ce voyage…
Alors que le désert de Mojave est gris doré autour de nous, tout à coup, au détour d'une haute colline, le décor change, et nous nous retrouvons au milieu d'un paysage de roches aux tons rouge et orange flamboyants auxquelles l'érosion a donné des formes fantastiques : l’"Elephant rock" (avec sa trompe reliée à la terre), les "Seven Sisters"(sept énormes rochers situés le long de la route), les "Beehives" (rochers érodés par le vent qui ressemblent à des ruches) ou les "White Domes"(rochers blancs situés à l'extrémité nord du parc et qui contrastent avec le paysage environnant).
Les Beehives
et leur abeille...
Nous nous arrêtons au Visitor Center qui offre une exposition géologique et archéologique sur la flore et la faune de la région et sur ses pétroglyphes, témoignages de l’occupation humaine, d'abord par des indiens Païutes à partir de 300 av Jésus-Christ, puis par les Anasazi.
Nous apprenons que La Vallée du Feu, autrefois recouverte par la mer, tient à la fois son nom des formations de grès rouges qui étincellent au soleil levant et de la chaleur écrasante qui y règne en été… (près de 50°C ! Oups, on est contents qu'il pleuve et qu’ils aient battu des records de froid la veille !)
Les bouleversements géologiques qui se sont produits pendant l'âge des dinosaures (il y a 150 millions d'années) associés à l'érosion ont créé le paysage d'aujourd'hui. Sans qu'on en connaisse très bien le mécanisme, une pellicule sombre se forme sur les parois de grès (dépôts laissés par la pluie, oxydation ?) Les américains l'appellent "desert varnish", le vernis du désert. En le grattant, on fait ressortir la couleur naturelle de la roche. C'est ainsi que les Anasazis nous ont laissé des traces de leur activité artistique ou spirituelle, un véritable trésor archéologique dont nous ne verrons malheureusement que des photos (il faudra revenir !)
Philippe nous emmène ensuite jusqu’à un superbe point de vue (Rainbow vista) où l’on peut se régaler de toutes les nuances que prend la pierre dans ce lieu.
Nous grimpons un haut rocher et comme je m’arrête souvent pour tirer des photos, je suis (comme toujours) à la traîne et je m’étonne d’entendre les autres s’exclamer et rire au fur et à mesure de leur arrivée au sommet… en fait, l’électricité statique est tellement forte à cet endroit que nous avons tous les cheveux qui se dressent sur la tête !
Puis Philippe nous annonce qu’il avait l’intention de nous proposer une petite promenade dans la vallée mais que, hélas, à cause de la pluie… nous nous récrions tous haut et fort, on se moque de la pluie, on veut la ballade, c’est trop beau !
Et nous ne regretterons pas d’avoir bravé les éléments (surtout qu’il ne pleut plus…)
L’endroit se prête à tous les superlatifs, c’est grandiose : terrain de géants, paysages lunaires… non plutôt martiens,
avec des vestiges de bois pétrifiés ou des arbres qui poussent on ne sait comment dans la roche,
concrétions en forme d’arches,
ou de personnages…
défilés étroits,
on se croirait revenu à l’ère du Jurassique !
Pas étonnant que le site ait été souvent utilisé comme décor de films d'Hollywood comprenant les séries de Star Trek et plusieurs sagas préhistoriques… comme ils disent sur un site américain traduit très approximativement en français : «c’est extra-terrestriel !» (sans parler des indiens qui «populaient » le lieu…)
L'apothéose de notre promenade... c'est magnifique !
Nous reprenons le car, convaincus qu’il nous faudra revenir un jour pour voir la roche flamboyer sous le soleil… cela dit, à 50°C, je ne suis pas sûre qu’on aurait autant apprécié la ballade !
Nous sommes un peu en retard sur le planning, et c’est en début d’après-midi que nous nous arrêtons manger un peu avant Las Vegas (à Logandale ?), dans un restaurant-buffet-casino orgiaquisant (connaît pas ce mot, l’ordinateur…) avec plusieurs pôles de cuisine différents : italien, mexicain, poisson, grill, fast-food…. sans parler du buffet des desserts, une horreur !
Nous nous remplissons la panse de Tacos et de gâteaux en prévision du dîner libre de ce soir… on prévoit en effet de sauter le repas ! Ce qui nous donne donc un prétexte pour nous empiffrer sans remords... (ma mémoire refuse toutefois de me dire le nom de la boisson qu'on nous avait servie...)
Le restaurant surplombe l’incontournable casino décoré d’une immense maquette d’avion (c’est d’un goût !) et affiche les photos et les noms des américains tous obèses qui sont censés avoir gagné des sommes astronomiques sur les machines à sous du lieu… (en fait il faut savoir que c’est toujours le casino qui se gave !)
Le retard pris sur l’étape ne va donc pas être comblé vu les heures passées dans ce lieu paradisiaque, véritable Eden pour les papilles gustatives… nous n’aurons donc pas le temps de nous arrêter au lac Mead, grand réservoir artificiel alimenté par les eaux du fleuve Colorado, et Philippe ne nous dira que deux mots dans le car sur le barrage Hoover, construit en 1935, et qui alimente Las Vegas en électricité… il nous faudra revenir !