La photo du jour
Les grands Tikis marquisiens
Je suis actuellement à Nuku Hiva où j'ai réussi à trouver une connexion internet qui fonctionne à la vitesse d'un escargot et c'est de la terrasse d'un resto fermé et non éclairé, juste accompagnée d'une armée de moustiques prêts à bondir que j'écris ces quelques lignes... aussi juste quelques photos pour vous donner un aperçu de notre excursion sur l'île d'Hiva Oa, les légendes plus tard !
Ce matin, le Machu Picchu est bien dégagé (me souviens jamais du vrai nom !!!!)
Nous nous régalons avec les petits déj de Jojo... sa confiture de banane rouge est une tuerie ! Admirez aussi la dimension des pamplemousses... c'est l'orgie tous les matins !
Aujourd'hui, vous l'avez compris, c'est la journée des Tikis... celui-ci a les a fesses aussi rebondies que celles de Jojo, cela fait hurler de rire Gigi lorsque je le lui fais remarquer !
Humu (de son vrai nom Kaimuko Denis Humukohea... oui ben si vous connaissiez mon nom de jeune-fille, vous ne trouveriez pas le sien compliqué !) est notre guide...
...il a fait toute la journée pieds nus, même la conduite du 4X4 !
Danseur à ses heures, très attaché à défendre et à sauvegarder la culture de son pays, il s'investit dans des films et des reportages (ici pour le National Geographic en 2011) et dans les festivals d'arts et cultures. J'avais lu sur Tripadvisor des critiques sur le fait que Jojo faisait travailler sa famille quand il conseillait des guides (c'est son gendre !) mais bon, non seulement nous trouvons ça normal mais en plus, je pense que nous avons eu de la chance de l'avoir pour guide...
Je m'étais jurée que je ne vous mettrais plus de photo de la baie mais, avant de partir en excursion, nous sommes montés chez Humu et, vu d'encore plus haut, sans les lignes électriques... c'est vraiment "amazing-oh-my-god" !
De chez lui, on peut voir la quasi totalité de la baie des Traîtres (son nom viendrait du fait que les baleiniers qui accostaient là soûlaient les indigènes pour les enlever et les réduire en esclavage)
Sa maison...
Nous partons vers le nord est de l'île où, rapidement, nous trouvons... la pluie ! Heureusement, le temps change très vite dans les îles...
Nous découvrons le pandanus, plante ressemblant au palmier et aisément reconnaissable grâce aux nombreuses racines aériennes qui rejoignent la terre en créant un contrefort pyramidal.
Ses feuilles sont utilisées en vannerie ou pour les toitures (comme celle de la maison du Jouir), les pieds mâles portent la fleur odorante Hinano (donc, ce n'est pas uniquement le nom de la bière préférée de belle frérote...) tandis que les pieds femelles ont un fruit semblable à l'ananas qui devient rouge en mûrissant et avec lequel on fait des colliers... quant à la sève extraite de la tige du fruit, elle sert de base à une boisson alcoolisée ! Que des bienfaits !
Après quelques kilomètres de bitume, nous entâmons la piste caillouteuse qui fait le tour oriental de l'île en grimpant des monts jusqu'à des cols/panoramas...
...puis en descendant dans des vallées...
qui se terminent sur des baies étroites et profondes comme des fjords...et tout ça sous la pluie...
Bref, pas vraiment reposantes les routes sur ces îles volcaniques : ça a d'ailleurs de drôles d'effets sur notre comportement !
Donc, on monte...
On descend...
On remonte...
On redescend pour s'arrêter dans un village en bord de mer où nous dégustons la noix de coco et la banane séchée (on devait s'arrêter aussi dans la bananeraie mais trop de pluie !)
Cela nous donne l'occasion de visiter une maison marquisienne...
Les pièces sont toutes multifonctions... il y a même un lit sur la terrasse !
La banane séchée, tout le monde aime...
... mais attention, on ne partage pas tout !!!!
Le jardin...
Le copra de coco sèche sous les déjections de volatiles divers... je n'ose pas imaginer quels ingrédients imprévus s'invitent ainsi dans la fabrication du monoï !
Heureusement le parfum de la fleur de tiare est suffisamment puissant pour masquer d'autres éventuelles odeurs...
...sans parler du Ylang Ylang que les Marquisiens appellent "Chanel n°5" car son essence entre dans la composition du célèbre parfum (j'en avais dans ma couronne de fleurs du frérot... trop de la chance, moi !)
et des frangipaniers
Je n'ai pas l'habitude de traiter mes photos de paysages en noir et blanc mais là, entre la pluie et le contre-jour, la décoloration se justifiait...
Nous continuons vers Puamau, en découvrant le Piton de Toea (= vagin sacré !) et sa couronne d'arbres de fer au sommet...
On voit bien ici les racines aériennes des pandanus
Tiens, du coton pour se démaquiller ce soir...
On fait connaissance avec la faune sauvage...
...laissée en totale liberté en bord de route...
Un de ces screugneugneu de très beaux coqs qui nous réveillent le matin aux alentours de 4h !!!!
marquisiens très joviaux, eux aussi en liberté au bord de la route !
Nous arrivons au site du Me'ae Lipona (on dit Marae en Polynésie mais Me'ae aux Marquises) : c'était un sanctuaire réservé aux rites religieux ou aux sépultures des grands prêtres.
Celui-ci daterait du 18e siècle : il regroupe de nombreux tikis dont le plus grand de Polynésie (les plus hauts étant situés sur l'île de Pâques)
L'humidité développe des champignons qui attaquent les arbres et malheureusement aussi le basalte et le tuf de ces anciennes constructions et sculptures.
Nous sommes surpris de constater que malgré sa fragilité, le site n'est pas gardé et les visiteurs peuvent à leur gré escalader les pierres pour marcher sur les terrasses et toucher les statues...
L'état de délabrement de ces trésors et leur absence de protection nous attristent : nous ne comprenons pas que les autorités françaises laissent se dégrader ces témoignages du passé.
Humu nous explique alors que la plupart des Me'ae sont en fait des propriétés privées et que les propriétaires ne laissent pas les archéologues et conservateurs intervenir sur les vestiges pour les restaurer car beaucoup de superstitions sont rattachées à ces lieux... les sites et les idoles sont "tapu" c-a-d sacrés... (d'ailleurs, les premiers essais de "débroussage" de l'endroit ont coincidé avec la disparition en mer du Dornier, l'avion qui effectuait la liaison Papeete/Hiva Oa... du coup ça a renforcé les superstitions !)
Les Tikis représentent ici des ancêtres déifiés, ceux dont le "mana" était très grand.
En plus du grand Tiki, deux d'entre eux présentent un caractère exceptionnel :
le Tiki assis (sûrement l'épouse du Grand Tiki)
et le Tiki couché, initialement retrouvé sur le dos, et qui représenterait une femme en train d'enfanter.
Nous retournons en bord de mer et le ciel se dégage enfin, pile au moment de notre pique-nique...
Trop beau !
Impossible alors pour Humu et moi de résister à l'appel de l'océan malgré la crainte des nonos !
Le pied !
Le retour nous apportera des points de vue magnifiques où l'océan se montre enfin avec tout son camaïeu de bleu grâce au soleil
Comme ici la vallée d'Eiaone
Une des plus belles de l'île selon Humu
On apprécie le point de vue !
Puis nous recommençons à monter et descendre en direction d'Hanaiapa
avec un petit arrêt au village de Nahoe...
...pour aller admirer des pierres gravées,
à côté d'une moderne petite église.
Ben... quoi qu'ils regardent ?
Ça ! Juste un peu plus grands que celui de mon jardin...
Moi, pendant ce temps, je m'extasie sur la longueur des cheveux d'Humu !
Fin de journée dans un petit coin de paradis cher à Humu, dans la baie d'Hanaiapa : Fatu Tue, le lieu de son enfance...
Petite promenade jusqu'à la plage...
On admire la végétation des jardins
Oui, parce que quand j'ai parlé de paradis, ce n'était pas un mot en l'air...
Etonnant, non ?
Nous voici en Asie !
On assiste à un très beau coucher de soleil sur le rocher appelé "Tête de Nègre"...
Et pour finir la journée...
...une repet de danses marquisiennes, en récompense !
La vidéo...
Martine à Humu : "On n'a pas l'habitude de voir des montagnes sur la crête des arbres !"
Une journée entière de piste caillouteuse, trop dur pour la santé fragilisée de Norbert... va nous finir la soirée dans un état second et aura beaucoup de mal à se remettre de cette excursion... Du coup, n'a pas autant apprécié la balade que moi : si pour ma part j'ai adoré le "into the wild" de ces paysages sauvages où nous étions tout seuls, lui ne les a pas trouvé très diversifiés (c'est vrai que cols/vallées/baies suivis de cols/vallées/baies...)