Vous jugiez -à juste titre - que le reportage de notre voyage 2018 avançait démesurément lentement ?
En fait, j'avais une EXCELLENTE excuse : j'étais en train parallèlement de préparer un nouveau roadtrip...
Retraite oblige... nous partons encore en dehors des congés scolaires mais cette fois sans Martine... J'entends d'ici vos soupirs de regrets : pas de CDJ* et de PDJ*pour égayer vos longues soirées de printemps... mais promis, si elle nous en fait à distance, je vous les raconterai !
Nous allons enfin explorer une partie des USA tout à fait inédite pour nous... le grand sud ! Celui des bayous, des alligators, des moustiques, des pluies diluviennes et des Ohlalas* à foison... bon, les moustiques, normalement, on ne devrait pas trop en voir à cette saison... Pour les pluies, on est moins rassurés... faudra peut-être emporter deux paires de chaussures de marche cette fois ! (oui, oui, je sais, si je n'oublie pas d'en prendre au moins une, ce sera déjà un progrès...)
Le suspense de ce roadtrip (outre la météo bien sûr) : n'allons-nous pas, après avoir fait une overdose d'arbres dans l'Oregon et l’État de Washington, faire une overdose de Ohlalas cette année ? Nous qui aimons tout particulièrement les maisons Victoriennes, Queen Ann ou Greek Revival, à tourelles, en bois coloré, avec colonnes, vérandas et jardins luxuriants... au point que leur simple vue nous détournait des attraits maritimes de la côte de la Nouvelle-Angleterre... allons-nous revenir blasés ?
Et la deuxième question : rencontrerons-nous Gali l'alligator cher au cœur de notre fils Maxime ? Vous ne connaissez pas Gali ? Cliquez sur l'image ci-dessous pour une petite vidéo... ce serait dommage de manquer ça !
A BIENTÔT !
Si vous souhaitez me poser de questions sur ce roadtrip, vous pouvez cliquer sur "contact" dans la case présentation en haut à droite de cette page (version bureau sur votre smartphone), je vous répondrai avec plaisir !
Ci-dessous la liste de nos hôtels avec coordonnées et prestations.
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J-1 avant le départ : le cumulus fuit, le congélateur s'est arrêté depuis... ben, en fait, on ne sait pas quand... et Norbert a des vertiges doublés de nausées... mais à part ça, tout va bien !
Quant à moi, je suis contente, j'ai réussi à troquer ma grosse valise Barbie contre une petite même pas remplie... 19 jours de roadtrip au lieu de 30, ça nous change !
Et maintenant un peu d'histoire...
Depuis notre première découverte des Etats-Unis en 2005, nous avons fait 12 roadtrips nord-américains, dont 10 dans l’ouest… c’est dire que nous n’avons pas choisi cette destination en priorité, plus attirés par les légendes de l’Ouest ou par les gratte-ciels des villes de l’Est, les paysages incroyables vus à la télé, le mythe du cow-boy et des indiens, John Wayne et Clint Eastwood…
Et puis dans notre inconscient, la Louisiane et les États du Sud ne jouissaient pas d’une bonne réputation : insécurité, saleté, ségrégation, moustiques, chaleur, ouragans…
En fait, c’est surtout l’attrait de l’histoire de la musique - du Gospel à la Country en passant par la Soul, le Rock et le Rhythm'n'Blues - qui nous a décidés… faut dire que j’ai un mari musicien !
Et puis, sur place, c’est la surprise… coup de foudre ! Nous sommes conquis immédiatement par la Nouvelle-Orléans, son ambiance, sa propreté, son accueil, la beauté de son architecture, la cuisine cajun…
A NOLA (pour les intimes... c'est le raccourci de New Orleans LouisianA... mais on la surnomme aussi "Big Easy" pour sa coolitude ou "Crescent City" pour sa forme en croissant), des surprises, on en trouve à tous les coins de rue…
Mais pour nous, la première surprise vient de l’histoire même de la Louisiane : on n’avait pas pris conscience que la France possédait au 18e siècle un si grand territoire en Amérique du Nord, avec une Louisiane qui, dans sa plus grande extension en 1720, s'étendait du golfe du Mexique jusqu'au Montana !
Comme on peut le voir sur ces 2 cartes, la Louisiane était en effet beaucoup plus vaste que l’État américain qui porte ce nom aujourd’hui … c’est donc une grande partie du territoire de l’Amérique du Nord que la France a vendu progressivement aux États-Unis.
En fait, elle faisait partie des 5 colonies françaises de la Nouvelle-France de 1682 à 1762, année où sa partie occidentale fut cédée à l'Espagne (alliée de la France contre la Grande-Bretagne), lors du traité de Fontainebleau. L'année suivante, Louis XV, avec le Traité de Paris, accordait aux Britanniques les territoires de la Louisiane situés à l'est du Mississippi, à l'exception de La Nouvelle-Orléans qui restait espagnole. La Louisiane espagnole allait redevenir française en 1800 pour être vendue aux États-Unis en 1803 pour un montant de 80 000 000 de francs.
Aujourd’hui 3,5% de sa population est francophone, principalement chez les Cajuns, descendants des acadiens de la Nouvelle-France. Mais ce qui fait la particularité de la Louisiane, c’est son métissage culturel : français, anglais, espagnol, africain, créole, cajun, descendants issus de mariages mixtes blancs-amérindiennes… bref un joyeux cosmopolisme qui donne un caractère bien à part à cet État au sein des Etats-Unis.
Prêts à nous suivre et à partager nos impressions ?
Bon, le congélateur, le cumulus et Norbert ayant pu être réparés à temps, nous voici sur un vol de la British Airways avec étape à Londres où je découvre avec bonheur les boutiques de l'aéroport d'Heathrow... entièrement dédiées à Harry Potter et Game of Thrones, chef d’œuvres de la littérature fantastique que, heureusement, Norbert connait... de nom !
C'était notre première expérience avec British Airways : on a apprécié les dispositifs de sécurité drastiques (mon sac-à-dos a été entièrement inspecté et vidé à cause d'un malheureux tout petit spray d'eau d'Evian...), les films dans l'avion exclusivement en anglais (mais pas besoin de comprendre pour "A star is born", il suffit de mater Bradley Cooper...), un atterrissage en zig-zag (une première !) et la surprise pour le tea-time pendant le vol !
On arrive à la Nouvelle-Orléans sous 29°C, on rejoint en taxi notre hôtel à 21h, c'est 4h du matin en France... En espérant qu'on va pouvoir dormir parce que notre chambre donne pile sur la rue où passe le "tramway nommé Désir" (en l'occurrence, nous, notre désir c'est surtout qu'il arrête de passer !)
On mange dans un resto de l'aéroport d'Heathrow... Norbert "ouais, ben, c'est de la bouffe alimentaire !" Cqfd...
Ah ben oui, pas de doute, nous sommes bien au pays de Tom Sawyer ("c'est l'Amérique, le symbole de la liberté. Il est né sur les bords du fleuve Mississipi, Tom Sawyer c'est pour nous tous un ami..." Ok, il faut avoir déjà un certain âge pour comprendre...)
Nous nous réveillons de bonne heure, comme toujours avec les effets du jetlag, aussi nous en profitons pour aller faire le tour du quartier des Affaires où nous logeons (Downtown/CBD) afin de trouver une supérette pour acheter nos encas alimentaires... mais, il va s'avérer difficile à NOLA de trouver des supermarchés avec des produits frais... heureusement, un ou 2 muffins pour accompagner le café -toujours à dispo dans les chambres d'hôtel- nous suffisent pour notre petit-déj !
La Nouvelle-Orléans a été fondée par les français en 1706 à l'embouchure du fleuve Mississipi, à l'endroit où il fait un coude qui crée comme une petite baie...
C'était, au 19e siècle, le plus grand port d'Amérique du Nord et le centre d'un commerce international très lucratif : le coton, dont presque toute la production transitait par la ville.
Aujourd'hui, c'est une des villes les plus pauvres des USA et des plus dangereuses aussi mais si on s'en tient aux quartiers touristiques du centre-ville à savoir Downtown, Garden, French Square, Treme, Marigny (ce qu'on a bien l'intention de faire), ça devrait bien se passer !
Voici le fameux "Tramway nommé Désir" de la rue St Charles qui passe bruyamment sous nos fenêtres... heureusement, il ne circule pas la nuit !
Dès nos premiers pas dans ce quartier, nous sommes étonnés de trouver une ville moderne, très propre, finalement très américaine avec ses gratte-ciel, ses immeubles Art-Nouveau et ses bâtiments néo-classiques...
Nous sommes logés près du Lafayette Square où trône la statue de Benjamin Franklin... logique ! (bon, il y a bien une autre statue cachée derrière... mais ce n'est pas Lafayette non plus !)
Nous croisons quelques homeless en train de ranger leurs couchages, on est un peu méfiants mais tous nous gratifient de "bonjours" souriants en français lorsqu'ils nous entendent parler... un tel accueil par des SDF, on n'était pas habitués dans les autres villes américaines !
Gallier Hall, de style néo-grec, était la mairie de la Nouvelle-Orléans jusqu'en 1950. A gauche, l'ex Soule Business College
Le quartier regorge d'hôtels, c'est vrai que, nous le constaterons plus tard, ce district est très calme comparé aux autres quartiers touristiques de la ville. Au premier plan, il s'agit d'une salle de réception à louer... pensez-y pour vos prochains mariages !
Et voilà nos premiers édifices au balcon forgé... et munis de volets ! Cette architecture d'inspiration hispanique fait la particularité de la Nouvelle-Orléans.
La cour d'appel fédérale
Après une petite pause breakfast à l'hôtel, nous empruntons la Rue St Charles en direction du French Quarter.
Vous voyez les passerelles métalliques en bas de la photo ?
Et bien, c'est tenu par ça !!!!
Très bel immeuble, difficile à prendre en entier car la rue n'est pas très large
Nous ne sommes même pas encore arrivés au French Quarter que nous nous extasions déjà sur la beauté des maisons aux balcons en fer forgé (je sais que la fonte, moins chère, a remplacé ultérieurement le fer mais je ne suis pas assez calée pour faire la différence !)
Fonte ou fer, en tous cas, le travail de dentelle métallique est vraiment raffiné
Nous arrivons à Canal Street, très belle avenue qui délimite la frontière du French Quarter : 2 fois 3 voies avec 2 lignes de tramway au centre, hauts palmiers, bâtiments au blanc éclatant, façades très bien entretenues... on n'a toujours pas l'impression de visiter la ville la plus pauvre des USA !
La rue porte le nom d'un projet de canal avorté qui devait au 19e siècle séparer deux mondes bien distincts : la population créole du Vieux Carré (francophone, catholique et festive) et les migrants anglo-saxons en provenance des États du Midwest (protestants et puritains), installés dans ce qui deviendra par la suite le quartier des Affaires... En souvenir de ce point de rencontre entre 2 cultures, le terre-plein central de Canal Street est encore aujourd'hui nommé "terrain neutre"...
Avant d'être envahie par les hôtels et les restaurants, l'avenue était le "mall" de la Nouvelle-Orléans, c'est-à-dire son centre commercial.
C'est à partir de là que la Charles Street devient la Royal street...
Nous sommes donc arrivés dans le quartier hispano-franco-créole... et ça nous le dit partout !
Un peu de chauvinisme de temps en temps, ça ne fait pas de mal...
French Quarter en anglais, Vieux Carré en français... le cœur historique de la Nouvelle-Orléans a été détruit en 1722 par un ouragan, décimé par la fièvre jaune en 1723, fortement endommagé par des incendies en 1788 et 1794 et puis finalement épargné par Katrina en 2005.
Aussi, la Nouvelle-Orléans a beau avoir été fondée en 1718 par le sieur Le Moyne de Bienville qui l'a nommée ainsi en l'honneur du Duc D'Orléans (alors Régent de France), il ne reste pas grand chose des premières maisons sans étage faites de bois et d'écorces, et c'est aujourd'hui le style colonial espagnol qui prédomine dans le Vieux Carré puisque la ville appartenait à l'Espagne lorsqu'elle a été reconstruite (en brique cette fois !) après les grands incendies...
Toutefois beaucoup de rues portent toujours un nom bien de chez nous : Toulouse (ouais !), Chartres, Bourbon, Ursulines, Dauphine...
Comme on le peut voir sur la carte, le French Quarter a gardé un tracé de rue bien géométrique et régulier, à l'Européenne (contrairement aux autres quartiers où l'orientation des rues suit la courbe du Mississippi)... cela facilite énormément la visite !
Nous commençons par entrer dans l'hôtel Monteleone
pour y admirer le Carousel Bar
qui sert, en tournant, des cocktails fameux comme le Sazerac décrété "cocktail officiel de la Nouvelle-Orléans", mélange de whisky, absinthe, sirop et Peychaud's bitter (mix de gentiane, épices et herbes inventé en 1793 par un pharmacien créole du coin.) Bon, là ce n'est pas encore ouvert, dommage... et puis c'est le premier jour, on va rester raisonnable !
Nous continuons sur la rue Royale qui nous offre ses premières maisons aux balcons ouvragés. Après les incendies, une ordonnance du gouvernement colonial espagnol imposa la brique ou le plâtre pour la façade (une couche de 2,45 cm... ah ben oui, fallait mesurer, ça rigolait pas !), les tuiles pour la couverture des toits en appentis et la construction sur 2 niveaux...
Les petites cours intérieures des maisons de maîtres laissèrent la place à de grands patios autour desquels s'établissaient les communs, les logements des esclaves, les écuries et les cuisines (séparées des appartements à cause de la chaleur et des risques d'incendie).
Une grande porte cochère s'ouvrait sur la rue pour laisser passer les véhicules hippomobiles. La façade intérieure était découpée en arcades tandis que la façade extérieure s'ornait de grands balcons en corbeille.
Cette maison n'est pas la plus belle mais elle est célèbre pour avoir failli (lol) héberger Napoléon 1er (le maire de la ville voulait y accueillir l'empereur exilé mais son plan a foiré)... d'où son nom "Napoléon House". Il faut toutefois garder en mémoire qu'ici, même les maisons les plus banales ont à l'intérieur un superbe patio transformé en restaurant ou bar, et c'est le cas ici...
Par exemple, nous sommes rentrés voir celui de Pat O'Briens sur St Peter Street.
La maison date de 1791 et le bar de 1933, il est célèbre pour avoir contourné les lois de la prohibition... il suffisait de connaître le bon mot de passe : "Storm a Brewing" ( = un orage se prépare) en référence au cocktail signature du bar le "Hurricane" (= l'ouragan... on peut dire qu'ils ont le sens de l'a-propos !)
Ensuite nous entrons dans la boutique de la Royal Praline (pas d'amandes ici, c'est un mélange caramélisé de noix de pécan, de beurre, de crème et de beaucoup de sucre... on peut déguster gratuitement, c'est très bon mais... 520 Kcal au 100g !)
Diaporama : Royal Praline Company
Puis nous visitons le Musée de la Pharmacie (514 Charles Street /5$) qui, en 1823, fut la première officine d’apothicaire des USA officiellement reconnue. Le musée regorge donc d'instruments de tortures (j'ai personnellement un faible pour le metabulator...) et nous permet d'admirer un des premiers distributeurs de sodas car au 19e siècle, on mélangeait les médicaments avec de l'eau gazeuse pour en accentuer le principe actif.
Diaporama : New Orleans Pharmacie Museum
Le musée a, bien sûr, lui-aussi son patio...
Nous jetons également un coup d’œil dans une boutique d'armes... faites votre choix, il y en a pour tous les goûts ! Admirez les magnifiques couteaux : le manche est décoré mais la lame aussi...
Diaporama : magasin d'armes
Nous croisons des véhicules de toutes sortes... je dirais hippomobiles, firomobiles, pédalomobiles et électromobiles !
Diaporama : véhicules divers à la Nouvelle-Orléans
Et nous découvrons les décorations et commerces insolites du quartier... (cela dit, rien ne parait étonner personne ici !) : boutiques de Vaudou où vous pouvez demander à jeter un sort à qui vous voulez, gift shops où les gators naturalisés côtoient les tutus de très bon goût, plafond de bar décoré de choppes suspendues, baby-foot des animaux, décorations de carnaval sur les balcons, squelettes et ballons de baudruche... et le meilleur pour la fin, de magnifiques statuettes d'ondins que ne renieraient pas les Village People !
Le Diaporama insolite du jour !
Nous nous dirigeons vers le centre animé du Vieux Carré, en passant devant le très beau bâtiment en marbre et granite de la cour Suprême de Louisiane.
Nous voilà arrivés à Jackson Square, ancienne Place d’Armes de la colonie française en 1721.
Tout autour du square, des artistes exposent des tableaux très colorés qui, je trouve, reflètent bien l'ambiance de la ville.
Sur le côté Nord-Ouest de la place s’élève la Cathédrale Saint-Louis construite en 1794 à la place d’une autre qui datait de 1723 (la plus ancienne église catholique des USA), mais qui fut détruite par l'incendie de 1788.
La statue équestre fait honneur au général Andrew Jackson qui a sauvé la ville de l'attaque des troupes anglaises en 1815, ce qui lui a valu d'être élu par la suite 7e président des États-Unis...
On peut reconnaître une croix de Lorraine sur chacun des deux clochers latéraux de la cathédrale .
Nous montons sur l'esplanade du Washington Artillery Park qui borde le fleuve Mississippi pour une vue surélevée de la place qui nous permet de distinguer sur la gauche de la cathédrale le Cabildo (1715) où eut lieu la rencontre des représentants de la France et des USA venus signer le transfert de la Louisiane aux États-Unis, et sur la droite le Presbytère qui est aujourd'hui le Département d’Histoire naturelle du Louisiana State Museum.
Et voilà, nous y sommes vraiment au pays de Tom Sawyer et Huckleberry Finn...
En plus nous avons de la chance pour les photos car c'est l'heure où le bateau-à-aube, le steamboat Natchez, quitte le quai pour une balade/repas sur le fleuve (croisière que personne ne nous a conseillée car les rives du Mississippi autour de la Nouvelle-Orléans n'offrent parait-il qu'un intérêt très limité...) Et en plus il fait pouet pouet avec de la fumée, trop bien ! (chaque jour, le bateau offre en effet un concert d'orgue à vapeur)
Home of Jax, c'est en fait la Jackson Brewing Company qui fut la plus grande brasserie de bière des États du Sud. Le bâtiment est aujourd'hui un "historic landmark" et accueille des appartements de luxe avec vue sur le Mississippi ainsi qu'un centre commercial.
Il est midi passé, nous avons un peu faim et en plus, le ciel se couvre (mais nous ne verrons pas la pluie annoncée aujourd'hui... nous sommes le 2 mai et il fait 31°C avec un taux d'humidité très supportable.) Du coup nous nous dirigeons vers une institution de la Nouvelle-Orléans depuis 1862 : le Café du Monde...
...qui sert exclusivement des beignets couverts de sucre glace accompagnés de café "français "... au lait et mélangé à de la chicorée !
Quand tu passes 10mn à frotter le sucre avant de commencer à manger... c'est comme les artichauts, tu en as davantage dans l'assiette quand tu as fini ton plat ! Cet en-cas bien consistant va nous servir de repas de midi...
En tous cas, ça tombe bien qu'on se soit arrêtés là, il y a de la musique...
Le soleil est revenu... nous longeons le Jackson Square en passant devant les Pontalba Buildings, immeubles d'appartements de 1850 dont l'architecture aurait été inspirée par celle de la Place des Vosges à Paris.
Nous nous rendons au Presbytère afin de visiter 2 musées pour la modique somme de 6$: le Hurricane Katrina Exhibit et à l'étage, le Mardi Gras Museum (ci-dessus, sur la façade du Presbytère, une représentation stylisée de la ville.)
ça tombe bien, il y a de la musique...
...et pourtant, je vous jure que les musiciens jouent du jazz et pas des berceuses !
(voir en bas de l'article pour une vidéo de ce Brass Band)
Dans le hall l'entrée qui mène aux deux musées, on peut voir le piano de Fats Domino, symbole de l'effet destructeur des éléments naturels...
...car il avait été considérablement abîmé pendant l'ouragan.
A part ça, je ne retrouve aucune photo du premier musée, je ne sais plus si c'est parce qu'elles étaient interdites ou simplement parce que ce n'était pas le lieu pour ça, vue l'émotion ressentie devant ces témoignages douloureux d'un désastre humain et matériel (80 % de la ville a été inondée, une inondation provoquée par deux brèches du système de digue de 7m de haut qui protège une ville construite sous le niveau de la mer)... par contre, j'en ai pris beaucoup dans le deuxième !
La Nouvelle-Orléans est en effet célèbre pour ses fêtes de Carnaval qui rameutent beaucoup de monde (cette manifestation, qui dure 6 semaines, a d'ailleurs été en février 2020 l'épicentre de l'épidémie du Covid 19 en Louisiane...)
Lors des parades organisées par les Krewe (sortes de confréries secrètes héritées du 19e siècle) et accompagnées par des "marching bands", les carnavaliers jettent toutes sortes d'objets du haut de leurs chars : colliers de perles colorés, bibelots, jouets, escarpins à paillettes, peluches, faux doublons, bonbons... C’est le détournement d’une coutume de la Renaissance européenne, quand les monarques et les aristocrates de la cour lançaient de l’argent et des cadeaux à la foule sur leur passage. Aujourd’hui, la capture des perles par le public est symbole de chance et de bonne fortune.
Comme vous pourrez le voir dans le diaporama ci-dessous, les couleurs du Mardi-Gras de la Nouvelle-Orléans sont le violet (la justice), l'or (le pouvoir) et le vert (la foi.)
Diaporama : Mardi-Gras Museum
On fait toute la visite au son du Brass Band qui nous met vraiment dans l'ambiance... et il y a toujours quelqu'un qui danse dans le public (ici un vieux monsieur très stylé avec son parapluie et son chapeau...)
En sortant du musée, on a l'impression de continuer la visite des décos de Mardi-Gras...
Nous empruntons Pirate's Alley nommée ainsi en souvenir des Jean Lafitte du coin qui attaquaient et pillaient les bateaux ennemis en temps de guerre avec l'aval des gouvernements, ce qui leur permettait d'accéder à l'appellation de " boucaniers" à la place de "contrebandiers" et "corsaires" à la place de "pirates"...
Cette ruelle piétonne bien évidemment hantée est habillée de tellement de légendes qu'il parait que les Néo-orléanais trouvent romantique de se marier ici plutôt que dans la cathédrale voisine !
Ah ben justement !
Au 625, on trouve la maison de William Faulkner qui a écrit ici son premier roman, Soldier’s Pay (titre français : "Monnaie de singe". ) C'est aujourd'hui une librairie très old style !
Nous rejoignons la Royal street : dans cette portion de rue, ses magnifiques maisons présentent la plupart du temps des terrasses de café sur leur balcon et des boutiques au rez-de-chaussée.
La rue est piétonne le jour, bouclée par des barrières, et la police est partout... on a d'ailleurs ressenti ici beaucoup moins d'insécurité qu'à Portland, Oregon, où nous avons croisé beaucoup de faune mais aucune voiture de police...
L'architecture est vraiment très belle et en plus ils ont l'art de la magnifier avec les suspensions de verdure...
En plus ça tombe bien... il y a de la musique !
Le monsieur est figé dans cette position sans bouger même un cil !
Avec LaBranche House (700 Royal Street), on atteint l'apothéose... Le design de ses balcons, feuilles de chêne et glands entrelacés, est considéré en effet comme l'un des plus beaux exemples de ferronnerie de la Nouvelle-Orléans. La maison date de 1832 et elle est bien sûr hantée (une sombre histoire d'adultère qui finit mal, puisque monsieur enchaîne sa maîtresse au 3e étage dans les combles et la laisse mourir de faim... romantique à souhait, super pour un mariage !)
Certains historiens minimisent aujourd'hui l'importance de l'influence hispanique au niveau de l'architecture du Vieux Carré et disent trouver beaucoup plus de similitudes avec l'architecture des Caraïbes françaises, surtout en ce qui concerne l'aménagement intérieur... mais quelle que soit l'influence, c'est magnifique !
Je pensais que seules quelques maisons étaient préservées mais en fait toutes les rues du French Quarter sont comme ça et on ne sait pas où donner des yeux (et des oreilles puisque la musique est partout...)
Je vous laisse admirer le panel de merveilles dans le diaporama ci-dessous...
Diaporama : maisons de style hispanique du Vieux Carré
On s'éloigne un peu de l'hypercentre en direction de la rue des Ursulines : dans cette zone du French Quarter, les maisons sont un peu plus modestes, certaines de style créole, d'autres plutôt "Greek Revival" à la mode américaine, mais toutes aussi jolies. Et on se retrouve rapidement presque tout seuls à se balader !
Ci-dessus Gallier House (1132 Royal Street) est une maison de style créole qui a inspiré celle du livre "Entretien avec un vampire" de Anne Rice.
Le Cornstalk Hotel (915 Royal Street) est célèbre pour sa barrière en fer forgé en forme d'épis de maïs : elle aurait été construite pour adoucir la peine de sa propriétaire expatriée de l'Iowa où pullulent les champs de maïs...
Diaporama : Maisons de la partie Est du Vieux Carré
Dans cette partie Est du Vieux Carré, on trouve aussi Jean Laffite's Blacksmith Shop Bar, sur Bourbon Street, qui est une des plus vieilles structures de la Nouvelle-Orléans : datant de 1722, au temps de la colonie française, elle aurait donc vaillamment résisté aux ouragans et aux incendies.... On dit qu'elle appartenait au 19e siècle au pirate Jean Laffite qui, sous couvert de jouer au maréchal-ferrant, s'en servait en réalité pour mener des affaires liées au marché noir... La légende raconte aussi qu'il aurait aidé le général Jackson à gagner la bataille contre les anglais en 1815... aujourd'hui, il hante bien sûr les lieux.
Mme John's Legacy (632 Dumaine Street) est aussi des rares rescapées de l'époque coloniale française. Elle abrite un musée gratuit mais elle est -hélas- fermée actuellement pour rénovation.
Préservation Hall (726 St Peter street) est un haut lieu du Jazz : il a été créé en 1961 en réaction à la popularité croissante du Rock’n’roll, afin de préserver les origines du New Orleans Jazz.
On y joue plusieurs fois par jour les vieux standards du jazz mais l'endroit est exigu et quand on voit la queue au guichet...
On regagne les rives du Mississipi par la Dutch Alley où les murs de la digue sont couverts de fresque (Ils sont mimis au premier plan...)
Une vision du French Market au 19e siècle (Elles sont mimis au premier plan...)
pour faire un tour au French Market, ancien poste de traite situé au bord du fleuve,
et qui propose donc des produits français, style alligator grillé
plats de poulet gombo (ragoût de viande ou de crustacés), crevettes à la créole et jambalaya (sorte de paella)
ou colliers de carnaval...
Donc des bites... enfin des morceaux d'alligator...
Admirez les manettes de la bière pression !
Finalement, on se sent OBLIGES de goûter un cocktail puisque c'est la spécialité de la ville... Bon, pour qu'il y ait moins d'alcool, on en a pris un avec de l'ice-cream dedans... ça passait mieux pour notre 4h !
Whisky, glace, crème de noisettes, liqueur de café... on plane un peu du coup !
En plus, ça tombe bien, il y a de la musique...
Tout ça sous l’œil bienveillant de Jeanne d'Arc, cadeau de la France (forcément, pucelle d'ORLEANS...)
Sinon, à la Nouvelle-Orléans on ne trouve pas que des alligators... (en liberté, perché sur un volet mais je ne sais pas ce que c'est !)
Les écrevisses sont une spécialité de la cuisine cajun
Nous rentrons nous rafraichir un peu à l'hôtel en passant devant la très jolie Louisiana State Bank
Pour revenir au même endroit à la nuit tombée !
Cet après-midi, nous avons en effet réservé notre diner au restaurant "The Court of the Two Sisters"...
....où on entre par une porte bénie par la reine Isabelle d'Espagne et qui jette des sorts !
Nous on préfère manger dans les courtyards qu'à l'intérieur... il fait moins froid !
En plus c'est super joli... (bon, comme vous vous en doutez, le puits est bien sûr hanté car il est suspecté avoir servi aux rites vaudous pratiqués par Marie Laveau, la sorcière du coin...)
C'est délicieux !
Pas le restaurant le meilleur marché de la Nouvelle-Orléans mais on voulait goûter de la très bonne cuisine créole et on n'a pas été déçus (poisson-chat et chair de crabe, maïs, asperges et sauce tartare)
Petite balade digestive autour de la cathédrale St Louis...
Le Cabildo
La rue Royale (redevenue accessible aux voitures) est peu fréquentée le soir car à cette heure, tout le monde est massé sur Bourbon street dans un état d'ivresse plus ou moins avancé ... mais je vous en parlerai plus en détail demain soir !
Car nous, là, on n'en peut plus... on a même des visions !
BONUS FAMILIAL
Diaporama : nous à la Nouvelle-Orléans
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La photo du matin
Aujourd'hui, on a croisé Barbie Blonde, Barbie Bleue, Barbie Mauve et Ken Chili con carne... trop de la chance !
Amoureux des maisons fastueuses Antebellum (= bâties avant la guerre de Sécession des années 1860) vestiges chargés d'histoires de l'époque du "Vieux Sud", cet article est fait pour vous...
Nous, on éprouve pour ces demeures une fascination mêlée de regret (belles mais pas pour nous !), qu'exprime notre interjection récurrente devant ces merveilles d'architecture : "oh la la !", et qui a fini par devenir entre nous (et sur ce blog, pour les habitués...) leur dénomination générique : nous allons donc aujourd'hui faire une balade dans le Garden District et ensuite sur Esplanade Avenue pour voir les Ohlalas de la Nouvelle Orléans...
Pour vous permettre de mieux comprendre les divers styles architecturaux des demeures du Vieux sud, voici un petit récap auquel vous pourrez vous référer si vous le désirez : nous avons déjà vu les "Créoles Townhouses" hier dans le Vieux Carré, reconnaissables par leur balcon en fer forgé, dont certaines Entresol (quand le rez-de-chaussée est occupé par des boutiques), aujourd'hui le Garden District va faire la part belle au style Greek Revival (en France, on dit "néo-classique") inspiré des temples grecs, avec ses colonnes blanches et ses frontons imposants, mâtiné de Queen Ann, vérandas et tourelles, et même de Renaissance Italienne, loggias, fenêtres en arcades et corniches ouvragées...
Sans parler des célèbres Shotgun Houses dont je vous reparlerai plus tard..
Pour nous rendre dans le Garden District, nous empruntons le très peu rapide mais très mythique St Charles Streetcar ($1,25 le trajet), le fameux "Tramway nommé Désir" du film éponyme de Kazan.
C'est le plus vieux tramway du monde encore en circulation (en 1833, il était tiré par des mules), le confort sur les bancs de bois est donc en accord avec l'âge !
Le circuit du tramway nous fait d'abord emprunter une partie de Canal Street
avant de redescendre la St Charles Avenue
Nous nous arrêtons à St Charles § Jackson pour explorer la partie du Garden District qui va jusqu'à la Fourth Street, en englobant Magazine, Prytania, Chesnut et Coliseum. Ce sont les rues où se trouvent les plus belles résidences.
Dès la descente du tramway, on s'extasie déjà devant la beauté des maisons colorées de l'avenue St Charles...
Et ça va continuer ainsi toute la matinée !
Le Garden District était à l'origine constitué de plusieurs plantations aux maisons fastueuses dont la célèbre Plantation du Livaudais. Le terrain a été ensuite divisé en parcelles pour les riches américains protestants qui voulaient vivre loin du quartier français et de sa population catholique créole... Le district a d'abord fait partie de la ville de Lafayette City, ce n’est qu’en 1852 qu’il a été rattaché à La Nouvelle-Orléans.
À l’origine, le quartier était conçu avec seulement deux maisons par block, entourées de jardins luxuriants, d’où son nom. A mesure que la Nouvelle-Orléans devenait plus urbanisée, les grandes parcelles ont été divisées en lots plus petits.
La plupart des demeures du quartier ont donc été bâties entre 1810 et 1860, elles appartenaient à de riches planteurs ou des hommes d'affaires (ayant réussi leurs affaires, donc !)
Certaines sont des Historical Markers, signalées par un panneau racontant leur histoire, soit qu'elles aient été occupées par des personnes célèbres (même du show-bizz comme Sandra Bullock ou Nicolas Cage...), soit parce qu'elles présentent un intérêt architectural ou décoratif particulier...
Par exemple, la Goldsmith-Godschaux House (1122 Jackson Ave), conçue par le célèbre architecte Henry Howard, n'offre pas la façade la plus spectaculaire du quartier mais regorge de trésors décoratifs intérieurs, plafonds peints, fresques murales, frises au pochoir, dorures et rose bonbon (mais pas le temps de visiter aujourd'hui !)
Les maisons sont bien sûr magnifiques déjà de part leur architecture mais elles sont en plus sublimées par des petits détails de décoration, couronnes de fleurs, finesse des grilles en fer forgé, couleur des portes et des volets, vérandas aménagées, vitraux Tiffany, trompe-l’œil... et même un casse-noisettes ! Je n'ose pas imaginer ce que ça doit donner pour Carnaval, Halloween ou Noël !
Diaporama : Garden District, détails des maisons
Sans parler de la végétation luxuriante, des jardins bien entretenus arborant palmiers, magnolias et bananiers, des haies de jasmin odorant que nous longeons au cours de notre promenade...
Du coup, beaucoup de demeures sont cachées derrière la végétation, comme des trésors, à l'image de Payne House (1134 First Street) qui affiche fièrement son "historical marker" sous prétexte que Jefferson Davis, président des États confédérés pendant la guerre de Sécession, y est décédé fortuitement de la malaria.
Diaporama : Garden District, les maisons et la végétation
Mais surtout, superbes, majestueux, enchevêtrés, branches tourmentées et racines envahissantes, mon plus gros coup de cœur de ce voyage...
...les chênes géants centenaires du sud recouverts de mousse espagnole (appelée aussi cheveux d'ange ou barbe de vieillard). Leur ramure est immense, ils forment souvent une voute au-dessus des rues, c'est magnifique, on est conquis !
Diaporama : chênes et mousse espagnole
Dans Garden District, on trouve aussi une mignonne chapelle
St Mary's Chapel (1516 Jackson)
La Trinity Episcopal Church (1329 Jackson Ave)
avec les grandes orgues à côté du chœur...
...et son école privée qui enseigne "l'excellence et la joie d'apprendre aux enfants brillants et curieux et les prépare aux plus hauts diplômes" dès le plus jeune âge...(mais là, pour l'instant, c'est plutôt la prépa de l'apéro, visiblement !)
Le must : le long des trottoirs, n'hésitez pas à utiliser ces poteaux à anneaux pour attacher votre cheval !
Voici maintenant, pour le régal de vos yeux, une liste non exhaustive des maisons classées au registre national des lieux historiques, dans l'ordre de notre balade.
Buckner Mansion et ses colonnes ioniques et corinthiennes, au 1410 Jackson Avenue
Construite en 1856 par un magna du coton, elle a servi de décor extérieur pour l'école des sorcières de Miss Robichaux dans la saison 3 de la série "American Horror Story".
Thorn-Morgan Cottage (1883) au 1435 Jackson Avenue
de style italianisant
Brevard-Rice House, de style Greek Revival (1857) au 1239 First Street.
Achetée en 1989 par l'écrivaine Anne Rice qui y a rédigé bon nombre de ses romans fantastiques comme "The Witching Hour" dans lequel la maison sert de résidence ancestrale aux sorcières de Mayfair.
A noter que Norbert est beaucoup plus intéressé par la dimension de l'arbre que par les sorcières qui hantent la maison !
Carroll-Crawford House (1869) au 1315 First Street, la beauté rose !
Propriété d'un ami de Mark Twain qui y donnait des soirées somptueuses.
Peut-être bien ma préférée avec le style italien de ses fenêtres, ses bow-windows à l'anglaise, ses balcons ouvragés... et sa couleur Barbie !
Chacune de ses façades est magnifique !
Du même architecte, Morris-Israel House (1860) au 1331 First Street est un des plus beaux exemples de style italianisant pur, fenêtres cintrées, dentelles de fer forgé et fines colonnes en fonte. Elle a aussi appartenu à Anne Rice (parce que ça rapporte bien la littérature fantastique...)
Pritchard-Pigot House au 1407 First street a d'abord été bâtie en 1807 comme une simple Townhouse mais l'ajout en 1904 des colonnes doriques et des baies latérales en symétrie l'a transformée en imposante demeure de style néoclassique.
Cette maison au 1423 First Street, très beau mélange grec/italien, fut la maison de Peninah Kruttschnitt, un prénom et un nom pareil ça ne s'invente pas, quand le destin s'acharne sur toi pour te pourrir la vie...
Mise en valeur par la végétation, c'est une petite merveille (oui, en fait, sa vie n'était pas trop pourrie, à Peninah, finalement...)
Toby's Corner (1838)au 2340 Prytania Street serait la plus vieille maison non modifiée du Garden District. Elle reflète le style des maisons créoles, construites sur piliers pour se protéger des crues du Mississippi pendant la saison des pluies.
Bradish-Johnson House (1872) au 2341 Prytania, de style Second-Empire, acquise par un propriétaire de plantation de sucre pour la modique somme de 100.000$ (plus d'1,6 millions aujourd'hui...) A partir de 1929, école privée pour jeunes filles de bonnes familles...
...que voilà ! Bon, ben, les bonnes familles, visiblement, ce n'est plus ce que c'était... Visez un peu la longueur des jupes de l'uniforme...
Adam Jones House (1860) au 2423 Prytania.
La maison a été construite pour John I. Adams : ce marchand a acheté la partie de l'ancienne plantation Jacques François de Livaudais qui est devenue plus tard le Garden District.
Cette belle demeure de 1859, située au 2500 Prytania, a été donnée avec tout son mobilier à la Women's Guild of the New Orleans Opera Association. On peut la visiter ou même la louer pour des événements (pour ceux d'entre vous qui voudraient s'y marier par exemple).
Gilmour-Parker House (1853) au 2520 Prytania Street est actuellement en vente au prix dérisoire de $2,695,000 (mais le propriétaire vient juste d'accepter une offre... désolée !)
Our Mother Of Perpetual Help Chapel.
Ce manoir de style Néoclassique /Italianisant, situé 2500 Prytania, a été conçu par Henry Howard en 1857 pour un riche importateur de café (je ne sais pas pourquoi je précise « riche » à chaque fois…) On l'appelait souvent "le gratte-ciel" car c'était la structure la plus haute du Garden District à cette époque. Après la guerre civile, il a été acquis par l'Église catholique comme demeure pour prêtres âgés(sympa, la maison de retraite !) Plus récemment, la maison a appartenu à Anne Rice, qui l'a utilisée comme décor pour son roman Violin, et par Nicolas Cage (parce que ça rapporte d’être un ange à Los Angeles !)
Ce pavillon en fonte érigé dans le jardin rappelle qu'autrefois, la chapelle "Notre Mère du Perpétuel Secours" de la maison célébrait des messes pour les familles catholiques du Garden District (d'où le nom du manoir).
Au 2605 Prytania, la très jolie Briggs-Staub House cachée par les chênes et la mousse espagnole. Construite en 1849 pour un joueur du nom de Bulitt, c'est l'une des rares maisons néo-gothiques de la ville. Le flambeur ayant perdu au jeu ne put jamais la payer ! L'architecture de la maison a fait scandale à l'époque, les habitants majoritairement protestants du quartier dénonçant son toit à forte pente et ses fenêtres en arc en ogive, trop catholiques à leur goût !
On tourne sur la Third Street pour aller voir au 1415 une des plus grandes maisons du Garden District avec près de 1000m2,la Walter Grinnan Robinson House (1859), imposant manoir de style Gréco-Italien comportant 9 chambres et 10 salles-de-bain, avec des plafonds de 5m de haut... Avec sa forme inhabituelle, son toit faisait office de grande cuve pour recueillir l'eau de pluie.
Musson Bells House (1853), au 1331 Third Street, appartenait à l'un des rares français habitant le quartier, un commerçant de coton oncle d'Edgar Degas, prospère avant la guerre de Sécession mais un peu moins après... Il dut la vendre et emménager sur Esplanade Avenue (où nous irons cet après-midi.)
Une des plus célèbres demeures du Garden District, la Colonel Short's Villa (1859) se situe au 1448 Fourth Street.
On la nomme aussi "the Cornstalk Fence Mansion" car le travail de sa clôture en fonte, décorée d'épis de maïs et d'ipomées grimpantes, est exceptionnel.
Au 2707 Coliseum Street, on trouve la maison d'enfance de Brad Pitt... enfin de Benjamin Button ! Son véritable nom est la Nolan House, il est tout à fait remarquable de noter que c'est aussi le prénom de mon petit-fils...
C'est également sur Coliseum Street que se situent les Seven Sisters (qui sont huit en fait... c'est comme les trois Mousquetaires !), une rangée de maisons de style Shotgun, qualificatif qui mérite un peu d'explications...
Littéralement "maison fusil-à-pompe", la Shotgun House est à l'origine une structure rectangulaire, toute en longueur avec à peine 3,50 m de large, une enfilade de pièces et des portes aux deux extrémités de la maison (une donnant sur la rue et l'autre sur l'arrière). Ce style a aussi introduit dans l’architecture américaine un concept très développé ensuite : le porche.
A une certaine époque, on déterminait le prix du loyer de la maison par rapport à sa largeur sur le trottoir, et non sa superficie totale. Donc les Créoles de la Nouvelle-Orléans on construit des maisons étroites mais toute en longueur pour avoir le meilleur prix...
Leur drôle de nom viendrait du fait que, avec sa forme, un coup de fusil tiré depuis la porte d’entrée ressortirait directement par la porte de derrière... Mais d'autres historiens pensent que cette dénomination a des origines africaines et haïtiennes. En langue fong-be (Dahomey), le terme « to-gun » désignerait en effet une maison...
Ici, ces Shotgun font partie d'une commande destinée à la spéculation... je vous en montrerai de plus authentiques cet après-midi...
Remarque : il existe aussi des "doubles Shotgun", comme nous en avons vu hier dans le quartier français.
Les colliers de Mardi-Gras sont restés attachés aux balcons...
Ci-dessous, d'autres belles Ohlalas du Garden District, attention 😉 risque élevé d'overdose...
Diaporama : Garden District
Après cette balade tranquille où nous avons croisé très peu de touristes, nous voilà arrivés sur Washington Avenue devant Commander's Palace (1893), très beau restaurant de cuisine Cajun qualifié "d'établissement de luxe" sur le web... en principe, cela signifie pour nous "adapté à notre budget dans une autre vie peut-être"...
Il fait face au Lafayette Cemetery (ouvert de 7h à 15h, entrée gratuite) qui est notre prochaine étape. Oui, parce qu'on aime bien visiter les cimetières, nous, aux USA ! Je prévois toujours dans nos roadtrips au moins un musée, un cimetière et un jardin botanique !
Ici, l'arrêt est incontournable (d'ailleurs, on y retrouve les touristes): ce cimetière-là est étonnant aux États-Unis, avec ses hautes stèles, ses statues et ses mausolées imposants... et, bien entendu, c'est le plus hanté du pays.
Bien que peu étendu, le cimetière renferme 1100 tombes et plus de 7000 personnes. On y trouve les tombes d'immigrants de 25 pays différents (avec une majorité d'Allemands et d'Irlandais) et des natifs de 26 États d'Amérique du Nord.
Créé en 1833, il affichait déjà complet 40 ans après, suite à l'épidémie de fièvre jaune...
C'est un site de magie noire, les sorcières, parait-il, y officient encore pour maintenir le lien magique avec leurs ancêtres... Il a servi de décor dans la 4e saison de "The Vampire Diaries".
Le cimetière a été abîmé par l'ouragan Katrina et beaucoup de tombes en gardent les stigmates. (Il est d'ailleurs fermé aux visiteurs pour rénovation depuis septembre 2019 sans précision de date de réouverture...)
Mais le temps a aussi fait son œuvre... j'ai vu sur le web une photo de cette statue toute blanche en haut d'un mausolée en 1999...
Voilà un tombeau, par contre, qui a été bien rénové... pourtant le premier ancêtre de la longue lignée de la famille Ernst est né en 1835... la préhistoire pour les américains blancs !
Ici, un sabre dans une urne... ouais ouais ouais...
Ci-dessous d'autres photos des ohlalas de défunts...
Diaporama : Lafayette Cemetery N°1
Aujourd'hui nous avons l'intention de pique-niquer dans la chambre (et bien non, pas le resto tous les jours !), aussi nous nous postons à l'arrêt du tram pour revenir à l'hôtel... mais de très longues minutes passent... et pas de tram...
...ça nous laisse plein de temps pour admirer les restes de la parade de Mardi-Gras dans les arbres !
En fait, en allant vérifier sur leur site, je découvre qu'un incident a eu lieu sur la voie, qui bloque tous les tramways verts...
Du coup, on a beau aimer les décos dans les arbres... on commence à avoir très faim !
N'écoutant que notre courage... euh notre faim, nous prenons alors la décision la plus folle de notre vie... le lunch au Commander's Palace !
Quand l'hôtesse nous demande si ça ne nous dérange pas de manger dans le patio parce qu'il n'y a plus de place à l'intérieur lol... Ah, dommage, nous qui voulions vraiment manger dedans, dans le bruit et avec le froid de la clim !
La joli carte du resto...
Finalement on est surpris par les prix : par exemple, le cocktail est proposé à 0,75 centimes avec le menu ! Pourquoi donc se priver...
Et en plus, on se régale ! Cuisine fine et service impeccable (ils sont 3 serveurs à se relayer à notre table!), on goûte à l'alligator frit accompagné de "gruau d'huitres fumées" (?), d'oignons et de piments grillés sur coulis de poivron et sauce Tchoupitoulas... bon je ne sais pas trop ce que c'est mais le nom est joli, c'est relevé-juste-ce-qu'il-faut et miam, c'est bon !
Après un plat à base de crevettes tout aussi délicieux, je finis avec un dessert à tomber par terre, même que le serveur a émis des doutes sur ma capacité à tout manger (il me l'a apporté en me disant "good luck!") mais il ne me connaissait pas (ok, j'ai un peu partagé avec Norbert...)
Tout ça pour 76 dollars + pourboire... ça va, on peut continuer notre voyage !
(bon, à condition que le tramway arrête de se faire désirer, il nous ennuie celui-là avec sa propension à faire des jeux de mots débiles en rapport avec le film d'Elia Kazan!)
L'après-midi, pour changer, on se fait le trail des Ohlalas d'Esplanade Avenue où nous continuons à nous extasier... devant les arbres !
Située en bordure du Faubourg Marigny et à la lisière du French Quarter et de Treme, cette longue et large artère arborée relie les rives du Mississipi au Bayou St John. C'est le pendant "créole français" du Garden District visité ce matin, aussi calme et reposant... on y croisera toutefois quelques touristes munis de couvertures, chaises pliantes et chapeaux bizarres, il faut dire que nous sommes en plein New Orleans Jazz and Heritage Festival dont nous entendrons les échos au cours de notre promenade, en provenance du Fair Grounds Race Course (hyppodrome) tout proche... (on ne s'y rendra pas mais ça a son importance pour la suite !)
C'est en bus que nous nous rejoignons les rives du Bayou St John, près de l'entrée du City Park dont nous ne visiterons même pas le jardin botanique... Martine n'est pas là pour râler, du coup, ce n'est pas marrant ! (bon, elle bougonne un peu mais en vrai, elle aime !) En fait, nous ne restons que 2 jours à Nola, trop peu de temps pour visiter les quartiers Est dont Esplanade Avenue va être quand même un petit aperçu, mix de belles demeures coloniales du 19e et de cottages créoles parfois plus anciens...
Nous commençons par la Pitot House, maison de style colonial français construite en 1799 pour la grand-mère d’Edgar Degas (dont la famille maternelle était donc louisianaise). A l’époque, le bayou St John reliait le lac Pontchartrain à la Mississippi River, et de nombreuses plantations s'étaient installées sur ses rives. Pitot House est la seule qui ait survécu.
C'est le même style créole que la plantation Laura que nous avons prévu de visiter demain. Celle-ci est ouverte aussi aux visites guidées de 10h à 15h mais pas aujourd'hui... tant pis pour nous ! Il faudra revenir !
Bon, pour Marie-Laure qui est toujours un peu déçue de ne pas voir les intérieurs... voici le plan de la maison qui révèle la structure classique des demeures de cette époque : 3 pièces à l'avant qui s'ouvrent sur une large galerie, et 2 pièces plus petites à l'arrière avec une galerie en retrait entre elles.
A côté, une bâtisse bien sympa... mais que dire de la pelouse!
Sans parler de la déco des extérieurs... sont très originaux les nains de jardin ici !
De toutes façons, la religion est partout... dans les jardins de cette école
ou de ce particulier
Aux fenêtres
Impossible de louper l'église catholique, bien imposante... et attendez, le meilleur...
...dans un petit parc privé, une reconstitution de la grotte de Lourdes !
On tombe rapidement sous le charme de cette avenue presque toute entière couverte par les ramures des chênes de Virginie.
Les racines énormes soulèvent les trottoirs... la promenade n'est pas de tout repos !
Une belle envergure !(Je parle du tronc, bien sûr…)
Leurs branches touchent même les maisons, à croire qu'elles ne sont jamais taillées.
Norbert trouvent qu'ils ressemblent à des araignées à l'envers
On croirait en effet que les branches sont velues avec la mousse qui les recouvre...
En plus ils sont pleins de petits habitants...
Diaporama : chênes centenaires d'Esplanade Avenue
A part ça, pléthore de Ohlalas : beaucoup sont des Bed § Breasfast de luxe, certaines sont à vendre, d'autres des musées... On trouve tous les styles :
Italianisant
The Art House
Bon, là je ne vois pas trop l'italianisant mais c'est comme ça qu'elle est décrite sur le site de vente !
Néo classique
Free People of Colors Museum
Dufour Baldwin House (1859) au 1707 Esplanade Ave
D'inspiration victorienne ou Queen Ann
C'est amusant de voir comme les façades avant donnant sur la rue sont étroites (pour économiser sur les impôts...) par rapport à la profondeur !
Ces plans créent des aménagements intérieurs très peu fonctionnels, où il faut traverser une pièce pour accéder à une autre... parfois même plusieurs chambres pour rejoindre la cuisine !
Mon style préféré... le Gingerbread (= pain d'épices) !
Oui, oui, je vous jure, c'est un style architectural qui existe ! Il est originaire d'Haïti et mêle style victorien et français, toits très pointus, colombages de bois, dentelles ornementales, frises peintes, balustres et pilastres fantaisie...
Des Shotgun Houses et des cottages créoles très colorés
Et avec toujours une belle végétation et des jardins bien entretenus...
Certaines retiennent tout particulièrement notre attention...
Musson Villa au 2306 Esplanade Avenueest la demeure de la famille créole d'Edgar Degas qui y séjourna 6 mois en 1872 suite à un deuil qui l'avait plongé en dépression... Il y retrouva visiblement l'énergie créatrice, après 2 ans sans peindre, puisqu'il en rapporta 4 dessins et 18 toiles considérées comme les débuts du mouvement impressionniste.
A l'origine, le manoir était l'un des plus impressionnants de la région mais il a été coupé en deux résidences séparées, une partie ayant été déplacée de 6 mètres.
Un bâtiment a été aménagé en Bed and Breakfast (ici, la photo d'une chambre prise sur leur site) tandis que dans l'autre, un musée retrace la vie de Degas et propose de visiter sa chambre et son atelier de peinture. Les visites guidées (30$ quand même...) sont assurées par ses arrières-petites nièces.
En raison de la vue défaillante du peintre et de la luminosité du soleil de Louisiane, toute la collection de la Nouvelle-Orléans a été peinte à l'intérieur de ce qui s'appelle aujourd'hui Degas House.
Remarquables aussi ces 3 maisons de ville aux couleurs de Candy Crush dont l'une d'entre elle, la "Belle Esplanade" en rouge, est également un B§B luxueux...
Au 1819, cette belle maison qualifiée sur les agences immobilières de "Renaissance revival" (gros pléonasme...) sera la vôtre pour 2 millions de dollars, je ne sais pas si le chien de décoration est vendu avec ou pas...
et bien sûr, un aperçu de l'intérieur pour Marie-Laure (c'est vrai que c'est beau... d'autant plus que la maison est vendue entièrement meublée... D'autres photos en cliquant ici !)
Alors lui, peint sur un transformateur, il a l'air super content mais à partir de ce moment de notre balade, nous, on l'est beaucoup moins... On tente de reprendre un bus pour rentrer à l'hôtel mais aucun ne s'arrête... on les voit passer bondés et on a beau à chaque fois avancer jusqu'à l'arrêt suivant, ça ne les vide pas pour autant ! Ils ramènent tous en centre-villele public du festival de Jazz (qui rassemble quand même chaque année 500 000 spectateurs autour de 14 scènes...) et on commence à se dire que cette balade n'était peut-être pas un bon plan aujourd'hui !
A force d'avancer jusqu'à l'arrêt suivant, on finit par rejoindre Rampart Street...
Du coup, quitte à être arrivés jusque là, je propose à Norbert d'aller faire un tour sur Frenchmen Street...
...qui est la deuxième artère la plus animée la nuit après Bourbon Street (en plus, ça tombe bien... la nuit arrive !)
On ne regrettera pas ces kilomètres supplémentaires...
Bâtiments colorés façon créole,
ambiance bohème et arty,
fréquentation jeune,
et surtout musiciens de qualité... en fait, par rapport à Bourbon Street que nous avons déjà expérimentée hier soir, on a l'impression que les gens viennent ici pour écouter de la bonne musique et non pour se bourrer la g..... ! (voir en fin d'article pour écouter une prestation de ce groupe)
- Dans les années 1900, La Nouvelle-Orléans était la ville de tous les mélanges, tout y était possible, et dans le Quartier français la musique sourdait de partout et plus précisément dans les bordels de Storyville. Les meilleurs musiciens venaient s'y perfectionner. Les Blancs se contentaient de frapper du pied, les Noirs eux s'exhibaient dans des danses provocantes qui choquaient et rappelaient à certains le coït, qui se dit en créole " jass ". C’est ainsi que dans les années 1910, cette musique prit le nom "de jazz" !
- De nombreux artistes du blues sont originaires de la Nouvelle-Orléans comme Louis Armstrong, Sidney Bechet, Fats Domino, Mahalia Jackson, Harry Connick J... même Jerry Lee Lewis est Louisianais !
Ensuite, on fait un petit tour au marché des artisans... alors là, quelqu'un peut-il m'expliquer pourquoi nous n'avons acheté aucune affiche vintage alors qu'on adore ça ?
Donc maintenant, grâce à moi, vous êtes incollables en architecture et vous avez tout de suite reconnu une double Shotgun mâtinée de Gingerbread...
Après notre balade nocturne dans Bourbon Street hier, Norbert m'a dit quelque chose comme "C'est bon, il faut faire ça une fois dans sa vie mais là, ça m'a suffi... je ne le ferai pas 2 fois !" Sauf que maintenant, pour rentrer à l'hôtel, nous sommes obligés de repasser par le Vieux Carré...
En fait, La Nouvelle-Orléans, ambiance bon enfant et douceur de vivre dans la journée, devient complètement folle le soir !
Sur Frenchmen comme sur Bourbon, c'est la cacophonie totale dès que la nuit tombe ! Les bars se succèdent avec chacun son orchestre de musique placé toujours près de la porte d'entrée... qui reste ouverte !
Dans la rue, c'est donc un joyeux mais pénible brouhaha composé de musiques différentes à haute teneur sonore...
et des rires tonitruants d'individus à haute teneur d'alcool... Bon, là je ne dis pas que les personnes ci-dessus sont fortement alcoolisées... c'est juste pour vous montrer la taille des verres !
Tout ça accompagné de lumières multicolores qui clignotent partout... même sans boire, on va rentrer à l'hôtel complètement saouls !
En fait, là, il n'y a pas encore trop de monde car ce n'est que le début de la soirée... hier soir, on devait jouer des coudes dans la foule et essayer d'éviter les gens qui dansaient dans la rue avec leur immense verre de cocktail dans la main !
Mais les restos sont pleins à craquer..
On entre dans quelques bars de bon jazz comme le Fritzel's (Tiens ? Bonjour monsieur le pirate !)
Déco du plafond
Ok, je sais, tout à l'heure je vous ai fait croire qu'on n'avait rien bu... bon, y'en a quand même un qui a pris du coca (je ne dénoncerai personne, mais ce n'est pas moi !)
On rejoint Canal Street, très belle aussi la nuit
C'est beau mais franchement, avec 14 kilomètres dans les pattes et le ventre vide depuis midi, on n'en peut plus ! ! !
En plus, demain nous devons être en forme : départ de bonne heure de la Nouvelle-Orléans pour le pays Cajun via la route des Plantations... oui, Marie-Laure, on va enfin visiter l'intérieur des maisons !
Good Night !
→ pour voir toutes mes photos de la Nouvelle-Orléans, cliquer ici :
Nous qui adorons tout ce qui ressemble à du vitrail ou du verre coloré... là, nous sommes carrément tombés en pâmoison !
Comme promis, réveil de bonne heure pour profiter de cette journée consacrée à la visite des grandes et célèbres plantations du Sud... ah ben non ! Ce matin, le ciel nous tombe sur la tête ! Nuages bas, vue bouchée, trombes d'eau... quand ça pleut ici, ça ne plaisante pas ! Impossible d'envisager d'aller voir des allées de chênes centenaires et des demeures coloniales dans ces conditions... il nous faut changer nos plans...
On va quand même récupérer notre voiture chez Avis : une madame très avenante en profite pour nous pigeonner en nous faisant payer le deuxième conducteur alors que j'apprendrai plus tard que c'était compris dans le forfait... Sûrement prise de remords après coup (mouais), elle va nous surclasser en nous donnant un véhicule de 2 catégories supérieures à celle que nous avions choisie !
Cette année, pas d'achat de glacière rigide, on a juste emporté une glacière souple... sans les bières de Martine à caser, on a plein de place !
Après une rapide réflexion, nous décidons de privilégier la visite des musées et de nous rendre directement à Baton Rouge, prévu normalement dans 3 jours : on traverse les bayous sur des grands ponts et on ne voit absolument rien des paysages...
On ne distingue même pas la route d'ailleurs ! Beaucoup de voitures sont parquées le long de l'Interstate mais nous, même pas peur... on roule ! Pas vite, mais on avance... avec des conditions de circulation exécrables qui vont durer toute la matinée... pas faciles ces 130km à l'aveugle pour le premier jour de mon chauffeur !
Mais à midi, fin de l'apocalypse... la pluie s'arrête pile pour nous permettre de sortir de la voiture à Baton Rouge. Le secteur est tout en travaux et il n'y a personne aux alentours... Norbert s'inquiète un peu pour notre belle voiture qu'on abandonne toute seule dans une rue sans aucun autre véhicule à l'horizon...
Baton Rouge, vue ici du pont métallique qui surplombe la Mississippi River et ses bateaux-à-aubes, est la capitale de la Louisiane depuis 1849, elle abrite donc le Capitole de l’État et les bureaux du gouverneur. Comme tous les ports industriels, on ne lui trouve pas beaucoup de charme, surtout si je vous précise qu'elle accueille la seconde plus grande raffinerie de pétrole des USA, ce qui n'est pas vraiment le paysage le plus esthétique...
Par contre, la Governor's Mansion est très belle...
...mais fermée le samedi ! (Dommage, là, on aurait eu le temps de faire la visite...)
Heureusement, malgré le changement de nos plans, notre objectif principal, le Old State Capitol, est ouvert aujourd'hui de 9h à 15h.
Ce bâtiment néogothique de 1850, semblable à un château médiéval, avec ses vitraux, ses pignons, ses tourelles et ses créneaux est donc l'ancien Capitole de l’État de la Louisiane,siège du gouvernement jusqu'en 1932,reconverti en musée gratuit, le Museum of Political History. Son architecture inhabituelle, très éloignée des standards néoclassiques des bâtiments fédéraux de l'époque, lui a valu le qualificatif de "pathétique" par Mark Twain ! Ouais ben nous, on n'est pas des écrivains célèbres, mais on aime !
En plus, dès notre entrée, nous découvrons une merveille d'escalier en fonte qui déroule sa spirale au milieu du hall...
Splendide !
Aussi beau vu d'en bas que d'en haut !
Et quand on lève la tête, c'est l'apothéose... une surprise invisible de l'extérieur !
Les magnifiques vitraux du dôme confèrent une ambiance lumineuse mauve à toutes les coursives des étages !
Comme dans tous les Capitoles américains, on trouve donc ici la salle de bal... euh, la Chambre du Sénat...
et celle des Représentants...
trop beau...
avec le Président de l'Assemblée (à gauche) et son assesseur (à droite)...
Bon, ok, ce que je vous raconte, c'est du pipeau !
Le balcon de la Chambre des Représentants
Une expo permanente retrace l'histoire du bâtiment, ici en 1850 à sa construction...
et là en 1882 après l'ajout du 4e étage, du dôme et de l'escalier en fonte (ouh la... je sais pas ce que Mark Twain a pensé de la rénovation !)
En fait, pendant son occupation par les troupes de l'Union, il a été ravagé par un incendie qui n'a épargné que les murs extérieurs... Abandonné, reconstruit, re-incendié en 1906, rénové, abîmé par l'ouragan Betsy en 1965, puis par des fuites aux plafonds en 1968 juste à la fin de sa restauration... on a de la chance de le voir en entier aujourd'hui !
Quelques figures de l'histoire, comme Le Sieur de Bienville (très à son avantage ici !), natif de Montréal et qui a fondé la Nouvelle-Orléans en 1717
ou le très controversé gouverneur et sénateur populiste Huey Long assassiné en 1935.
On a même droit à l'atelier pour enfants où les chérubins peuvent apprendre le français
et aider à rénover le bâtiment "détruit par les Yankees "!
Depuis les jardins du Capitole, vue sur le pont métallique qui enjambe le Mississippi
et on découvre l'un des 48 wagons du "Merci Train" ou "Train de la Reconnaissance ", offerts par la France en 1949 avec des cadeaux dedans pour remercier les USA d'avoir envoyé 700 wagons contenant du matériel de secours pendant la 2e guerre mondiale(16 000 tonnes de denrées, vêtements et médicaments).
Les wagons, d'anciennes voitures de transport de l'armée française surnommés "40 & 8" car ils pouvaient contenir 40 hommes ou 8 chevaux, ont été transportés jusqu'à New York par un cargo affichant en grosses lettres l'inscription "MERCI AMERICA".
Ils sont ornés des armoiries de toutes les provinces françaises.
Avec, donc, l'écusson de la Bertagne...
Allez l'OL ! (désolée pour cette manifestation intempestive de chauvinisme exarcerbé...) A noter que la ville de Lyon avait envoyé comme cadeaux des dizaines de robes de mariées en soie !
Toujours pas de jardin botanique en vue alors je vous offre quelques fleurs et beaux chênes de Virginie qui ont constitué le décor de notre pique-nique sur un banc... (nous avons commandé des sandwichs au resto attenant à notre hôtel de la Nouvelle-Orléans, on a de quoi faire trois repas avec!)
Diaporama : végétation à Baton Rouge
Nous reprenons la route en empruntant le pont meccano, comme dirait Norbert... Comme il est à peine 14h et que le ciel semble se dégager, nous décidons de filer à St Martinville, au cœur du pays cajun, pour aller visiter l'Acadian Cultural Center.
On traverse le bassin de l'Atchafalaya sur un très haut pont autoroutier long de 29 km. Plusieurs bras du Delta du Mississipi alimentent ces marais que l'on appelle ici bayous et qui sont constitués d'eau saumâtre où survivent les chênes, les cyprès, les nénuphars et les alligators (entre autres !) : Atchafalaya est ainsi le plus grand marécage des États-Unis.
On ne voit que le haut des arbres !
C'est là que nous choppons 1h d'embouteillage (et aucune sortie possible !), ce qui nous laisse le temps d'essayer de repenser le programme des deux jours suivants car nous ne voulons pas faire l'impasse sur la route des Plantations... pas facile avec les sites fermés le lundi ! Finalement, j'envoie un mail au Cajun Swamp Tour qui accepte d'avancer à demain la promenade en bateau dans les bayous prévue lundi... cela nous laisse donc toute la journée de lundi pour caser la visite des Plantations... ouf !
Norbert a été scandalisé par la roue avant de ce véhicule !
Nous quittons l'autoroute à Breaux-Bridge et tout le long du trajet sur les petites routes qui mènent à St Martinville, on roule sous la canopée des chênes ornés de mousse espagnole... trop beaux !
pays cajun : Chênes de Virginie
Seulement, voilà... avec tout ça, nous arrivons à St Martinville à 15h50, dans un musée qui ferme à 16h le samedi... ils sont pénibles ces américains avec leurs heures de fermeture des lieux culturels ! (et puis, pas sympa, la dame de l'accueil... on s'est proprement fait jeter !) Du coup, pas de musée de l'Acadie ni de Longfellow-Evangeline State Historic Site... pfff...
En plus, le soleil est revenu, les 30°C également et avec eux, bien sûr, la moiteur! (mais pas étouffante)
On va donc se contenter d'une balade dans le petit downtown d'une bourgade qui tient son nom de l'évêque St Martin de Tours. Ici l'hôtel Old Castillo date de 1827 : en fait, St Martinville est la 3e plus vieille ville et la plus francophone de Louisiane. Au 19e siècle, elle était florissante et surnommée "le petit Paris", peuplée de royalistes ayant fui la révolution française... Plus tard, elle fut ravagée par la fièvre jaune, le feu et les ouragans... d'ailleurs on n'a pas croisé grand monde pendant notre visite !
Nous commençons par un arrêt au bord du bayou Teche (qui signifie serpent en amérindien)
A côté, l'arbre censément le plus photographié des Etats-Unis (c'est toujours le "plus quelque chose" avec les américains !), le deuxième plus vieux chêne des USA, "l'Evangeline Oak", célèbre grâce à l'histoire romantique d'Emmeline Labiche, immortalisée en 1847 par le poème "Evangeline : A Tale of Acadie" de Henry Longfellow. Dans son poème, Longfellow mentionne le bayou Teche, Atchafalaya et St Martinville qui n'ont rien à voir avec la véritable histoire de mademoiselle Labiche mais la légende est créée...
En gros, la jeune Evangeline est séparée de son fiancé par le Grand Dérangement (c.a.d la déportation, en 1755, des populations acadiennes qui peuplaient ce qui constitue aujourd'hui la Nouvelle-Ecosse) ... elle le retrouvera quelques années plus tard sous ce vieux chêne : bien entendu il aura déjà convolé avec une autre !
Visiblement, la pauvrette s'est tellement arraché les cheveux à cette nouvelle qu'il en reste encore dans l'arbre !
On a même les panneaux infos en français ici !
On poursuit notre balade, avec des maisons de tous les styles
J'aime bien la déco extérieure de cette "private residence du dimanche !" (j'invente rien, c'est écrit dessus...)
Un zoom !
L'ancien Presbytère a tous les attributs de la maison de planteurs !
Devant, une statue de St Martin de Tours, l'évêque ancien soldat réputé pour accomplir des miracles au 4e siècle...
On rejoint l'église du même nom considérée comme la "mère église des Acadiens exilés" et qui abrite parait-il la reconstitution d'une grotte de Lourdes réalisée par un créole d'après une carte postale... mais nous n'y rentrerons pas car il y a une cérémonie funéraire... donc pas de photos...
Un joli jardin entoure ces édifices, avec les statues religieuses d'usage...
et d'autres plus originales comme celle de cet indien Attakapa, tribu qui a été exterminée par les français avec l'aide des Chitimacha ... (bon, sur le socle il est écrit "en partie christianisée par les missionnaires français", pas du tout "exterminée"...)
...sans oublier bien sûr, dans le cimetière qui jouxte l'église, celle d'Evangeline, sculptée à l'image de l'actrice qui a joué le rôle dans un film éponyme en 1929 et offerte à la ville par l'équipe de tournage.
On finit avec la maison Duchamp : visiblement les nobles qui ont fui la France ne sont pas arrivés en Louisiane complètement désargentés...
Direction Lafayette, nous longeons des prairies inondées, c'est un véritable labyrinthe de ruisseaux, d'étangs immobiles, de bayous serpentant entre les bosquets d’arbres...
On a l'impression que le sol des champs est spongieux...
et les couleurs sont presque fluo !
Arrivés à Lafayette, on n'est pas déçus de la vue de notre chambre...
Ce très bel hôtel de la chaine Hilton surplombe la rivière Vermilion qui porte bien son nom... La rivière est connectée à plusieurs bayous, notamment le bayou Teche vu à St Martinville. Elle se jette dans le golfe du Mexique qui l'alimente en eau de mer lors des marées hautes jusqu'à la ville de Lafayette !
Enfin notre pèlerinage de début de roadtrip ! D'autant plus que j'ai un achat d'une urgence capitale à faire : j'ai oublié mon maillot de bain... du coup, obligée d'acheter un maillot de mémère à Walmart !
Que je vais étrenner immédiatement à la piscine extérieure de l'hôtel... même pas honte !
La Bêtise du Jour (avec un gros mot au début...)
Sur le parking du Walmart, on a un peu abîmé l'arrière de notre voiture de loc au dessus du parechoc en reculant sur un énorme 4X4... c'est la première fois que ça nous arrive ! Bien sûr cela fait partie des aléas d'un roadtrip mais on y avait échappé jusqu'ici...
On ne s'en est pas rendus compte de suite car l'endroit était déjà rayé (j'avais pris des photos à la Nouvelle-Orléans)... Sauf que maintenant, on balise, on a peur d'être poursuivis pour délit de fuite ! Bon, heureusement, Sabrina, de notre agence lyonnaise, nous rassure : les loueurs ont l'habitude et on a une très bonne assurance ! On n'a plus qu'à espérer que cela se passera bien lorsqu'on rendra la voiture à Atlanta... croisons les doigts ! (ah ben oui, il va falloir attendre la fin du reportage pour savoir...)
Ce matin, nous avons participé à un festival... à vous de deviner le thème !
Un autre indice : comme nous avons passé la journée dehors, je finirai exactement de la couleur du thème ! 30 degrés et un soleil de plomb, le déluge d'hier n'est plus qu'un mauvais souvenir...
Au programme aujourd'hui : bayous, parade, musique cajun et écomusée...
Nous commençons par aller faire un tour dans Lafayette, ville de tradition francophone anciennement nommée "Vermilionville" car bâtie au bord de la rivière Vermilion en pleine "Acadiane" (ou pays Cajun), à 210km de la Nouvelle-Orléans.
Nous faisons d'abord une étape dans le campus de l'Université de Louisiane
... qui compte plus de 19 000 étudiants formés, entre autres, à l'informatique, à l'ingénierie et aux soins infirmiers...
Nous sommes à la recherche d'un endroit très particulier, bien caché en plein campus, et que nous aurons un peu de mal à trouver... (c'est dimanche, on croise peu de monde pour nous renseigner)
Cypress Lake, le bayou de l'Université !
Notre premier bayou avec cyprès chauves incorporés...
c'est magnifique !
Emblème de la Louisiane, le cyprès chauve est un conifère à écorce brun rouge qui perd ses feuilles, d'où son qualificatif... il peut survivre dans les milieux humides grâce à ses racines aériennes (ce sont les excroissances verticales qu'on voit à son pied). Quant à l'omniprésente mousse espagnole (qui n'est d'ailleurs ni une mousse, ni un lichen), c'est une plante épiphyte, c'est-à-dire qu'elle pousse hors de terre en captant l'humidité de l'air.
(c'était donc la séquence botanique du jour !)
C'est là que je commence à réaliser le mystérieux pouvoir attractif de cet écosystème, à la fois majestueux et inquiétant, on a l'impression que la magie vaudou imprègne les lieux...
Et en plus... notre premier Galli ! Non mais ??? Ici, ils ont des alligators dans le campus universitaire ! Tu n'apprécies pas ton camarade de chambre ? Il t'empêche de dormir avec ses ronflements ? Allez, direct aux gators, pas vu, pas pris !
En plus, d'autres animaux carnivores, comme le poisson-gar, pourront finir le repas... (ah ben, je vous l'ai dit, je suis sous l'emprise de l'atmosphère vampiro-vaudou..)
Pour parfaire la beauté des lieux, l'université a aussi son allée de chênes centenaires...
Une autre étape incontournable à Lafayette, la cathédrale Saint Jean l'Evangéliste. Ce haut édifice construit en briques en 1918 est très original avec son architecture de style roman hollandais.
On admire la cathédrale mais on s'extasie surtout sur l'énorme chêne vieux de plus de 450 ans qui la jouxte (oui, oui, c'est bien UN SEUL arbre !).
Ici vu de l'autre côté... sa ramure est tellement large qu'il doit être soutenu par des étais !
C'est l'heure de la messe (en fait, le dimanche, il y a 3 offices rien que le matin, donc c'est forcément l'heure de la messe...) mais on va essayer quand même d'aller voir l'intérieur...
C'est beau.. et plein à craquer ! (il y a même des fidèles debout dans le sas d'entrée)
On s'y attarde un peu sous le regard bienveillant du Curé d'Ars (en fait de regard bienveillant, j'ai l'impression qu'il est un peu lui aussi sous l'emprise vampiro-vaudou... il fait limite peur, non ?)
Les tombes du cimetière portent des noms français.
On finit notre rapide visite de Lafayette par un coup d’œil à la maison de la famille de Jean Mouton, riche planteur de coton français qui a fondé la ville en 1821 et dont le fils Alexandre fut le premier gouverneur démocrate de Louisiane. C'est aujourd'hui un musée contenant les souvenirs de la famille et des costumes de Mardi-Gras (mais fermé le dimanche... et puis on n'a pas le temps !) Je croiserai d'ailleurs sur le trottoir une personne âgée très élégante qui prendra plaisir à me parler en français et me dira être une descendante du sieur Mouton susnommé.
Lors de la préparation de ce roadtrip, je me suis aperçue que se tenait ce week-end à Breaux-Bridge (ou Pont-Breaux), ville officiellement désignée par l'état de Louisiane comme "capitale mondiale de l'écrevisse" depuis 1959, le Crawfish Festival en l'honneur de ce crustacé, avec défilé, musique et diverses festivités... on ne pouvait pas manquer ça !
Nous voilà donc postés devant les grilles du parc Hardy à attendre sous le soleil le passage de la parade... on discute avec des américains qui viennent de Floride, c'est sympa...
Le défilé est ouvert par les militaires sous les applaudissements et les hourras de la foule...
Puis se succéderont, dans le bruit des sirènes de police et de pompiers, des klaxons de tracteurs et des cuivres de la fanfare...
les chars d'écoles ou d'équipes de sport
les petites pom-pom girls plus-déhanchée-que-ça-tu-meurs
les camions faisant la propagande de leur candidat au poste de shériff du comté... Celui-là est le candidat sortant et à mon avis, vu son nom, il a encore toutes ses chances...
... d'autant plus qu'il y a mis les moyens ! (je suis allée voir sur internet... il a bien été réélu ! Mais pas grâce à nous, bien qu'il soit venu nous serrer la main pour qu'on vote pour lui ! Je lui ai dit qu'il y avait peu de chances...)
Et surtout les avenantes Miss locales !
J'ai un faible pour Miss Mardi-Gras...
Et le meilleur... tout ce petit monde nous lance des friandises, des beads (colliers) et des gobelets au nom des candidats shériffs ! Comme pour les parades de Mardi-Gras !
On a aussi le défilé des Mini (Tiny) Miss ou Misters et, comme souvent aux USA, on est effarés de voir les enfants rester au soleil sans protection sur la tête, à part les couronnes
les nœuds (celui-ci est même plus grand que la robe...)
et les diadèmes...
Original...
L'apothéose : le char de Miss Écrevisse !
Après, il faut tout nettoyer...
Notre butin... il parait que la capture des perles est symbole de chance et de bonne fortune... en tous cas, je peux témoigner que c'est symbole de poids supplémentaire dans la valise pour le reste du roadtrip ! (quand on a vidé nos sacs, on s'est aperçus que le mien était rempli de bonbons et celui de Norbert de gobelets !)
Ensuite direction le parc pour la suite des réjouissances...
Donc fête foraine, concours divers (comme le plus gros mangeur d'écrevisses dont le record a été de 25kg en une séance...), démonstrations culinaires, ateliers de musique cajun, marché artisanal...
Plein d'objets à l’effigie de l'écrevisse bien sûr...
Prise en flagrant délit d'achat !
Mais aussi 2 scènes d'excellente musique dansante, où se succèdent les groupes cajun ou zydeco (= zarico en français : c'est un mélange de musique cadienne et de rythm'n blues dont l'origine remonte aux Créoles d'ascendance africaine ) : tout est interprété en français mais on mettra plusieurs minutes à s'en apercevoir, vu l'accent !
Les instruments actuels de la musique cajun : guitare, accordéon, violon, guitare steel, batterie.
C’est à Breaux-Bridge que l’étouffée à l’écrevisse a été créée...
Les Amérindiens de la région pêchaient et mangeaient des écrevisses avant l’arrivée des Cadiens. Ils plaçaient, dans l'eau des rivières et des bayous, des roseaux qu'ils garnissaient d’appâts de venaison. Dans les années 1950, les roseaux ont été remplacés par les pièges à écrevisses. Aujourd’hui, la Louisiane est le plus grand producteur d’écrevisses au monde avec plus de 1 600 éleveurs qui utilisent 450km2 de bassins artificiels.
On se devait donc de goûter ça ! Bilan : très bon mais vraiment très épicé !
On ne se laisse pas aller...
Faut dire que tout est tentant !
On ne cèdera quand même pas à l'attrait du cocktail dans les verres au design élégant (lol)... notre journée n'est pas finie !
Au milieu du 18e siècle, lorsque 300 Acadiens du Canada ont trouvé refuge dans la région après avoir été chassés de leur terre par les autorités britanniques d'Halifax (qui leur ont tout confisqué), ils se sont établis le long des bayous où les Espagnols, qui venaient d'acheter la Louisiane aux Français, les accueillèrent avec une aide matérielle, logistique et financière, leur laissant le libre choix de leurs terres. Le nom Acadien a été contracté en "cadien" par les Yankees qui l'utilisaient comme terme péjoratif puis américanisé en "cajun" (car les américains ont du mal à prononcer le phonème "djɛ̃").
A Lafayette, le village musée de Vermilionville (10$) retrace leur histoire, leur culture et leurs traditions en incluant également l'influence créole et amérindienne.
Ici aussi, nous sommes accueillis par les flonflons de la musique cajun/zydeco aux forts accents de rythm and blues : comme tous les dimanches de 13h à 16h, le bal bat son plein...
...avec sur la scène un môme dont -heureusement- le micro a été coupé mais qui fait le show en déclenchant l'hilarité du public...
Nous partons visiter ce village reconstitué où la plupart des maisons sont des habitations originales données par les descendants de riches familles qui possédaient des plantations ou des ranchs ("vacheries" en cadien) tandis que d'autres sont des répliques.
Toutes les maisons font face au bayou (du mot indien "bayuk" signifiant "rivière qui coule lentement") car il était à l'époque l'équivalent d'une route : chacun avait un bateau ou une pirogue et circulait sur le bayou pour se déplacer, pêcher, chasser, aller à l'école... Aujourd'hui, des balades en canoé ou bateau à moteur sont proposées par le musée sur le bayou Vermilion (qui porte toujours bien son nom !)
Encore une fois, des paysages marécageux magnifiques
L'eau stagnante est envahie d'algues et de nénuphars
et toujours les franges effilochées de mousse espagnole
Cette maison, où l'on trouve le musée de l'histoire acadienne, est construite sur le modèle des maisons cajun avec un escalier extérieur pour monter à la "garçonnière", chambre où dormaient les garçons à partir de 12-13 ans (l'âge adulte à l'époque !) Avec un escalier extérieur, ils pouvaient aller et venir à leur guise alors que les filles aînées, elles, avaient leur chambre au bout de celle des parents...pas d'escapades pour elles !
Où l'on devient incollable sur la technique du bousillage, colmatage des interstices du bois de construction avec une mixture isolante et imperméable faite de boue et de mousse espagnole... tous les matériaux étaient présents sur place, super pratique ! La mousse espagnole servait aussi à fabriquer des poupées, garnir les matelas, tisser des cordes... son utilisation remonte aux Attakapas. Chevrolet s'en est même servi à une période pour les sièges de ses automobiles !
Dans presque chaque maison, un animateur en habit d'époque nous fait des démonstrations artisanales ou musicales, des traditions amérindiennes jusqu'aux usages cadiens, et répond en français à toutes nos questions...
Un autre exemple de maison acadienne datant des années 1830, propriété des fils de Jean Mouton et qui était à l'origine une école pour les enfants libres de la plantation...
La majorité des maisons de l'époque n'avaient qu'une pièce : la cuisine et les toilettes étaient toujours séparées pour éviter les incendies, la chaleur et les odeurs. A noter que le feu était la deuxième cause de mortalité des femmes après l'enfantement (difficile de se tenir éloigné de l'âtre avec une robe longue évasée !)
Donc, les toilettes extérieures...
confort, convivialité... consternation, surtout !
Cette maison est déjà plus élaborée puisqu'elle propose deux pièces ! (et elle est reliée à la cuisine par une passerelle). Les maisons étaient souvent surélevées pour les protéger de l'humidité du sol, voire des inondations.
Un exemple d'intérieur de ces habitations rudimentaires...
On passe un cran haut-dessus avec Beau Bassin House (1840), mélange de style néo-grec et créole qui appartenait à la famille Arceneaux. Elle est faite en colombages de bois de cyprès et bousillage.
La maison met à l'honneur les outils du métier des étoffes cadiennes. Lorsqu'elles nous voient arriver, ces animatrices se précipitent d'ailleurs sur la terrasse pour jouer du rouet... (j'adore le regard de la fileuse !)
A l'intérieur, un métier à tisser vieux de 150 ans.
La maison Boucvalt, à l'architecture créole, conçue pour un climat chaud et humide, avec un vasistas pour l'aération et une grande galerie pour protéger du soleil et de la pluie. Une cuisine a été rajoutée au 20e siècle.
A l'intérieur, un grand salon/salle-à-manger (très similaire à celui de mes beaux-parents en 1980, même bois, même vaisselier !)
...flanqué de chambres de chaque côté.
Avec en prime, une belle salle-de-bain !
et de jolies poupées en feuilles de maïs.
La reproduction d'une école typique de la fin des années 1800.
Au sud-ouest de la Louisiane, le français était la langue dominante jusqu'au milieu des années 1900. Tous les nouveaux arrivants, quel que soit leur pays d'origine (Allemagne, Espagne, Afrique...), et même les amérindiens l'adoptaient. Mais dans les années 1910, de nouvelles lois ont interdit l'enseignement et la pratique du français dans les écoles afin d'américaniser la population... Les lignes de punition "I will not speak french" que l'on peut lire sur le tableau de cette classe, illustrent cette période. De nos jours, grâce aux efforts du CODOFIL (Conseil pour le développement du français en Louisiane), le français est enseigné comme seconde langue dans les écoles élémentaires de l'État.
Voilà pourquoi on ne comprend pas tout de ce parler cajun qui garde encore les accents du Poitou français dont sont issus les Acadiens...
Broussard House date de 1790, c'est la plus vieille maison de la paroisse de Lafayette. Elle a appartenu au fils du grand résistant acadien Joseph Beausoleil et possède toutes les commodités possibles de l'époque (grand porche, petites pièces supplémentaires à l'arrière...) Comme la plupart des exploitations agricoles du sud-ouest de la Louisiane, l'habitation était esclavagiste.
Monsieur Broussard-Beausoleil nous accueille au coin du feu...
...et nous revisitons donc la salle-à-manger de mes beaux-parents...
Admirez la bouillotte et le pot de chambre (oui ben, en milieu rural, nos parents utilisaient encore ces instruments de torture dans leur enfance...)
Afin de payer moins d'impôts, on ne prévoyait pas de placards, d'où les grosses armoires partout.
Tous les extérieurs des maisons sont bien entretenus
avec une végétation magnifique (et je ne sais même pas ce que c'est !)
Explosion de couleurs avec ces cannas aux pétales tigrés
Je me fais mon trip jardin botanique !
Il y a même de vrais jardins potagers avec les cultures des plantes endémiques de Louisiane...
Dans la très belle Buller House,
où ce panneau vous explique tout sur les différences entre architecture créole et cajun,
nous rencontrons ce très volubile monsieur qui nous joue des airs de violon en nous démontrant les différences entre musique cajun, créole africaine et country... On apprécie beaucoup la leçon même si on ne comprend absolument rien à ses explications en français cajun ! Vous vous moquez de nous ? Et bien, j'ai trouvé le moyen de vous partager la vidéo que j'ai faite, où vous pouvez m'entendre rire bêtement en faisant semblant de comprendre ! Cliquez ici pour en profiter et voyons si vous faites mieux que nous (et encore, heureusement, ya les bruitages !)
Nous arrivons enfin devant La Chapelle des Attakapas, construite dans le style des églises catholiques de Pointe Coupée ou St Martinville.
Avant l'achat de la Louisiane par les américains en 1803, la seule religion légale en Louisiane était le catholicisme. Les premiers colons français mais aussi les espagnols et les acadiens étaient catholiques, les amérindiens avaient été convertis... Les propriétaires d'esclaves avaient même l'obligation de leur donner une éducation religieuse catholique (à défaut d'une éducation tout court !)