Des étoiles plein les yeux en Amérique du Nord
Notre premier petit-déjeuner aux States : muffins, danish, beurre de cacahuette, pancakes et sirop d’érable, rien que du diététique…
Il fait vraiment très froid à l’intérieur de l’hôtel, aussi nous sommes très surpris par la chaleur lorsque nous mettons le nez dehors, il est 7 h du matin et il fait déjà 30°C au moins ! Il va falloir nous habituer à la climatisation que les américains utilisent abondamment, été comme hiver (bonjour la pollution au fréon !), heureusement nous avons prévu gilets et foulard pour l’intérieur …
Avant le départ, nous avons le temps pour une petite ballade qui nous permettra de nous extasier sur la beauté rutilante des voitures garées autour de l’hôtel : carrosserie, plaques, jantes, enjoliveurs …
...tout étincelle (malgré la poussière environnante) d’une magnificence ostentatoire qui doit être normale aux States…
...mais pour nous, ça fait vraiment frime !
Et partout, des messages patriotes et de soutien aux soldats américains engagés dans la guerre en Irak.
Arrivés dans le car, Philippe nous présente notre chauffeur, Loyd, qui prend au dernier moment la place du chauffeur femme qui devait nous conduire : il vient d’avoir son permis et c’est son premier long circuit…
Le car et nous-mêmes allons donc faire les frais de son inexpérience pendant tout le voyage : moteur qui surchauffe, carrosserie ruinée, véhicule jamais nettoyé (le seul car non-rutilant de tous les USA !), trajet non maîtrisé… en plus, il est extrêmement timide ! Il n’y a qu’à moi qu’il répond « good morning Ma’am » (c’est un Jamaïcain) quand je le salue le matin parce que je l’ai fait rire la première fois que je lui ai parlé (en fait, c'était pour se moquer de moi, je m'étais lamentablement plantée sur un mot !)
Nous voilà donc partis pour notre périple de deux semaines dans l’Ouest américain avec des étapes de 300 à 350 km par jour : aujourd’hui, nous traversons l’Arizona en direction du Nord pour visiter Montezuma Castle, Prescott et Sedona avant de rejoindre Flagstaff en longeant Oak Creek Canyon. Il est prévu des températures moyennes maximales de 36°C et un temps très nuageux mais pour l’instant le soleil est au rendez-vous. D’ailleurs, Philippe, qui habite à Phoenix, nous vante les mérites climatiques de cette région qui connaît la plus forte croissance démographique des USA en raison de ses hivers doux et secs.
Quand on pense qu’avant l’arrivée des immigrants, l’Arizona était un vaste désert inhospitalier : son nom vient à la fois de l’indien « peu d’eau » et de l’espagnol « árida zona », c’est dire les miracles qu’on fait avec l’irrigation ! C’est maintenant un état qui compte 8000 fermes axées sur la culture et l’élevage… c’est peu, me direz-vous ? Il faut juste préciser que chaque ferme exploite 1850 ha… cela relativise les choses ! Et puis 47% de l’Arizona appartient au gouvernement des Etats-Unis…
Tandis que le car traverse Scottsdale qui, comme toutes les petites et moyennes bourgades de l’ouest américain, est très étendue et sans aucun centre ville, je ne me lasse pas d’admirer la végétation exubérante des jardins qui entourent les maisons basses en brique : palmiers et cactées de toutes sortes, lauriers-roses,tamaris, acacias, oliviers… sans parler des drapeaux américains qui fleurissent sur toutes les façades !
Mais en effet, passées les dernières maisons, c’est un désert rocailleux qui s‘offre à nos regards, avec ses célèbres cactus “chandeliers” (Saguaros) dont on retrouve la silhouette sur les plaques de voiture (en effet, chaque état a sa plaque et son surnom : ici c’est le “Grand Canyon State”.)
Nous nous arrêtons d’ailleurs pour prendre en photos ces spectaculaires plantes gorgées d’eau qui peuvent atteindre 15 m de haut (à cette taille, ils ont entre 250 et 500 ans )
Philippe nous met rapidement en garde contre les Jumping Chollas au tronc noir et aux fleurs verdâtres qui projètent leurs épines sur nous quand on s’en approche trop près !!! Sglurp !!! Il ne manquerait plus ensuite qu’un ou deux serpents à sonnettes pour finir de nous gâcher le voyage !
En attendant, on se régale de cette courte ballade dans le désert, mais il faut sans tarder rejoindre le car de peur d’être abandonnés aux vautours qui, j’en suis sûre, sont déjà en train de nous pister du coin de l’œil …
Sur le chemin de Montezuma Castle, Philippe nous explique qu’en 1824, lorsqu'arrive la première expédition américaine (un groupe de trappeurs venus de Santa Fe), l'Arizona est occupée au sud, dans les montagnes et les déserts, par des tribus apaches, et au nord, sur le Plateau du Colorado, par les Hopis et les Navajos. Les Hopis, pour résister à la pression des Navajos arrivés plus tard des lointaines plaines du Canada, se sont réfugiés sur les mesas qui dominent le Plateau : ils cultivent le maïs et chassent pour leur subsistance. Les Navajos vont rapidement apprendre d'eux les arts de la poterie et du tissage, et des espagnols du Nouveau-Mexique celui de l'élevage.
Ce sont les deux grandes tribus qui subsistent aujourd’hui dans l’Arizona. (photos trouvées sur le net)
A gauche, un indien Navajo, à droite, un Brave Hopi... ça sent quand même bien l'ancêtre commun ! (du moins au niveau du bandeau...)
Le village de Montezuma Castle a été bâti au 12e siècle par des Sinaguas qui se sont installés au bord du "Beaver Creek" (le ruisseau du Castor) qui coule au pied de la falaise, afin d’irriguer leurs champs. Comme les Anasazis (mot qui signifie “Les Anciens”) à Mesa Verde, ils bâtirent les murs qu'on voit aujourd'hui. Ils grandirent là jusqu'au début du XVe siècle, puis, sans qu'on sache pourquoi, s'en allèrent se mêler à d'autres groupes qui forment les Pueblos actuels.
Le “château” est donc en fait une construction en pisé érigée au creux de la falaise, une trentaine de mètres au-dessus de la vallée, et qui possède cinq étages et une vingtaine de pièces. On ne peut pas y accéder, on l'observe d'en bas : la roche qui la supporte est tellement érodée qu'il a fallu interdire l'accès pour d'évidentes raisons de sécurité.
La promenade sous la fraîcheur des arbres est toutefois agréable, et nous permet d’approcher un petit écureuil effronté (comme tous les écureuils que nous rencontrerons dans les parcs nationaux … En effet, les espèces sont protégées, interdiction de toucher les animaux sous peine d’amande très lourde ! Et ça ne plaisante pas aux USA !), que notre nouvel ami Alain prend pour un castor (bon, finalement, y'a plus Bidochon que nous...)! Cette méprise aura naturellement pour lui comme conséquence d’être surnommé Alan Beaver pendant tout notre périple…
Le Beaver Creek
Notre repas de midi est un buffet pantagruélique pris au Golden Corral, à Prescott. Nous faisons connaissance avec les habitudes alimentaires américaines : beaucoup de plats sont frits (mais les grillades sont appréciées) et les fruits sont mangés en entrée ! Quant aux consommateurs, ce sont essentiellement des indiens obèses… les enfants, surtout, font peine à voir, ils ont déjà du mal à se déplacer, je n’ose imaginer quel sera leur état à l’âge adulte…
Première capitale de l'Arizona, grâce à la présence locale d'or, successivement détrônée par Tucson et Phoenix, Prescott compte aujourd’hui 30.000 habitants. De sa primauté passée, elle conserve certains attributs caractéristiques : une place ombragée de vieux arbres, entourée de bâtiments anciens, abrite l'ancien capitole.
Dans le béton de l'allée qui mène au palais, une chronologie de l'Arizona a été gravée. Elle s'arrête à une imposante statue de bronze représentant un pionner à cheval, symbole d'un mythe de l'Ouest.
Nous remarquons souvent par ailleurs sur les portes des commerces et des maisons, comme sur les voitures, des affichettes encourageant les soldats américains en guerre en Irak avec affection et gratitude.
Les américains sont de vrais patriotes mais, d’après Philippe, pas de bons citoyens car le pourcentage d’abstention lors des élections est très élevé (il faut dire que les procédures électorales américaines sont très compliquées avec un système de bulletins de vote à poinçonner très complexe …)
En route pour Sedona, le ciel se couvre un peu mais cela ne nous empêche pas d’admirer un paysage fait de buttes et de mesas en grès où dominent les tons de rose, rouge et orange. Nous nous arrêtons pour prendre en photo le Bell rock (en forme de cloche) qui est l'emblème de la ville.
Les indiens considèrent ce rocher comme un lieu énergétique de courants telluriques, ce qui a favorisé l’implantation de sectes new-age pseudo-médicales qui font l’apologie des forces positives et revigorantes du vortex qui domine soi-disant cette région…
Aussi Sedona, qui n'était au début qu’une petite vallée de l'Oak Creek cultivée par quelques fermiers est devenue depuis, grâce à son environnement superbe, à la promotion du tourisme et des retraites au soleil, un lieu de grâce, de paix... et de commerce ! Partout pullulent les magasins d'art, d'artisanat indien, de souvenirs, les motels, les restaurants, les boutiques de toutes sortes.
Aujourd’hui c’est LA journée : nous allons voir le Grand Canyon !
Pour l’instant, nous quittons Flagstaff, ville située à proximité de Humphrey Peak (3.851 m) qui est le point culminant de l'Arizona. Etant donné l’altitude, nous ne souffrons donc pas de la chaleur malgré un beau soleil. Nous traversons la Forêt Nationale de Coconino où se succèdent pins ponderosa et genévriers pour rejoindre le Parc National du Grand Canyon, classé au patrimoine mondial de l'UNESCO dès 1979, dont l’entrée est payante (20 dollars par véhicule), ce qui sera d’ailleurs le cas de tous les Parcs Nationaux que nous traverserons.
Nous arrivons vers 9h du matin sans encombre mais nous constaterons plus tard dans la journée qu’il vaut mieux s’y prendre de bonne heure pour accéder au site (près de 5 millions de visiteurs chaque année) ! Philippe nous explique qu’il va nous laisser du temps libre ce matin pour nous promener sur la corniche à partir de Mather Point sur la rive Sud et que cet après-midi nous ferons ensemble une ballade en bord de rim pour finir à Desert View Point d’où l’on peut apercevoir la Colorado river. Puis il nous prévient : « vous allez voir une des 7 merveilles du monde mais profitez-en avec vos yeux parce que jamais les photos ne pourront donner l’effet de profondeur ».
Et effectivement, pour une merveille, c’est une merveille ! A couper le souffle ! (au sens propre... pour ma part, je suis restée en apnée pendant plusieurs secondes...)
Le plus grand canyon du monde offre un spectacle incroyable du fait de ses dimensions stupéfiantes tant en profondeur (supérieure à 1,6 km par endroit), qu’en largeur (de 7 à 30 kilomètres) et en longueur (450 km).
Mais en plus, il y a une telle variété de couches rocheuses colorées que lorsque les différentes lumières de la journée les animent, elles transforment le canyon en un spectacle en perpétuel mouvement, ce que nous pourrons constater tout au long de notre visite.
On estime qu'il est vieux de 230 millions d'années et les géologues ont l’habitude de dire que lorsqu’on descend dans le Grand Canyon, on remonte le temps... car les strates de grès et de schiste retracent l'histoire géologique de la planète. Les plus anciennes strates auraient jusqu'à 2 milliards d'années : à cette époque, la mer recouvrait la région (on peut ainsi retrouver dans la roche une multitude de fossiles exceptionnellement variés, mais aussi des animaux marins ou des dinosaures !)
Depuis 35 millions d'années, le fleuve Colorado, qui coule à 1.460 mètres en dessous du South Rim (rive sud) sculpte la gorge : en un siècle, le canyon n’a gagné qu'environ 2,5 cm de profondeur et 25 cm de large… A cause de la profondeur du Canyon, le fleuve n’est visible qu’à partir de certains points d’observation.
Les 2 rives sont distantes de 16km à vol d'oiseau mais par la route, cela en fait près de 350… Le climat et la végétation du versant sud sont typiques du Sud-Ouest aride (pin, cactus) alors que le versant nord, plus haut de 400 m, évoque le Canada par son climat et sa végétation (forêt de conifères)
Nous longeons le canyon jusqu’à Maricopa Point en multipliant les photos du site… et de nous en premier plan (il faut prouver qu’on y était !!!) avant de rejoindre le car qui doit nous emmener à Tusayan Village, à 5 kilomètres de là, tandis que certaines personnes du groupe vont faire le survol en hélicoptère.
Sur le parking, près de la boutique à touristes, nous aurons le privilège d’admirer une biche venue se désaltérer dans une flaque d’eau : je commence vraiment à apprécier le fait que près de 50% du territoire américain soit constitué de parcs nationaux !
La faune du parc est d’ailleurs impressionnante : pumas, lynx, coyote, chèvre des Rocheuses, serpent à sonnettes… heureusement lors de notre promenade avec Philippe (au pas de course… heureusement il ne fait pas trop chaud !) en début d’après-midi, sur le sentier pédestre qui nous mène à Grand View Point, nous ne verrons que des écureuils et des faucons !
Et puis toujours ce paysage grandiose, à la beauté d’autant plus saisissante qu’un orage gronde au loin sur le versant nord et rajoute des ombres au relief découpé…
(photo trouvée sur le net)
Nous finissons en apothéose avec Desert View Point et sa tour d’observation construite au cours des années trente à l'image d'une ancienne structure Hopi.
Ses murs et son plafond ont d’ailleurs été décorés par un artiste Hopi.
Nous montons tout en haut pour admirer le panorama et c’est sans nul doute la plus belle vue sur le Grand Canyon puisque nous apercevons même le fleuve Colorado.
Avant de repartir, nous en profitons pour acheter quelques souvenirs indiens (dreamcatchers, bijoux…) et bien sûr des cartes postales de cet endroit magnifique : on a l’impression d’avoir commencé par le plus beau (sentiment qui ne me quittera pas de tout le voyage...)
Selon la croyance des Hopis, le Grand Canyon serait le sipapu,c’est-à-dire le trou par lequel les premiers habitants de la Terre seraient passés du sommet de la plus haute montagne de leur monde précédent à notre monde...
Et bien, je n'ai qu'une chose à dire : ça, c’est du trou !
Nous reprenons le car en direction de Gray Mountain,
...et finissons la journée par un passage dans une Trading Post, ancien relais de diligence transformé en magasin attrape-touristes où nous nous extasions à nouveau devant l’art amérindien, c’est Norbert qui est content : plein de costumes d’indiens !
Arrivée en soirée à l’hôtel Anasazi Inn : on se sent un peu seuls, il y a juste nous, l’hôtel et une station service… mais Norbert est toujours content, l’hôtel est tenu par des indiens !
Aujourd’hui c’est LA journée : nous allons à Monument Valley !
Le site appartient aux Navajos dont le territoire, grand comme la Belgique (avec plus de 6 millions d'ha, c'est la plus vaste réserve amérindienne), est à cheval sur 3 états américains : l’Utah, l’Arizona et le Nouveau-Mexique. Il est gouverné par un comité tribal avec un président honorifique…
Les Navajos se nomment entre eux « les Dineh » c’est à dire « les humains ».
Le nom « Navajo » vient du terme « Navahuhu » désignant un champ cultivé.
Dans leur conception du monde, les Navajos ne possèdent pas une terre, ils lui appartiennent : le rôle de l’homme est de la soigner, la préserver, une façon également de respecter leurs ancêtres qui y sont enterrés. C’est avant tout une religion de la Nature.
Ainsi les lois et les rituels sont indispensables au maintien de l’harmonie de la vie.
Bien que les réserves indiennes constituent les lieux les plus isolés et les plus pauvres du paysage américain, on estime que la nation Navajo a récolté plus de 20% des dépenses touristiques de l’année 2000, créant 5000 emplois supplémentaires.
Outre le tourisme, les Navajos tirent leurs revenus de l’élevage et de l’artisanat. Au milieu du XXe siècle, la production de pétrole et la découverte de riches gisements minéraux sur les terres de la réserve ont considérablement amélioré leur économie. Mais la population Navajo s'accroît à un rythme rapide (220 000 selon le dernier recensement).
Et malgré ces revenus, 50% vivent en dessous du seuil de pauvreté : la corruption, l’alcool, la drogue, le chômage et la délinquance dominent. Cela dit, comme ils pensent que nous vivons dans un 4e monde qui touche à sa fin…, ils gardent l’espoir d’un avenir meilleur !
Quant à Philippe, il nous décrit les indiens comme « gentils mais lents »… ce qui explique tout !
Avant d’arriver à Monument Valley, nous nous arrêtons à Kayenta, petite ville de 30.000 habitants dont les petites maisons se détachent sur un paysage de buttes ocres qui laissent présager les merveilles qui ont enchanté tant de westerns…
A l’intérieur du café qui nous sert d’arrêt technique, Philippe nous conseille d’aller admirer des tableaux représentant toutes les couleurs naturelles (faites à base de plantes, de fleurs, de racines…) que les indiens utilisent pour teinter leurs tapis faits à la main, ce qui en fait la rareté et le prix.
A l’extérieur, on peut visiter 2 hogans placés là exprès pour les touristes : en effet, bien qu'il existe des
logements modernes dans la réserve, de nombreux Navajos continuent à vivre dans ces maisons coniques faites d'une armature de bois et recouvertes de terre, pourvues d'un trou pour la fumée au sommet et d'un passage étroit et couvert servant d'entrée (toujours placé à l’est).
M’étant éloignée pour prendre des photos du paysage, je croise un vieil indien qui me salue gentiment, me demande si je suis perdue puis se met à me raconter sa vie (je dois avoir une tête à ça ! …). C’est quand même sympa de discuter avec un indien à Monument Valley… comme John Wayne ! (et en plus, Philippe nous a appris à dire bonjour en Navajo : c’est « Ya At Eeh » ou un truc comme ça…)
Nous reprenons la route et nous sommes bientôt en vue des paysages mythiques tant exploités par l’industrie cinématographique et publicitaire… et on n’est vraiment pas déçus !
La vue à partir du Visitor Center est déjà spectaculaire, mais la majeure partie du parc ne peut être visitée qu’en empruntant une piste de 27 km qui serpente parmi les falaises et les mesas…
La route est assez mal entretenue (certains disent que c’est pour justifier la nécessité de location des jeeps des indiens qui attendent les touristes…), en tous cas, cela contribue à l’aspect sauvage du site : j’imagine mal une route goudronnée serpentant parmi les célèbres buttes ocres… sacrilège !
Et justement, nous voilà tous embarqués dans un véhicule tout-terrain piloté par un Navajo portant chapeau… de cow-boy (!), pour une promenade à travers le parc où nous croisons des chevaux (presque) sauvages…
Nous nous extasions devant les couleurs vives de la roche (elles proviennent de l'oxyde de fer et du manganèse) et devant la dimension (jusqu'à 300 m de haut) des falaises et des buttes aux formes évocatrices :
The Mittens (les mitaines), 2 buttes qui semblent avoir été sculptées symétriquement,
Totem Pole, une flèche de roc de 100 m de haut, que Clint Eastwood aurait escaladée...
Elephant Butte
The Three Sisters (ici avec une daughter...) falaise découpée en W (signification,
au choix : Wayne, W. Bush ou Welcome…)
Les formations fantastiques, les aiguilles délicates, les tours rocheuses et les monolithes de gré, qui ont donné son nom à la Vallée des Monuments, se sont formés grâce à la patiente action du vent et des processus géologiques à travers des siècles (et des siècles de siècles !) sur le plateau du Colorado.
Les falaises de gré rouge et les minces aiguilles sont en majorité sculptées à partir de la formation Cutler, un rocher qui date d’il y a 160 millions d’années : les buttes se trans-forment en flèches, les flèches en esquilles, les esquilles en sable, dont le vent fait des dunes lorsqu'il rencontre un obstacle… bref, le résultat est magnifique !
Nous faisons des arrêts photos pour profiter des sites les plus spectaculaires :
John Ford Point, mythique...
ça c'est du décor !!!!
Artist Point où l’on a un magnifique panorama sur la vallée.
On en profite pour faire quelques photos nulles de touristes.
A midi, comble du bonheur, nous nous arrêtons à l’ombre de très hautes falaises pour manger un repas indien avec beefsteacks, galettes de maïs et biscuit, et Philippe nous demande fort à propos de nous mettre en file indienne pour aller chercher nos plats…
Cela dit, on se demande comment on peut encore avoir faim avec toute la poussière qu’on a ingurgitée durant notre trajet en jeeps !
Il fait très beau et nous souhaiterions profiter plus longtemps de cette pause dans la fraîcheur de l’ombre
des mesas...
...mais il nous faut bientôt repartir en direction du Visitor Center pour une étape dans des WC mobiles au confort rudimentaire… l’attente pour la vidange est longue et nous empêchera de faire le tour des stands attrape-touristes afin d’aller vérifier si la fameuse grand-mère prise en photo par tous les visiteurs est toujours en vie !
Dans le car qui nous éloigne de ce magnifique parc (à peine partis, on est déjà nostalgiques), Philippe nous donne des informations sur la vie des indiens, leurs fêtes, leurs rites, leurs croyances… et nous parle du Kokopelli (flûtiste annonciateur des bonnes nouvelles) dont nous avons pu déjà voir plusieurs fois la silhouette gracieuse sur les objets artisanaux indiens et du Dreamcatcher, l’attrapeur de rêves qui protège des cauchemars en emprisonnant les mauvaises ondes dans sa toile…
Monument Valley au cinéma et à la télévision Bien sûr, La Chevauchée fantastique de John Ford avec John Wayne, mais le réalisateur utilisa le paysage dans d'autres westerns tels que La Prisonnière du désert. Il existe d’ailleurs un point de vue baptisé "John Ford Point ". La silhouette des buttes servit d'emblème à la marque de cigarettes Marlboro dans les années 1950. Il était une fois dans l'Ouest de Sergio Leone montre 2 scènes tournées à Monument Valley. 2001, l'odyssée de l'espace de Stanley Kubrick. Indiana Jones et la dernière Croisade de Steven Spielberg Retour vers le futur III, Forrest Gump, Vertical limit…
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Nous traversons le Painted Desert et ses lumineuses couleurs vertes et rouges en direction de Page et du Powell Lake, un lac artificiel créé sur le fleuve Colorado par le barrage de Glen Canyon achevé en 1963.
Philippe nous ayant avertis que, du barrage, on ne verrait presque rien du lac, nous avons choisi l’excursion en avion pour 110 dollars chacun… on espère que ça vaut la dépense !
Dans le car, Philippe nous donne qqs informations sur le barrage : jusqu'en 1884, seuls les indiens Navajos vivaient dans la région. Il n'y avait rien ici avant 1960, date à laquelle le Congrès américain autorise la construction d'un barrage afin de contrôler le cours du Colorado et de fournir de l'énergie hydro-électrique. Pour loger les travailleurs, une ville fut construite : Page (8000 habitants), qui se trouve sur un plateau dominant le lac Powell. Aujourd'hui, la ville sert surtout de base de loisirs (bateaux-maisons, jet skis, pêche, baignade, randos…)
Pour construire le Glen Canyon Dam, il a fallu couler du béton 24h sur 24 pendant 3 ans ! (c’est le 4e plus grand barrage des Etats-Unis) Du béton de mauvaise qualité ayant été donné gratuitement par les constructeurs du barrage, une des particularités de Page est d’avoir vu s’élever rapidement les unes à côté des autres 10 églises de confessions différentes (Méthodiste, de Jésus Christ des Saints des derniers jours (!), de l’Assemblée de Dieu…) que nous apercevons d’ailleurs de la route.
Pour de plus amples informations sur le barrage, je laisse la parole à Charline qui l’a visité avec la famille Beaver : « Faisant partie des quelques privilégiés ayant eu la chance de pouvoir descendre dans le barrage (visite agrémentée des commentaires d’un guide local), nous avons décidé d’en profiter pleinement afin de pouvoir faire un rapport détaillé à ceux qui ne sont pas venus. Enfin c’est ce qu’on aurait pu faire si le guide s’était décidé à ne pas nous aboyer dessus comme un colonel allemand (en plus, il était grand et blond…), parlant à toute vitesse, allant même jusqu'à nous ignorer. Sans doute était-il désespéré de nous voir hilares à chaque fois qu’il ouvrait la bouche…Mais comment rester sérieux devant un Alan Beaver qui s’amusait à l’imiter ??! Bref j’ai sans doute vu et entendu des choses uniques et inoubliables, dommage que je n’ai rien compris ! »
Bon, on est bien avancé avec ça ! Internet, au secours !
Alors, en fait, à sa crête, le barrage a une longueur de 476 mètres pour une largeur de 11 mètres. Du Visitor Center part un ascenseur permettant de visiter la centrale électrique, quelques 160 mètres plus bas. Il y règne une température constante de 10 degrés. A ce niveau, 30 m de béton séparent la centrale du lac Powell.
Le toit de la centrale est recouvert de 8000 m2 de gazon («ça je l’ai vu, j’ai même pris des photos ! ») permettant de diminuer la température à l'intérieur du bâtiment des turbines.
Donc, pendant que Charline profite de la très intéressante visite guidée, Norbert et moi, ainsi que quelques courageux de notre groupe, nous rendons sur la piste d’envol du coucou qui va nous servir de moyen de transport pendant 40 minutes… (sglurp !) Nous voilà harnachés pour le décollage, il fait très chaud (ou est-ce la peur qui me fait transpirer ?)
Décollage, nous prenons rapidement de la hauteur (re-sglurp) et là, c’est la stupéfaction : le lac Powell n’est pas un lac !
En fait, il s’agit d’une multitude de canyons (96 en tout) aux roches ocres, blanches et rouges, alimentés par 5 fleuves (il a fallu 17 ans pour tout remplir sur 150 mètres de profondeur par endroit) dont le plus important est bien sûr le Colorado
Du coup ses rives sont tellement découpées que, si le lac fait 300 km de long, la totalité de son rivage mesure environ 3380 km, une distance plus grande que celle de la côte pacifique des Etats-Unis !
Alors évidemment, c’est absolument magnifique, encore une fois ! Je commence d’ailleurs à me demander si on va pouvoir supporter tant de beauté en si peu de jours… notre cerveau va imploser !
On ne sait plus où donner des yeux, le "lac" s’étend à perte de vue...
... je mitraille le paysage de photos par tous les hublots...
J’oublie que je suis très haut dans le ciel à l’intérieur d’un tout petit avion à 9 places !
Notre vol nous conduit en 20 mn jusqu’au site le plus célèbre, le Rainbow Bridge National Monument, arche naturelle découverte en 1909. Cette merveille de pierre est le plus large pont naturel au monde (10 m d'épaisseur). Les indiens Navajos l'appellent "Nonnoshoshi", l'arc-en-ciel changé en pierre (pour eux, les arcs-en-ciel sont les gardiens de l'univers et le site est sacré). D’en haut, l'arche nous semble très petite et pourtant elle culmine à 90 mètres au-dessus du lit de la rivière !
Philippe nous racontera par la suite le mythe lié à cette arche : poursuivis par un monstre, un couple d’indiens Navajo se retrouva au bord d’une falaise sans possibilité de traverser le canyon, pris au piège… c’est alors que l’orage gronda et qu’apparut un arc-en-ciel qui se transforma en pierre et permit aux amoureux de prendre la poudre d’escampette… c’est-y pas joli ?
Après cette virée au 7e ciel, nous devons redescendre sur terre pour retrouver nos compagnons au Visitor Center Carl Hayden (qui se situe en Arizona, alors que nous avons survolé le lac en Utah… pratique, avec le décalage horaire d’1 heure entre les deux Etats, on a passé notre temps à rajeunir et revieillir !) L’entrée dans le Centre (et donc dans la centrale électrique du barrage) fait l’objet de fouilles minutieuses (ce sera la seule fois avec les aéroports), et nous avons le temps de profiter de l’exposition en attendant l’arrivée de Charline qui tarde à remonter de sa passionnante visite guidée…
En route pour Kanab, fondée entre 1840 et 1880 par des fermiers mormons et située au pied des Vermillions Cliffs, les adultes somnolent un peu, les jeunes jouent aux cartes au fond du car (ça y est, ils ont commencé à se regrouper…). Arrivée à l’hôtel Mission Inn où nous posons nos valises et nous repartons aussitôt pour prendre notre repas dans un restaurant en ville. Je m’attends à tout, car c’est dans cette même ville que mes parents ont eu droit à leur « western movie » avec mise en scène et déguisement… en nous rendant au restau, je reconnais d’ailleurs le lieu de leurs exploits ! (Le Denny’s Wigwam)
Le nôtre est d’ailleurs tout aussi folklo, là on est en plein Far West, tout est fait pour contenter le fan de westerns !
On entre dans le restaurant par une boutique (bien sûr) où l’on retrouve toujours les mêmes objets artisanaux indiens puis on est reçus dans un saloon par une Calamity Jane au bidon rebondi qui nous oriente vers la cour
où nous entrons dans un village fantôme plus vrai que nature ! (on voit que Charline a bien l'habitude de participer aux tâches ménagères usuelles...)
avec banque,
potence,
cimetière… (sur les pierres tombales, les inscriptions : "Etranger, au mauvais endroit, au mauvais moment", "Mort avec ses bottes aux pieds", "Il a dit : "vous ne me prendrez pas vivant", et c'est ce qui s'est passé"...)
La cabane du trappeur et la trappeuse...
Bref, on a joué le jeu et pris les photos de touristes comme tout le monde !
Ensuite, le repas est tout aussi folklo (mais savoureux : bœuf bouilli et haricots rouges…), le patron (mâchoire édentée et accent américain épouvantable… ce devait être le même que celui de mes parents au Wigwam !) appelle au buffet en actionnant une grosse cloche, le repas se déroule sur fond de musique country, on s’attend presque à voir arriver Billy the Kid…
Nous rentrons à pied dans la nuit, la promenade est agréable et nous permet de faire quelques achats de provisions dans un supermarché ouvert tard (bouteilles d’eau et chewing-gum au goût fort curieux…)
Nous nous étonnons que cette ville mormone où l’alcool, le café et la cigarette sont interdits, par ailleurs surnommée « la petite Hollywood » (plusieurs grands films y ont été réalisés), soit entièrement dédiée au plaisir du touriste dans le plus grand respect de l’ambiance western caricaturale… mais Philippe nous expliquera qu’il ne faut pas confondre Mormons et Amish, dont la religion est austère. Les Mormons, eux, ne doivent pas bouder les plaisirs puisque leur religion autorise la polygamie ! (il fallait avoir le plus d’enfants possible pour se multiplier…) Bon, aujourd’hui, c’est interdit sinon ils n’auraient pas pu rentrer dans l’Union… (mais il paraîtrait que ça se fait toujours en cachette…)
En plus, l’Eglise mormone est très riche (les Mormons lui donnent 10% de leur salaire) et, en Utah, ils possèdent la plupart des banques, des assurances, des grandes sociétés immobilières, des médias…
A noter qu’il n’y a pratiquement pas de délinquance et de criminalité en Utah (normal : si les mormons doivent s’occuper de plusieurs femmes, ils n’ont pas le temps pour les vols, crimes, rackets ou autres loisirs…)
Aujourd’hui c’est LA journée (je n’ai pas déjà dit ça ?) : nous allons à Bryce Canyon !
Ce matin, pour répondre à la demande de plusieurs personnes du groupe, Philippe nous emmène dans un magasin de fringues et de jeans, tout est archi large, nous nous contentons d’acheter à Charline un magnifique chapeau de « cowgirl » qu’elle s’empressera de perdre… enfin... d’oublier, dès demain, dans sa chambre d’hôtel, on a quelques photos souvenirs à Bryce, surtout, ne les loupez pas !!!
En chemin pour Bryce, pendant que les jeunes jouent aux cartes au fond du car, Philippe nous demande si nous avons trouvé le surnom de l’Utah : euh… hier j’ai bien pris en photo la plaque minéralogique d’une voiture de police qui représentait une arche naturelle, mais il n’y avait pas le nom... en fait c’est le Beehive State (ruche), zut, j’ai raté mon interro !
La route traverse un paysage accidenté et très verdoyant (même les maisons sont en bois vert !) avec toujours cette même roche ocre et rouge (nous passons d’ailleurs à proximité de Red Canyon… on ne peut pas tous les faire !) En discutant dans le car (si, si !), je me rends compte que les autres personnes ne savent pas à quoi s’attendre avec Bryce Canyon : je leur assure qu’elles ne seront pas déçues !
Et c’est vrai que le paysage est encore une fois extraordinaire… mais on n’aurait pas dû voir le Grand
Canyon avant… parce que maintenant tout va nous sembler riquiqui !
En fait, ici, le nom canyon est impropre car il s'agit plutôt d'un amphithéâtre naturel de 146 km² formé d’une douzaine de ravins créés par l’érosion d’une partie du plateau de Paunsaugunt et de ses falaises les Pink Cliffs.
Et si l’endroit est remarquable, ce n’est pas par ses dimensions mais grâce à ses structures géologiques extraordinaires, les hoodoos, pinacles de pierre formés par l'action du vent, des précipitations et du gel.
Les Paiutes, premiers habitants connus du plateau, ont développé des croyances autour de ces hoodoos : ils pensaient qu’ils étaient des personnages légendaires pétrifiés par un coyote.
Déjà superbes par leurs silhouettes souvent suggestives, ces formations rocheuses fragiles et bizarres
déclinent en plus de nombreuses nuances subtiles de rose, blanc, jaune et rouge (grès, calcaire, manganèse) qui rajoutent à leur beauté.
II y eut pourtant un homme que ce spectacle n'impressionna pas outre mesure, contrairement à nous... C'était un mormon solitaire nommé Ebenezer Bryce qui, en 1874, s'était lancé dans l'élevage du bétail au pied de ces mêmes falaises. II y renonça bientôt, et avant de partir, traça à la craie sur une roche ce jugement définitif et concis : « Satané endroit pour perdre sa vache ». C’est ainsi qu’il laissa également son nom à ce qui deviendra en 1971 un Parc National…
Il fait toujours très beau, avec une magnifique luminosité, mais la chaleur est tout à fait supportable. Il paraît que le canyon a été sous la neige jusqu’à fin avril cette année (la moyenne des températures est de 26.6°C, il faut dire que Bryce se situe entre 2400 et 2700 m d’altitude.)
Après nous avoir laissé profiter des superbes points de vue de la Rim Trail...
... Philippe nous propose une petite promenade dans le canyon, il ne nous laisse que 40mn et ne nous accompagne pas jusqu’au bout… Norbert, qui suspecte une remontée difficile fera d’ailleurs de même !
Charline et moi continuons vaillamment la descente par la Navajo Loop Trail jusqu’au Queen's Garden...
Vus d’en bas, les hoodoos sont vraiment impressionnants !
La remontée sera effectivement peu reposante (mais rapide : en effet, il faut frimer devant les copains !)
Heureusement, nous ferons quelques étapes... notamment pour admirer les petits écureuils qui pullulent ici aussi et cabotinent devant nos appareils photos comme de vrais tops models. Au fait, je rectifie, finalement, il fait très chaud !
Je vous rassure : on n'est pas descendus ausi bas que ces 2 randonneurs ! (les avez-vous trouvés ?)
Revenus dans le car, Norbert est perdu corps et biens, tout le groupe est obligé de l’attendre 10 mm… en fait, il a joué au héros : lui qui ne voulait pas descendre pour éviter de se fatiguer, il a dû tracter avec ses bras musclés une très corpulente touriste anglaise qui avait glissé du chemin de promenade dans le « ravin » !
Nous prenons notre repas de midi à proximité du site, dans un cyber restaurant où nous en profitons pour envoyer un mail à Maxime (pauvre Max qui n’est pas là et qui travaille,en plus !) et pour faire transférer les photos déjà prises sur un CD… à l’allure à laquelle je mitraille, je n’aurai pas assez de mes 4 cartes mémoires !
(Photo trouvée sur le net)
Reprise de notre périple en direction de l’ouest et du Parc National de Zion (pour ceux qui se poseraient la question : les jeunes jouent aux cartes au fond du car).
Nous traversons à nouveau des paysages très verdoyants en longeant une petite rivière, le climat doit être humide par ici… d’ailleurs le temps se dégrade peu à peu, le ciel devient très gris et nous apercevons même une belle averse au loin, dans la direction qu’a prise notre car… oups, ce n'est pas bon signe !
L’entrée dans le parc se fera effectivement sous la pluie, ce qui va gâcher considérablement notre aperçu du site : en effet, nous descendrons très peu souvent du car pour les arrêts photos et les nuages bas nous empêcherons de profiter complètement du panorama.
Nous serons donc un peu frustrés de la beauté de ce Parc National qui, lui, par contre, aurait pleinement mérité le nom de canyon, celui creusé par la Virgin River pendant treize millions d'années, un canyon si profond que les rayons du soleil pénètrent rarement jusqu'à l'eau et si étroit qu'un violent orage en amont peut faire monter l'eau de 7 ou 8 mètres en un quart d'heure !
La route principale que nous empruntons, colorée en rouge pour mieux se fondre dans le paysage, suit la rivière à prudente hauteur... or c’est un endroit qu’on ne peut manifestement apprécier à sa juste valeur qu’en descendant dans les profondeurs des gorges...
Du car, nous pouvons toutefois nous extasier sur la hauteur des rochers et des falaises qui bordent la route ainsi que sur le jeu des couleurs des roches tantôt blanches striées de beige, tantôt rouges grâce à l’oxyde de fer, sans oublier la végétation qui parsème le tout de tâches vertes...
Nous nous arrêtons pour prendre en photo la Checkerbord Mesa, montagne de grès caractérisée par des stries horizontales et verticales formant une sorte d’immense échiquier...
... tout en essayant d’éviter les flashs des touristes japonais qui mitraillent sans discontinuer (pires que moi, si, si !)
Nous ne verrons donc qu’une infime partie de ce parc de 595 Km², ce qui ne nous laissera pas hélas le temps de comprendre pourquoi les Mormons arrivés vers 1860 ont nommé ce lieu « Zion » (le sanctuaire en hébreu), en souvenir de Sion la « cité céleste de Dieu ».
Toutefois, grâce à l’arrêt au Visitor Center, nous apprendrons que la roche du canyon recèle, profondément enfouis, des fossiles de coquillages et de poissons, ainsi que des ossements et des empreintes d'animaux préhistoriques. Des dinosaures et d'énormes reptiles ont dû hanter les nombreux marais et bayous qui s'étendaient ici dans les temps anciens… Aujourd’hui la faune est toujours exceptionnelle (quoique légèrement différente), nous verrons même (enfin) le fameux castor cher à Alan (quoique légèrement empaillé… pas Alan, le castor) ! Sans oublier les photos des célèbres « narrows » (étranglements) qui font la célébrité du canyon de la Virgin river…
Nous sortons du Parc National de Zion pour retrouver progressivement le beau temps en entrant dans le Nevada... (pff !!!!)
Ce soir, nous dormons à Mesquite dans un hôtel-casino totalement différent des petits motels de l’Utah : nous avons la chambre 20000/12, c’est dire !!!! Un vrai labyrinthe, avec plusieurs bâtiments et qui traverse une route en plus ! Il me faudra ½ heure pour retrouver Charline partie à la piscine avec ses potes : et en plus, il y a 3 piscines extérieures à 3 endroits différents !
Nous restons dans l’eau jusqu’à l’heure de fermeture des bassins, et j’en profite pour tchatcher avec des gamines originaires de Denver pour qui la France est le pays romantique par excellence et Paris la ville de l’Amour … c’est la raison pour laquelle elles ont appris le français à l’école ! (mais, bon, il ne leur en reste pas grand chose…)
Le restaurant est une merveille de mauvais goût clinquant. Dans la file d’attente je discute encore avec des jeunes américains, ils sont vraiment sympas et ont une image idéalisée de la France eux-aussi…
Après le repas, nous traverserons le casino sans nous y arrêter pour jouer, au moins on n’est sûr de ne pas perdre d’argent… par contre, on a réussi à perdre Charline ! (ainsi que tous les autres jeunes du groupe, d’ailleurs… bon, ils doivent jouer aux cartes !)
Aujourd’hui c’est LA journée (bon, d’accord, je sais !) : nous allons à Las Vegas !
En fait, comme toute passionnée de paysages qui se respecte, j’attends plutôt cette étape avec curiosité qu’avec enthousiasme puisque nous n’allons pas visiter de Parc National aujourd’hui… mais bon, c’est vrai qu’on a vu très peu de villes depuis 4 jours…
En plus, le soleil n’est encore pas au rendez-vous, il pleuvine (hier soir, ils ont, paraît-il, battu des records de froid pour un mois d’août à Las Vegas ! Cela dit, les températures restent agréables, et seuls les frileux oseront enfiler un gilet …)
Pendant que les jeunes jouent aux cartes au fond du car (on les a retrouvés !), j’écoute donc d’une oreille distraite Philippe nous parler du petit Parc d’Etat que nous allons traverser, la Vallée du Feu, un joli nom qui évoque un endroit désertique et très chaud à 1h de Las Vegas…
et ce sera encore une fois l’émerveillement ! Pour tout dire, un de mes endroits préférés au cours de ce voyage…
Alors que le désert de Mojave est gris doré autour de nous, tout à coup, au détour d'une haute colline, le décor change, et nous nous retrouvons au milieu d'un paysage de roches aux tons rouge et orange flamboyants auxquelles l'érosion a donné des formes fantastiques : l’"Elephant rock" (avec sa trompe reliée à la terre), les "Seven Sisters"(sept énormes rochers situés le long de la route), les "Beehives" (rochers érodés par le vent qui ressemblent à des ruches) ou les "White Domes"(rochers blancs situés à l'extrémité nord du parc et qui contrastent avec le paysage environnant).
Les Beehives
et leur abeille...
Nous nous arrêtons au Visitor Center qui offre une exposition géologique et archéologique sur la flore et la faune de la région et sur ses pétroglyphes, témoignages de l’occupation humaine, d'abord par des indiens Païutes à partir de 300 av Jésus-Christ, puis par les Anasazi.
Nous apprenons que La Vallée du Feu, autrefois recouverte par la mer, tient à la fois son nom des formations de grès rouges qui étincellent au soleil levant et de la chaleur écrasante qui y règne en été… (près de 50°C ! Oups, on est contents qu'il pleuve et qu’ils aient battu des records de froid la veille !)
Les bouleversements géologiques qui se sont produits pendant l'âge des dinosaures (il y a 150 millions d'années) associés à l'érosion ont créé le paysage d'aujourd'hui. Sans qu'on en connaisse très bien le mécanisme, une pellicule sombre se forme sur les parois de grès (dépôts laissés par la pluie, oxydation ?) Les américains l'appellent "desert varnish", le vernis du désert. En le grattant, on fait ressortir la couleur naturelle de la roche. C'est ainsi que les Anasazis nous ont laissé des traces de leur activité artistique ou spirituelle, un véritable trésor archéologique dont nous ne verrons malheureusement que des photos (il faudra revenir !)
Philippe nous emmène ensuite jusqu’à un superbe point de vue (Rainbow vista) où l’on peut se régaler de toutes les nuances que prend la pierre dans ce lieu.
Nous grimpons un haut rocher et comme je m’arrête souvent pour tirer des photos, je suis (comme toujours) à la traîne et je m’étonne d’entendre les autres s’exclamer et rire au fur et à mesure de leur arrivée au sommet… en fait, l’électricité statique est tellement forte à cet endroit que nous avons tous les cheveux qui se dressent sur la tête !
Puis Philippe nous annonce qu’il avait l’intention de nous proposer une petite promenade dans la vallée mais que, hélas, à cause de la pluie… nous nous récrions tous haut et fort, on se moque de la pluie, on veut la ballade, c’est trop beau !
Et nous ne regretterons pas d’avoir bravé les éléments (surtout qu’il ne pleut plus…)
L’endroit se prête à tous les superlatifs, c’est grandiose : terrain de géants, paysages lunaires… non plutôt martiens,
avec des vestiges de bois pétrifiés ou des arbres qui poussent on ne sait comment dans la roche,
concrétions en forme d’arches,
ou de personnages…
défilés étroits,
on se croirait revenu à l’ère du Jurassique !
Pas étonnant que le site ait été souvent utilisé comme décor de films d'Hollywood comprenant les séries de Star Trek et plusieurs sagas préhistoriques… comme ils disent sur un site américain traduit très approximativement en français : «c’est extra-terrestriel !» (sans parler des indiens qui «populaient » le lieu…)
L'apothéose de notre promenade... c'est magnifique !
Nous reprenons le car, convaincus qu’il nous faudra revenir un jour pour voir la roche flamboyer sous le soleil… cela dit, à 50°C, je ne suis pas sûre qu’on aurait autant apprécié la ballade !
Nous sommes un peu en retard sur le planning, et c’est en début d’après-midi que nous nous arrêtons manger un peu avant Las Vegas (à Logandale ?), dans un restaurant-buffet-casino orgiaquisant (connaît pas ce mot, l’ordinateur…) avec plusieurs pôles de cuisine différents : italien, mexicain, poisson, grill, fast-food…. sans parler du buffet des desserts, une horreur !
Nous nous remplissons la panse de Tacos et de gâteaux en prévision du dîner libre de ce soir… on prévoit en effet de sauter le repas ! Ce qui nous donne donc un prétexte pour nous empiffrer sans remords... (ma mémoire refuse toutefois de me dire le nom de la boisson qu'on nous avait servie...)
Le restaurant surplombe l’incontournable casino décoré d’une immense maquette d’avion (c’est d’un goût !) et affiche les photos et les noms des américains tous obèses qui sont censés avoir gagné des sommes astronomiques sur les machines à sous du lieu… (en fait il faut savoir que c’est toujours le casino qui se gave !)
Le retard pris sur l’étape ne va donc pas être comblé vu les heures passées dans ce lieu paradisiaque, véritable Eden pour les papilles gustatives… nous n’aurons donc pas le temps de nous arrêter au lac Mead, grand réservoir artificiel alimenté par les eaux du fleuve Colorado, et Philippe ne nous dira que deux mots dans le car sur le barrage Hoover, construit en 1935, et qui alimente Las Vegas en électricité… il nous faudra revenir !
Nous voilà donc à Las Vegas : perdue dans un désert de pierres et de sable jaunâtres, une mégapole de 1,7 millions d'habitants dont la population a été multipliée par trois en 20 ans ! Les pages jaunes de l'annuaire sont d’ailleurs réactualisées 2 fois par an…
De l’autoroute, nous apercevons au loin la haute silhouette des hôtels-casinos qui dominent le Strip, avenue légendaire où pullulent les plus célèbres complexes hôteliers du monde: Le Luxor, Le Mandalay Bay (doré le jour et noir la nuit), le New York New York, le Paris, le Caesar Palace, le MGM Grand…
Le temps est toujours gris et ne met pas la ville en valeur, mais nous savons déjà que c’est la nuit que Las Vegas révèle son extravagante beauté…
Puis nous nous rendons dans notre hôtel, qui - surprise ! - est situé à 2 pas du Strip (surnommé ainsi parce qu’on peut y perdre jusqu’à sa chemise…), par contre bonjour la vétusté ! En fait, cet hôtel, le Bourbon Street, est destiné à être détruit très prochainement, racheté par le Caesars Palace pour être transformé en parking… aussi, il ne faut pas être très regardants sur la décoration !
Nous avons donc du temps pour nous promener dans la ville, munis de notre repas du soir (une pomme… cela dit, nos estomacs nous font douloureusement ressentir notre orgie de plats mexicains : avec Charline, on marche à la propulsion gazeuse !) avant le rendez-vous de ce soir où Philippe nous emmènera faire le tour des plus beaux hôtels.
En attendant, nous explorons le Caesars Palace, immense complexe comprenant l’hôtel, le casino et la galerie marchande (La Pardieu, c’est rien à côté),
où nous passons plus d’1 heure sous un faux ciel bleu en trompe-l’œil
et dans un décor gréco-rococco-clinquant du plus bel effet…
On prend des photos pour Maxime...
On se prend pour des déesses... (dans le cas présent, plutôt des filles d'éoles grâce à la digestion du repas de midi...)
Et Norbert se la joue dieu de la musique... (cad Mc Cartney...)
Puis nous nous extasions sur les extérieurs des hôtels
The Mirage
The Venetian
Le Harrah's et leTreasure Island (où nous arrivons pour la fin du spectacle, on a juste entendu les coups de canon et vu la fumée… difficile d’approcher avec tous ces spectateurs !)…
…avant de rejoindre le Bellagio
où nous pouvons enfin profiter du water show, magnifique jeu d’eaux musical sur chanson du Titanic interprétée par Céline Dion (évidemment, elle est ici à demeure du fait de son spectacle) avec des jets qui atteignent jusqu’à 75 m de haut.
En fait, c’est exactement comme ça que j’imagine Disneyland, sauf qu’ici, on brasse beaucoup plus d’argent !
Si on peut dire que l’Arizona est l’Etat des Indiens et l’Utah celui des Mormons, le Nevada c’est celui des Mafiosi ! D’ailleurs, son surnom est le Silver State (silver = argent)… en français ça permet le jeu de mots !
Retour à l’hôtel , juste le temps de se changer (pour Charline et moi, c’est la panique : dur, dur de s’habiller belles quand on a une envergure abdominale proche de la montgolfière !) puis nous repartons avec le groupe pour voir Las Vegas By Night : et c’est encore au pas de course que nous allons visiter les hôtels que Philippe a sélectionnés pour nous… aussi, on aura le temps d’en faire beaucoup !
Le Rio, d’abord...
...où nous assistons à un spectacle de danseuses sur bateaux volants.
De jeunes filles accortes et très effeuillées...
Tous les mineurs comme Charline doivent traverser le casino en fermant les yeux et ensuite n’ont pas le droit de se mettre au premier rang pour voir le spectacle, comme nous le rappelle vertement un vigile armé qui ne plaisante pas… Obligés de se mettre au fond, ils se retrouvent ainsi à côté des machines à sous dont ils n’ont pas le droit de s’approcher… quand je demande à Philippe quelle est la logique de cette règle, il me répond qu’il ne faut pas toujours chercher la logique avec les américains !
Le Luxor, qui compte 4476 chambres réparties sur 30 étages dans la pyramide et sur 22 étages dans les 2 tours extérieures rajoutées quelques années après son ouverture.
Il occupe ainsi la 3e place au rang des hôtels les plus grands du monde (remarque : ces infos datent de 2005...)
A l'intérieur, on peut paraît-il naviguer sur un petit "Nil" !
Il est relié au brillant Mandalay Bay (à gauche) et au médiéval Excalibur (à droite) par un métro aérien.
Le Paris, qui reconstitue les plus célèbres monuments de la capitale à l’extérieur (Tour Eiffel, Louvre, Arc de Triomphe…)
et l’ambiance des quartiers de Pigalle à l’intérieur (toujours avec le faux ciel bleu en trompe-l’œil)
Il n’y a en effet aucune fenêtre ni aucune pendule dans les casinos et il est indispensable que les joueurs croient qu’il fait toujours jour !
Tout comme pour de vrai, manque juste que Lady Di (ah zut, je m'étais jurée... et puis j'ai craqué !)
(Photo prise sur le net)
Le magnifique Venetian, une merveille, un palais qui peut rivaliser avec ceux d’Italie,
avec des couloirs larges comme des avenues,
des plafonds peints de scènes classiques et religieuses dignes de la Chapelle Sixtine, des dorures à profusion…
… et en apothéose une galerie marchande qui reproduit à la perfection les canaux de Venise, avec une partie jour et une partie nuit,
et partout les gondoles, les arcades,
les ponts, les cafés, les boutiques de luxes …
Sans oublier à l’extérieur le Campanile de la Place St Marc et le pont du Rialto… c’est époustouflant ! Et si on rajoute qu’il compte en tout 4049 suites de 60m² minimum, qu’il a coûté plus de 2 milliards de $ et qu’il comprend aussi un musée qui accueille de très grandes toiles venant, entre autres, du musée du Louvres à Paris et du musée de l'Hermitage de Saint-Pétersbourg… on comprend qu’on est vraiment dans la démesure ! Mais qu'est-ce que c'est beau !
Le Bellagio, rendu célèbre notamment par le film Ocean eleven, à l’intérieur très art déco style italien, qui compte 3005 chambres sur 35 étages et a coûté plus d'1,3 Milliard de $.
Toute la décoration est accès sur les fleurs et les plantes, même au plafond ! (on dirait du papier de soie mais, en fait, c'est du verre de Murano...)
avec un jardin intérieur italien qui n'oublie quand même pas de glorifier l'aigle américain...
Devant l'hôtel, nous assistons à nouveau à un spectacle de jets d'eau mais différent de celui de l’après-midi et je dois dire que de nuit, c’est vraiment grandiose.
Nous prenons le car pour nous rendre à Downtown et passons devant le MGM Grand (plus grand hôtel du monde avec 5034 chambres), le tout récent Wynn (ouvert le 28 avril 2005, il a déjà coûté la bagatelle de 2,4 milliards de $...), le Mirage (dont l’intérieur est en marbre du sol au plafond), le Stratosphère (qui culmine à près de 365m et au sommet duquel se trouve le Big Shot, attraction qui propulse les visiteurs à 72 Km/h et cela au-dessus du vide… moi je veux pas y aller, même si la vue sur le Strip est belle !)
A Downtown, Philippe nous laisse du temps libre dans la Fremont Street, où tout n’est que bruits, lumières et clignotements (plus de 24000 km de tubes au néon éclairent le Strip et le Casino Center), en attendant le spectacle qui, toutes les demi-heure, illumine le plafond en tubes de néon de 350 m de long, spectacle qui se révèlera très décevant car essentiellement destiné à faire l’apologie du Las Vegas du Jeu et du Sexe à l’occasion du centenaire de la ville, avec des images répétitives de roulettes et de jeux de cartes, et des filles à la silhouette déformée qui se trémoussent… du vrai mauvais goût, comme Norbert aime !
Ensuite, avec Charline, pendant que Norbert s’arrête devant un orchestre live, nous allons au Golden Nuggets voir la fameuse Hand of Faith Nugget,
énorme pépite d’or de 25 kg trouvée en 1980 en Australie à 15 cm de profondeur seulement… on pourrait en faire des bagues avec ça !
Fin de notre périple nocturne, nous sommes tous les 3 pressés … Norbert d’aller se coucher et Charline et moi de ressortir, ce qu’on s’empresse de faire ! Hélas, passé minuit, plus de spectacles, plus de boutiques ouvertes, seuls les casinos fonctionnent mais impossible d’y mettre les pieds avec une mineure… on pense monter dans la tour Eiffel pour un panorama de la ville, mais 10 $ chacune… c’est un peu cher !
Nous ne sommes décidément pas des bons clients pour Las Vegas, on ne va pas y laisser un centime !
Aujourd’hui c’est LA journée (ben oui…) : nous allons traverser la Vallée de la Mort !
Je suis souvent allée sur le web en juillet consulter les sites météo pour m’informer des douces températures du lieu : 49, 50, 52°C… et je me suis souvent demandée comment on allait pouvoir survivre à ça !
Surtout que ce matin nous traversons Las Vegas sous le soleil, les façades des bâtiments étincellent en reflétant le ciel bleu, on croirait voir les faux plafonds des hôtels ! Rien de comparable avec le triste aperçu de notre arrivée...
Nous quittons l’endroit avec un sentiment mitigé, répulsion provoquée par l’alignement monstrueux des machines à sous et la profusion de décors superficiels, stupéfaction devant le spectacle trucculent de la vie nocturne, émerveillement face aux parfaites reconstitutions des monuments célèbres du monde entier, à l’image d’une ville à l’histoire ambiguë, fondée par des mormons puis développée par la mafia, métropole lumineuse et multicolore à la végétation luxuriante entourée de paysages désertiques, caillouteux et poussiéreux… bref, une ville totalement en trompe-l’œil et qui assume superbement son indécence !
Ce matin nous avons bénéficié d’un petit-déjeuner chaud (omelette, saucisse, lard, pomme de terre…) sûrement en prévision du froid qui nous attend dans la Vallée de la Mort...
Avant de quitter définitivement Las Vegas, nous nous arrêtons dans un Truck Stop pour aller admirer quelques rutilants monstres mécaniques décorés (ça nous change de l’état de notre car…), ce sont de véritables mobil homes pour leurs chauffeurs qui les surveillent comme des trésors (attention à ne pas s’en approcher de trop près… y’en a même qui mordent !)
En route pour la Death Valley, à 200 km au nord-ouest de Las Vegas, et pendant que les jeunes jouent aux cartes au fond du car, Philippe nous donne quelques infos sur l’endroit que nous allons traverser (j’ai mon petit carnet, je note tout !). Nous apprenons ainsi que le record de température est de 56,7°C à l’ombre (ça ne me rassure pas du tout, surtout qu’il n’y a pas d’ombre !) et qu’on peut y perdre jusqu’à 1 litre d’eau de sueur par heure (à boire !!!) Par contre, les orages y sont violents et peuvent détruire les routes, comme cela a été le cas l’an dernier (la nouvelle route n’est terminée que depuis 3 mois). Bref, un endroit sympa comme les noms des points de vue l’indiquent : Dante’s view, Furnace Creek (le ruisseau de la forge), Badwater (mauvaises eaux), Devil’s Golf Cours (parcours de golf du diable), Funeral mountains (montagnes funèbres)...
Nous nous arrêtons à Zabriskie Point pour profiter d’un panorama extraordinaire sur la diversité des paysages de la vallée : montagnes noires, lacs de sel blancs, roches multicolores, tantôt jaunes, roses et rouges (fer), tantôt vertes (mica) ou pourpres (manganèse), on comprend qu’il y ait un point de vue qui s’appelle Artists Palette !
C’est encore une fois magnifique, va-t-on supporter ça longtemps ?
Ce qui est vraiment insupportable, par contre, c’est la chaleur sèche qui nous enveloppe lorsque nous sortons du car : difficile de respirer, il nous faut grimper un rocher, pour profiter du panorama, nous arrivons, pff, en haut, pff, complètement, pff, essoufflés !
Ancien lac salé, la vallée est en effet aujourd’hui un parc de zone aride qui contient le plus grand relief désertique de la partie continentale des Etas-Unis (13500km²).
Le parc est séparé de l’océan Pacifique par 5 chaînes de montagnes qui assèchent complètement les entrées d'air océanique chargées d'humidité.
Endroit de tous les contrastes, le point le plus bas de la Vallée de la Mort est situé à moins 86 mètres en dessous du niveau de la mer alors que le Telescope Peak, enneigé l’hiver, se dresse sur les montagnes environnantes à plus de 3 000 mètres d'altitude !
C’est là que nous rencontrons des touristes français qui font le voyage dans le sens inverse et qui, eux, apprécient cette suffocante chaleur tellement ils ont souffert du froid à San Francisco où les températures n’ont pas excédé 13°C pendant leur séjour… sglurp, a-t-on emporté suffisamment de pulls et de pantalons ?
Nous reprenons le car pour nous rendre à Furnace Creek où l’on peut trouver, outre le centre d'informations pour touristes, un poste à essence, deux hôtels, un terrain de golf, un petit musée et un bureau de poste…
Là, nous apprendrons grâce au thermomètre extérieur du Visitor Center qu’il ne fait aujourd’hui que 41°C… (oui, mais à l’ombre !)
Nous sommes surpris de découvrir que le "ruisseau de la fournaise" est plutôt une luxuriante oasis de palmiers en plein coeur de la vallée…
Car malgré la rudesse et la sévérité de l'environnement, plus de 900 espèces de plantes poussent dans le parc : il paraît même qu’au printemps, les fleurs de la région transforment le désert en un vaste jardin !
De même, certaines espèces animales se sont aussi adaptées à cet environnement : mouflons, coyotes, serpents à sonnette (bon, je ne vais éviter d’aller me promener loin toute seule… de toutes façons, c’est l’heure du déjeuner !)
Au cours du repas, Philippe nous conseille malicieusement de goûter la Root Beer, sorte de soda mousseux à base de houblon et d'extraits de vanille, de réglisse, de sassafras, de gigembre, d’écorce de bouleau et de diverses autres plantes… ça sonne bien comme ça mais en réalité, cette boisson très prisée par les petits américains est une horreur : le même goût que l’infâme chewing-gum acheté à Kanab ! Selon moi cette boisson aurait plus sa place dans une armoire à pharmacie que dans un restau mais bon… on ne nous y reprendra pas deux fois !
Dernier touriste ayant bu de la Root Beer…
Après un appréciable temps libre qui nous permet de visiter le petit musée de l’ancienne société d’exploitation du borax (utilisé dans la production de savon)
dont le produit fini raffiné était expédié depuis la vallée dans des wagons tirés par des groupes de 18 mules et 2 chevaux...
...qui ont donné la marque (renommée aux États-Unis) de 20-Mule Team,
avant
après...
Nous repartons péniblement (parce que le moteur du car chauffe et qu’on est obligés de s’arrêter pour éviter l’explosion… il semblerait en effet que notre chauffeur, le très avenant et loquace Lloyd, ne maîtrise pas bien la conduite technique de son véhicule…) en prenant du retard et avec des arrêts aléatoires qui ne nous offrent pas forcément les plus beaux points de vue…
Nous pouvons cependant apercevoir de loin les Mesquite Sand Dunes au nord de la vallée, souvent utilisées par le cinéma dans de nombreux films (comme Star Wars) pour des scènes de…dunes !
Par contre, plus le temps de s'arrêter, le moteur a enfin refroidi et on a une longue route à faire.. (j'entends Philippe s'énerver progressivement, l'air de rien, contre Lloyd... il n'élève pas la voix mais ça barde !)
A l’instar des pionniers ayant bravé tous les dangers, nous parvenons finalement à sortir du Nevada pour entrer dans la Vallée du San Joaquin en Californie… J’ai un petit pincement au cœur à l’idée que nous avons quitté les états des déserts et des Parcs Nationaux, avec le sentiment que nous avons vu le plus beau…
Nous traversons la plus vaste vallée irriguée des Etats-Unis à demi endormis malgré le raffut que font les jeunes au fond du car (ils jouent aux cartes… ah, on a voulu qu’ils se regroupent : c’est réussi !)
Puis Philippe nous met de la musique country dont nous entonnons les refrains avec enthousiasme (Yeh Yeh Youpi Yeh, Youpi Youpi Yeh), enfin, surtout Norbert, Charline et moi …(les autres auraient bien voulu dormir peut-être ?)
Philippe nous réveille pour nous montrer les champs de plantations de fruits secs (amandes, pistaches, noix de cajou et de pécan),
de melons, de tomates, de vignes et d’éoliennes,
ainsi que les nombreux puits de pétrole plantés au beau milieu des cultures !
Il faut savoir qu’¼ de ce que mangent les américains provient de cette vallée mais nous constaterons vite que si les fruits sont ici de forme parfaite, propres, brillants, lustrés (voire même cirés), ils sont par contre totalement insipides… il semblerait que ce soit le look qui prime pour la nourriture alors que les américains n’y accordent aucune importance pour les êtres humains ! (car selon Philippe : « ici, on ne juge pas les gens sur ce qu’ils sont ou paraissent être, mais sur ce qu’ils font » Nous, en attendant, on dort... )
Nous arrivons très tard à Bakersfield, il fait très chaud, ça tombe bien, l’hôtel Days Inn a une piscine et un jaccuzi dont nous allons profiter jusqu’à tard dans la soirée pour nous relaxer après cette étape de 450 km…
Alors, aujourd’hui, je ne suis pas sûre que ce soit LA journée… après tout, fini l’ouest mythique des cow-boys et des indiens, les canyons, les déserts… nous voici revenus dans la civilisation !
L’étape d’aujourd’hui nous conduit à Yosemite National Park (ah tiens, on n’a pas encore fait tous les parcs nationaux…) en passant par Fresno (500.000 habitants) où l’on s’arrête pour faire les courses : aujourd’hui, on pique-nique !
Dans un petit supermarché, Philippe nous achète du pain (sous cellophane), des chips, du jambon, une pâte blanche qui ressemble à du fromage, de belles fraises, des tartes aux fruits (tiens, deux desserts ?) et du vin rouge… on va manger français !
Pendant le trajet (les jeunes voudraient bien jouer aux cartes au fond du car mais on les en empêche… ils font trop de bruit !), nous écoutons religieusement notre guide nous donner des infos sur la société américaine. Ce qui est intéressant, c’est que nous avons en plus le point de vue d’un français, qui peut ainsi faire des comparaisons, et nous apprend, entre autres, qu’on a beaucoup de chance de vivre en France, car ici :
§ faible protection sociale (34 millions d’américains n’ont pas de couverture médicale car elle ne rembourse que les frais d’hôpitaux avec une franchise de 2000 $... quant aux hôpitaux gratuits pour les indigents, ils sont paraît-ils surchargés et « avec une hygiène pas terrible »)
§ consommation encouragée à outrance (système revolving qui facilite le surendettement)
§ durée de travail non limitée (quand on dit à un américain que les français ont obtenu les 35 heures, ils réagissent en demandant « et ils l’ont mérité ? » Mipp ! vous pouvez répéter la question ?)
§ et surtout, le pire, faible variété des produits de consommation (on trouvera dans les supermarchés des dizaines de marques différentes de confiture de fraise par exemple, mais peu d’autres parfums, sans parler du fromage insipide, car il n’est pas pensable de consommer ici des produits non pasteurisés, et pas de quiche, pas de pâtés… bref Philippe est visiblement en manque de saucisson et de Picodon !)
Bon, c’est vrai, on n’a pas vraiment le droit de se plaindre les français… sauf qu’on n’a pas le Grand Canyon, nous !!! Par contre, et contrairement à ce qu’on croit, les américains se sentent très concernés par la pollution de la planète : le recyclage des déchets est très bien organisé et on commence à commercialiser des véhicules avec moteur à hydrogène.
Nous nous dirigeons donc vers la Sierra Nevada qui abrite le parc de Yosemite (prononcer Yossémiti) à l’est de la Californie, premier parc protégé de l'histoire grâce à un décret signé par A.Lincoln en 1864.
C’est aujourd’hui un site réputé auprès des randonneurs et des grimpeurs du monde entier, mais nous, on va se contenter de grimper dans le car et dans l’estime de Philippe que l’on aidera à préparer le pique-nique…
Surtout Norbert qui s’occupera du vin, bien sûr !
La surface du parc est de 3000 km², mais les touristes se concentrent dans le 1 % de la vallée Yosemite, parcourue par la rivière Merced, à 1200 m d’altitude et entourée de montagnes grandioses qui culminent à 4000 m.
C’est une réserve naturelle précieuse pour de multiples espèces d’animaux (près de 80 espèces de mammifères et 135 espèces d’oiseaux) et de végétaux (chênes noirs, aulnes blancs, nombreux pins et fleurs sauvages… sans oublier les 300 séquoias géants que certains d’entre nous iront voir en navette au Mariposa Grove pendant que les autres prépareront le repas…) Tout ça présente un équilibre fragile, le parc étant souvent victime d’incendies ou d’inondations, à tel point que les autorités californiennes envisagent de le fermer pour en faire un sanctuaire naturel (ouf, on aura eu le temps de le voir avant !)…
Et voilà, bien sûr (mais vous allez finir par ne plus me croire), le site est à nouveau magnifique, on se croirait dans le film « Et au milieu coule une rivière », on s’attend presque à voir Brad Pitt pêcher à la mouche dans la rivière peu profonde où nous rinçons nos fraises… fraises qui se révèleront constituer en fait l’entrée de notre repas ! (c’est vrai, dans les buffets, j’avais déjà remarqué que les fruits étaient présentés à côté des salades…)
Les jeunes en profitent pour bassouiller un peu (connaît pas le mot, l’ordinateur…) tandis que leurs parents attendent courageusement au sec sur la rive -avec leurs appareils photos- qu’un de leur rejeton (n’importe lequel, on ne fera pas les difficiles…) leur fasse le plaisir de tomber à la baille…
...mais en vain ! (pourtant, y'en a qui ont pris des risques !)
Moment bucolique dont nous aurions bien profité plus longtemps, mais il faut repartir, on a encore de la route à faire…
Nous continuons à traverser le parc sur plusieurs kilomètres avec un sentiment constant de frustration : impossible de s’arrêter pour profiter de tous ces endroits enchanteurs qui nous appellent : « venez vous baigner dans l’onde pure et fraîche, venez faire la sieste à l’ombre des sapins, venez donc écouter le chant des oiseaux bleus qui pullulent dans les branches… » (soupir)
Nous arrivons bientôt au point de vue le plus célèbre du parc, le Tunnel View, d’où l’on peut admirer l’ancienne vallée glacière de Yosemite, et l’une des plus grandes chutes d'eau d’Amérique du Nord, le Voile de la Mariée (c'est à la fin du printemps qu'elles sont les plus belles, lorsque la neige et les glaciers fondent et les alimentent, aussi, là, en plein mois d’août, elles sont un peu riquiqui) ainsi que les hautes falaises qui l’entourent : les Cathedral Rocks à droite, l’impressionnant El Capitan à gauche, énorme monolithe de granite dont les alpinistes adorent grimper la paroi abrupte de 900 mètres de haut (on peut en voir aujourd’hui comme tout le reste de l’année, jour et nuit paraît-il…)
et le Half Dome au fond, devenu emblème du parc, bloc granitique dont la calotte sphérique est tranchée (d'où son nom)
Les chutes Bridal Veil
Nous nous amusons devant le manège d’un petit écureuil (oui, je sais, encore ! mais à choisir, on préfère affronter ce genre de faune plutôt qu’un des ours bruns, symbole de la Californie, qui peuplent le parc et adorent éventrer les sacs et les voitures qui ont le malheur d’abriter de la nourriture…) écureuil, donc, qui croit échapper à notre vue en s’aplatissant sur le sol, immobile… l’a encore des progrès à faire en matière de technique de camouflage !
Nous traversons la vallée jusqu'au Visitor Center
pour admirer les Yosemite Falls
Nous quittons la Sierra Nevada pour longer des champs jaunes genre « La petite maison dans la prairie » (je connais mes classiques)... Photo trouvée sur le net
...sauf que leurs crêtes sont couvertes d’éoliennes !
Nous traversons Mariposa, très joli village style western fondé au milieu du 19e siècle pendant la période de la ruée vers l’or, en direction de Modesto où nous allons passer la nuit. Je ne me souviens plus où on a pris notre repas du soir, par contre je me rappelle très bien le banana split que j’ai englouti à la fin du repas !
Nous arrivons à l’hôtel Ramada Inn, très jolis extérieurs, mais lorsque Charline ouvre la porte de notre chambre, elle en ressort aussitôt, le visage vert comme un personnage de bandes dessinées : l’odeur de cigarette y est suffocante !
Philippe est prêt à nous donner la sienne + celle de Lloyd mais finalement tout s’arrange… (heureusement car Lloyd n’avait pas l’air enthousiaste à l’idée de partager sa chambre avec Philippe…. faut dire qu’ils continuent à se disputer discrètement dans le car, Lloyd étant un peu dur à la comprenette quand Philippe lui indique la route ! )
Pour se réconforter, on profitera bien de la piscine extérieure et du jacuzzi, on met l’ambiance dans le motel , y’a même un vieux ZZ Top bien pervers qui préfère aller chercher sa bière et s’asseoir devant sa chambre pour nous zieuter plutôt que d’aller regarder la télé ! (ambiance craignos !)
Sabyplanete
(Lyon, Corse, Bretagne, Châteaux de la Loire, Jordanie, Kenya, Mexique et Pérou)